jeudi 2 juillet 2009

Antichrist - Lars Von Trier


Trois bonnes semaines après avoir vu ce film je me décide enfin à en tenter la chronique, et franchement si je n'avais pas ce blog à alimenter je crois que je passerais. Heureusement que je ne l'avais pas encore débuté lorsque je suis allé voir Martyrs, j'aurais été encore plus emmerdé. Car, oui, Antichrist, tout comme l'autre film, m'a profondément perturbé ( mais pas autant tout de même).
Et pourtant je suis plutôt blindé question images dérangeantes. J'adore les films d'horreur, j'adore David Lynch et David Cronenberg, mais leurs films sont finalement très divertissant comparés au cinéma du Danois.
Je l'aime bien tout de même, le père Lars, j'ai d'ailleurs beaucoup aimé les quelques films que j'ai vus de lui ainsi que sa série télévisée, L'Hôpital et ses Fantômes. J'aurais dû me méfier quand même, car dans Les Idiots, Breaking The Waves et surtout Dancer In The Dark certaines séquences m'avaient causé un certain malaise.
Lars Von Trier voulait donc s'essayer au film d'horreur, et comme il le dit lui-même, quand il se donne un objectif de ce genre il dévie toujours de son but pour arriver à ... autre chose.
Première constatation , même s'il en a gardé certains tics, il a définitivement tourné le dos à la méthode "dogme". D'ailleurs il n'y a guère que sur Les Idiots où il l'avait vraiment suivie. De fait les images sont très travaillées ( surtout les séquences de rêves), et le travail sur le son est impressionnant, ce qui contraste brutalement avec les "cartons" séparant les différents chapitres, grossièrement écrits à la craie colorée sur un tableau de salle de classe.
L'ampleur des moyens techniques s'oppose aussi à l'effectif des acteurs. On en compte en tout et pour tout deux ( trois si on compte le bébé), et bien sûr Willem Dafoe, et surtout Charlotte Gainsbourg sont formidables, cette dernière méritant amplement son prix d'interprêtation cannois.
L'histoire commence somme toute de façon tragiquement banale et semble tout d'abord s'orienter vers une étude du deuil, chaque personnage tentant de gérer la tragédie à sa façon: Charlotte en se réfugiant dans une sorte de transe hébétée, puis dans une frénésie sexuelle desespérée, Willem s'occupant l'esprit en tentant de soigner sa femme.
Mais une fois que l'action se déplace dans la forêt celà change du tout au tout. On est d'emblée plongé dans une atmopshère onirique, cauchemardesque, dans une nature hostile, mystérieuse, dont on ne sait si elle cherche à aider les personnages ou à les éliminer.
Les clins d'oeil envers les classiques du genre abondent: Shining ( l'isolation, la folie), Evil Dead (la cabane au fond des bois, la nature hostile), mais l'influence majeure semble être les contes de fée et surtout leur interprétation psychanalytique. Les scènes de rêve évoquent d'ailleurs beaucoup celles de la Compagnie Des Loups de Neil Jordan.
L'ambiance se fait de plus en plus glauque à mesure que le film progresse jusqu'à l'acte final où les traitements que fait subir l'un des personnages à l'autre fait soudain basculer le film dans le "torture porn", et c 'est là que je décroche, car les scènes de torture c 'est vraiment pas mon truc, surtout lorsqu'on mélange ainsi liens familiaux, sexualité et violence.
Lars Von Trier avait pourtant prévenu: ce film a été pour lui une sorte d'exorcisme (il doit bien y avoir des références à L'Exorciste là dedans aussi), et quand on sait à quel point il peut être dérangé, il ne faut pas s'étonner que ses cauchemars soient aussi perturbants.

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