samedi 21 septembre 2013

Riddick... WHY?



9 ans qu'on l'attendait ! 9 ans depuis le magnifique et pourtant mal aimé (à cause de son relatif echec commercial) Les Chroniques de Riddick qui avait donné au personnage incarné par Vin Diesel une nouvelle dimension, le bagnard en cavale se retrouvant à la tête d'un empire galactique, tel un Conan du futur, le nyctalope le plus célèbre de l'univers fait enfin son grand retour dans un troisième opus sobrement intitulé ( du moins chez nous ) Riddick.


Un retour que l'on doit en grande partie à Vin Diesel en personne. Très attaché à ce personnage il a passé ces dernières années, en compagnie du réalisateur David Twohy, à oeuvrer pour que Riddick revienne au cinéma, acceptant par exemple de tourner de nouveaux épisodes de la série Fast and Furious afin d'amadouer les financiers.


Pas question cependant de realiser un film aussi ambitieux que le précédent. Exit donc les Necromongers et leur errance destructrice à travers la galaxie, exit le voyage de Riddick dans L'Underverse pour tenter de ressusciter Kyra, Twohy est prié de revenir aux fondamentaux qui avaient fait le succès de Pitch Black, à savoir un lieu unique, une distribution resserrée et des bestioles hargneuses.


Pendant une petite demi heure le film fonctionne plutôt bien : nous découvrons Riddick laissé pour mort sur une planète hostile, le corps brisé, contraint pour survivre de retrouver l'animal qui est en lui (il s'était en effet beaucoup humanisé dans le 2è épisode). Un court flashback nous apprend qu'il a été doublé par Lord Vaako, l'un des chefs des Necromongers, et c 'est la dernière fois qu'on entendra parler de ce peuple.


Riddick retrouve bientôt ses instincts sauvages en même temps que ses forces à travers quelques saynètes pratiquement muettes évoquant autant Conan que Predator et se rend peu à peu maître de son environnement : il élit domicile dans des cavernes, découpe du scorpion géant tout en s'immunisant à sa façon contre leur venin et fait ami-ami avec les chien-tigres locaux. Le voilà donc devenu le roi de la jungle, enfin du désert.


C 'est ensuite que ça se gâte.


Ayant besoin d'un vaisseau pour tenter de trouver Furya, la planète de ses origines, Riddick actionne la balise d'un relai de mercenaires, signalant ainsi à tous les chasseurs de prime du coin où il se trouve, tandis que la saison des pluies approche, menaçant de faire remonter à la surface des nuées de sales bestioles, soit une intrigue semblable à celle du premier épisode, mais en substituant l'eau à l'obscurité on élude l'une des particularités principales du héros, à moins qu'on ne lui découvre des branchies. Première maladresse.


Le deuxième problème c'est qu'avec ce genre d'histoire vue et revue, il faut, pour la rendre intéressante, faire preuve d'un peu d'originalité dans le traitement, or ici rien ne sort des chemins balisés : les mercenaires ne sont qu'un ramassis de stéréotypes dont on attend la mise à mort, et les quelques tentatives d'approfondissement des caractères tombent à l'eau. Aucun de ces cadavres en devenir ne vaut que l'on s'intéresse à son sort.


Enfin, le plus gros défaut du film est son rythme, ou plutôt son manque de rythme.


Il n'y a pratiquement pas d'enjeux dramatiques, très peu de tension et, plus grave, même les scènes d'action sont mollassonnes ; les bestioles attendent opportunément entre chaque attaque sans autre raison apparente que de laisser les personnages se lancer dans des conversations inutiles, et les bravades de Riddick sont risibles alors qu'elles faisaient toujours mouche dans les opus précédents.


J'aime bien David Twohy, j'ai vu presque tous ses films, depuis le sublime Timescape, et les ai tous trouvés au minimum intéressants, mais sur ce coup-ci je dois dire qu'il m'a sacrément déçu, et c 'est d'autant plus grave qu'il a semblé beaucoup s'investir dans ce projet. Je veux bien croire que le film a souffert des restrictions budgetaires et des coupes imposées par les producteurs, aussi avant d'emettre un avis définitif attendrai-je la sortie du dvd qui, nous promet-on, contiendra une version longue du film, en espérant que le montage de certaines scènes soit revu afin de leur donner un peu plus de pêche, mais pour le moment c 'est plutôt mal barré.


Décidément ce n 'est pas la bonne année pour les troisièmes épisodes ( voir cette honte galactique d'Iron Man 3).


On nous promet aussi d'autres aventures de Riddick dans les prochaines années. Si c 'est pour avoir droit au même plat je renvoie tout en cuisine !

dimanche 1 septembre 2013

100 Kilomètres de Légende




Cléder, Bretagne, Côte des Légendes, dimanche 21 juillet, un peu avant 5 h du matin.

Des silhouettes affublées d'un œil lumineux au milieu du front s'agglutinent derrière la ligne de départ au pied de l'église occupée par une colonie de choucas. Dans le lointain des éclairs illuminent en silence l'horizon menaçant . La température est déjà douce, l'atmosphère électrique.

Je me positionne au milieu du peloton bigarré tandis que résonnent les dernières recommandations de l'organisation. Le signal du départ manque de me prendre par surprise. J'ai tout juste le temps d'enclencher mon chrono, emporté par le flot lumineux qui s'élance à l'assaut des 100 km du parcours sous les applaudissements des riverains matinaux.

