mardi 7 juillet 2009

Finale de Malade!


Dimanche 5 juillet, comme tous les ans à la même époque LeJay et votre serviteur se retrouvent chez ma soeur pour regarder la finale des internationaux de tennis de Wimbledon.
Les deux dernières éditions ( et surtout la dernière!) ayant été très crispantes pour nos nerfs de federiens purs et durs nous nous félicitons cette année que notre chouchou n'affronte aujourd'hui "que" Andy Roddick, le Suisse ayant facilement dominé l'Américain à chaque fois qu'ils se retrouvaient en finale.
Nous ne tardons pas à nous rendre compte de notre erreur: le premier set file dans l'escarcelle de Roddick.
Mais après tout Rodgeur a déjà concédé un set dans le tournoi contre Kohlschreiber, c 'est une finale, c 'est normal que ça soit un peu dur pour notre idole.
Deuxième set: tie break. Rodgeur n 'est toujours pas parvenu à breaker le tombeur de Murray. Pire! il est bientôt mené 6-2! trois balles de 2 sets à zéro contre lui! Mais soudain la machine à aces de Roddick s'enraye et c 'est Federer qui s'impose.
Un set partout, le match est relancé.
Le troisième set va lui aussi au tie break. Aucun des joueurs ne laisse échapper son service. Le jeu décisif est cette fois à sens unique, Federer prenant rapidement le large.
On se dit alors que l'affaire est pliée, que Roddick ne reviendra pas, qu'il est toujours en plein "complexe Federer" et qu'il va vite baisser les bras. Mais l'ex-numéro un mondial s 'est depuis quelque temps acheté un mental d'acier et il fait rapidement le break pour s'imposer 6-3 dans le 4è set.
Federer n'a toujours pas breaké Roddick alors que celui-ci lui a déjà par deux fois ravi son service; et dans le 5è set il n'y a pas de tie break!
Nous commençons à être de plus en plus nerveux, nous rattachant à des superstitions plus ridicules les unes que les autres :
-"Non! retourne dans la cuisine! depuis que tu es revenu Rodgeur joue comme un pied!"
-"Attends! je me re-sers un verre! quand on picole Federer joue mieux!" (le match nous a emmené jusqu'à l'heure de l'apéro!)
Vous voyez le niveau...
A 6-6, les deux joueurs s'accrochent à leurs services. On est bientôt à 9-8 (la finale de l'année dernière s'était achevée à 9-7 et paraissait déjà longue!), puis à 10-11! Toujours aucun break. Rodgeur n'a jamais servi autant d'aces, il en est à plus de 40! mais l'histoire a démontré que le nombre d'aces ne garantissait pas la victoire ( remember Goran Ivanisevic contre Agassi), à 15-14, sur son service l'Américain se met en danger et offre deux balles de match à Rodgeur. La première sera la bonne.
Roddick bâche un coup droit et Federer saute de joie sous les yeux d'Ilie Nastase, Rod Laver, Björn Borg et Pete Sampras!
Après plus de 4h de match, après un dernier set qui a duré à lui tout seul plus d'une heure et demi, après avoir servi plus de 50 aces, Rodgeur recupère son titre, sa place de numéro un mondial et devient par la même occasion le joueur le plus titré de l'ère open. Après avoir réussi l'exploit un mois auparavant à Roland Garros de remporter le dernier des titres du Grand Chelem qui lui manquait encore, Federer prend désormais place au sommet du panthéon du tennis. Il est incontestablement le plus grand joueur de tous les temps.
Bien sûr certains esprits chagrins, comme il y a un mois, diront que Nadal n'était pas là , mais après tout, il n'avait qu'à y être! Si on va par là autant ne pas faire jouer les tournois lorsque les favoris ne sont pas disponibles!
Non, un champion, un vrai champion, un grand champion se caractérise aussi et surtout par sa capacité à être en forme au bon moment, à être toujours présent au rendez-vous, ce que Federer accompli avec une régularité incroyable, puisque outre ses titres remportés, il s 'est hissé au moins en demi finale des vingt et unes dernières levées du Grand Chelem, un autre record qui démontre à quel point ce joueur est exceptionnel, un vrai bonheur pour tous les amoureux de chiffres et de statistiques!
En l'espace d'un mois nous aurons donc été témoins de deux moments historiques dans le monde du tennis, et du sport en général, et ce n 'est sans doute pas fini; Nadal fera bientôt sa rentrée et pourrait pour une fois briller à L'U.S Open. Je bave déjà, et je frémis aussi, à la perspective des retrouvailles des deux plus grands champions de notre temps!