Chacun trouve bientôt sa foulée et nous nous retrouvons vite en pleine campagne, la quiétude des petites heures du matin seulement troublée par le bruit de nos baskets et les faisceaux de nos lampes frontales. Les gens du coin sont des lève-tôts, et devant chaque porte, chaque chemin menant à une habitation nous trouvons un public enthousiaste quoi qu'encore un peu embrumé . Un tel accueil réchauffe le cœur et donne du courage ! On en aura besoin, nous en avons pour la journée !

Le jour point, la nuit dissipe peu à peu ses voiles, révélant une à une les mille merveilles du paysage, les champs, les bois, les courbes, les bosses et les creux au fond desquels languissent encore quelques langues de brume.

C 'est ainsi qu'apparaissent les ruines du château de Kergounadeac'h dans l'écrin de son parc boisé. Vision irréelle et bouleversante que ces tours et murailles se découpant sur le ciel blafard du petit matin, la fraîcheur de l'air contrastant avec l'accueil chaleureux des bénévoles des différents ravitaillements.

L'heure magique passe, le soleil s'installe, et après 2h30 de course il fait déjà chaud.

Passage au 25è kilomètre sur la place de Cléder, je m'engage à présent sur la boucle « mer » de ce 100km «  entre terre et mer ».

Après avoir goûté les fraises locales au ravito j'approche enfin le front le mer, sans oublier de saluer les riverains, visiblement fiers et heureux d'héberger un tel événement.

Km 30, passage au château de Kérouzère, magnifique bâtisse.

D'abord aperçue à l'horizon entre deux bosquets ou derrière une maison, la manche m' apparait peu à peu. Je l'entends rugir derrière les haies du chemin côtier, je hume l'air marin et enfin cours à ses côtés sur les deux kilomètres de plage qui nous emmènent à la distance du marathon.

4h20 pour 42 km, presque le temps de mon premier marathon il y a 3 ans ! Je mesure le chemin accompli depuis: décidément j'ai la pêche aujourd'hui ! Sauf qu'un kilomètre plus loin je suis obligé de marcher, écrasé par la chaleur, cette portion du parcours étant très exposée. Heureusement au ravito suivant on me donne des capsules de sel ! Véritable potion magique qui, si elle ne peut pas grand chose contre les douleurs musculaires, redonne du tonus et évite la déshydratation.

Empli d'une énergie nouvelle je me dirige d'un pas décidé vers la mi-course.

C'était compter sans les marches du manoir de Tronjoli ( très joli, au passage). Je tremble en pensant que dans 50 km il me faudra passer par là de nouveau.

En attendant, au km 50 je passe au vestiaire, change de t-shirt et me badigeonne de crème anti frottements.

Petit moment de détente et de discussion avec les bénévoles et c 'est reparti pour un tour ( en fait deux).

Cette 3è boucle sera la plus pénible de toute la course. Accablé de chaleur, les jambes douloureuses, je marche plus que je ne cours. Heureusement je trouve un compagnon d'infortune en la personne d'un sympathique V3 à la longue barbe. Panoramix ou ZZ Top ? Mystère... mais la dizaine de kilomètres passée en sa compagnie m'aura permis de recharger mes batteries et de véritablement découvrir le paysage dans lequel j'avais évolué plus tôt pendant la nuit.

A chaque ravito je n'oublie pas, bien entendu, mes capsules de sel !

Les habitants de la région ont été mis à contribution : tous les deux kilomètres on trouve une bassine et/ou des bouteilles pleines d'eau fraîche qui nous seront indispensables pour aller au bout de cette épreuve,  le tout servi avec le sourire et une amabilité confondante, même si on a parfois l'impression de passer pour des fous à leurs yeux, à raison sans doute .

Au 75è km nouveau passage par les vestiaires, et nouveau taillage de bout de gras avec les sympathiques bénévoles. A ce propos je me dois de souligner que sur cette course, qui restera sans doute à jamais dans mon cœur, je n'ai rencontré que des gens sympathiques, qu'ils soient coureurs, bénévoles ou riverains.

Dernière boucle. J'ai hâte de retrouver la relative fraîcheur du front de mer, mais la marée ayant monté depuis le matin on nous fait passer par les dunes. Une épreuve pénible à ce moment de la course, mais je puise dans les encouragements des campeurs l'énergie de franchir l'obstacle.

Dernière difficulté : le manoir de Tronjoli au km 98 et ses terribles marches d'escalier !

C 'est alors que mon corps me fait comprendre à sa manière qu'il en a plein les bottes : sous l'effet de la chaleur et des efforts consentis depuis le matin des capillaires explosent dans mon nez ! Je n'ai pas de mouchoir sur moi, aussi en suis-je quitte pour me pincer le nez jusqu'à l'arrivée.

Un kilomètre plus loin cependant l'hémorragie a cessé et je peux terminer au pas de course. J'apparais encore relativement frais aux yeux des spectateurs avec qui j'échange quelques mots ( oui je ne cours plus très vite à ce moment là ) et c 'est vrai que, globalement, je me sens moins épuisé que lors de mes deux Steenwerck, et pourtant les conditions sont aujourd'hui dantesques ! Vive les pastilles de sel !

La ligne franchie je suis interviewé comme si j'étais une star, ça fait du bien à l'égo !

Je dois m'y reprendre à deux fois pour enregistrer mon chrono final affiché sur l'écran : 13h16 !! trois quarts d'heure de mieux que mon record de mai dernier ! Pas de doute ces terres sont bel et bien magiques...ou alors ils mettent quelque chose dans l'eau !

Cette édition des 100 km de Cléder aura donc été légendaire de bout en bout !

Comme dit l'autre : « I'll Be Back ! »