lundi 6 juillet 2009

Coraline - Henry Selick


Pauvre Henry Selick!
Voilà un artiste qui n'aura sans doute jamais la reconnaissance qui lui est due. Son plus grand tort aura sans doute été d'avoir été un peu trop proche de Tim Burton. Ils furent collègues chez Disney et surtout collaborèrent sur Nightmare Before Christmas (L'Etrange Noël de Mr Jack chez nous) que le grand public attribue à tort depuis toujours au plus échevelé des réalisateurs, alors qu'il suffit de voir ce que fait Burton tout seul en matière d'animation ( Les Noces Funèbres c 'est bien lui pour le coup) pour se rendre compte que dans ce domaine Selick est unique. Le succès de Mr Jack sera sa malédiction, puisque le public le boudera dès qu'il s'éloignera du ton gothique de celui-ci. Son long métrage suivant, James et la Pêche Géante (d'après un livre de Roald Dahl) sera un echec commercial.
Ici encore point de Tim Burton à L'horizon. Coraline est basé sur un livre écrit par Neil Gaiman, scénariste de comics reconverti dans le roman fantastique à tendance enfantine (il est aussi l'auteur du livre à l'origine du merveilleux Stardust ), mais si le design des personnages renvoit évidemment à Mr Jack, le ton de l'histoire est tout autre. Là où Mr Jack était faussement sombre, ses personnages ne risquant en fin de compte pas grand chose, la petite Coraline elle, une fois l'émerveillement devant la découverte du monde de l'autre côté du miroir passé, risque bel et bien emprisonnement, mutilation et même le salut de son âme des mains de la maîtresse des lieux. Cette noirceur, bizarrement, rebute plus les adultes que les enfants, les parents étant de plus en plus soucieux d'épargner le moindre traumatisme à leur progéniture, sans se rendre compte que tous les vrais contes de fées sont à la base des récits cruels et violents. Ceux qui s'en rendent compte essaient d'ailleurs de les faire réécrire.
Selick a donc bien réalisé un véritable conte de fées, peuplé de personnages bizarres, situé dans un monde à la fois merveilleux et inquiétant, où le personnage principal doit faire preuve de courage et de determination et surtout réfléchir sur sa vie, bref un vrai récit initiatique. La technique est absolument parfaite, au point qu'on oublie très vite que l'on regarde un film d'animation, et la V.O rassemble une tripotée de stars de la télévision et du cinéma: Dakota Fanning, Teri Hatcher de Desperate Housewives, le duo comique britanique French & Saunders et même Ian Mc Shane, l'inquiétant tenancier du saloon de Deadwood prêtent ainsi leurs voix aux différents personnages du film.
Malgré tout celà, donc, Coraline fait un flop, aussi bien aux States qu'en France, le public préférant se déplacer pour des trucs comme Tranformers 2.
Il y a des jours où on desespère de l'être humain...

jeudi 2 juillet 2009

Antichrist - Lars Von Trier


Trois bonnes semaines après avoir vu ce film je me décide enfin à en tenter la chronique, et franchement si je n'avais pas ce blog à alimenter je crois que je passerais. Heureusement que je ne l'avais pas encore débuté lorsque je suis allé voir Martyrs, j'aurais été encore plus emmerdé. Car, oui, Antichrist, tout comme l'autre film, m'a profondément perturbé ( mais pas autant tout de même).
Et pourtant je suis plutôt blindé question images dérangeantes. J'adore les films d'horreur, j'adore David Lynch et David Cronenberg, mais leurs films sont finalement très divertissant comparés au cinéma du Danois.
Je l'aime bien tout de même, le père Lars, j'ai d'ailleurs beaucoup aimé les quelques films que j'ai vus de lui ainsi que sa série télévisée, L'Hôpital et ses Fantômes. J'aurais dû me méfier quand même, car dans Les Idiots, Breaking The Waves et surtout Dancer In The Dark certaines séquences m'avaient causé un certain malaise.
Lars Von Trier voulait donc s'essayer au film d'horreur, et comme il le dit lui-même, quand il se donne un objectif de ce genre il dévie toujours de son but pour arriver à ... autre chose.
Première constatation , même s'il en a gardé certains tics, il a définitivement tourné le dos à la méthode "dogme". D'ailleurs il n'y a guère que sur Les Idiots où il l'avait vraiment suivie. De fait les images sont très travaillées ( surtout les séquences de rêves), et le travail sur le son est impressionnant, ce qui contraste brutalement avec les "cartons" séparant les différents chapitres, grossièrement écrits à la craie colorée sur un tableau de salle de classe.
L'ampleur des moyens techniques s'oppose aussi à l'effectif des acteurs. On en compte en tout et pour tout deux ( trois si on compte le bébé), et bien sûr Willem Dafoe, et surtout Charlotte Gainsbourg sont formidables, cette dernière méritant amplement son prix d'interprêtation cannois.
L'histoire commence somme toute de façon tragiquement banale et semble tout d'abord s'orienter vers une étude du deuil, chaque personnage tentant de gérer la tragédie à sa façon: Charlotte en se réfugiant dans une sorte de transe hébétée, puis dans une frénésie sexuelle desespérée, Willem s'occupant l'esprit en tentant de soigner sa femme.
Mais une fois que l'action se déplace dans la forêt celà change du tout au tout. On est d'emblée plongé dans une atmopshère onirique, cauchemardesque, dans une nature hostile, mystérieuse, dont on ne sait si elle cherche à aider les personnages ou à les éliminer.
Les clins d'oeil envers les classiques du genre abondent: Shining ( l'isolation, la folie), Evil Dead (la cabane au fond des bois, la nature hostile), mais l'influence majeure semble être les contes de fée et surtout leur interprétation psychanalytique. Les scènes de rêve évoquent d'ailleurs beaucoup celles de la Compagnie Des Loups de Neil Jordan.
L'ambiance se fait de plus en plus glauque à mesure que le film progresse jusqu'à l'acte final où les traitements que fait subir l'un des personnages à l'autre fait soudain basculer le film dans le "torture porn", et c 'est là que je décroche, car les scènes de torture c 'est vraiment pas mon truc, surtout lorsqu'on mélange ainsi liens familiaux, sexualité et violence.
Lars Von Trier avait pourtant prévenu: ce film a été pour lui une sorte d'exorcisme (il doit bien y avoir des références à L'Exorciste là dedans aussi), et quand on sait à quel point il peut être dérangé, il ne faut pas s'étonner que ses cauchemars soient aussi perturbants.