mercredi 31 décembre 2008

MARVEL ZOMBIES- ROBERT KIRKMAN & SEAN PHILLIPS

Voilà une bd qui s’adresse à tous ceux qui trouvent les super-héros trop lisses, trop gentils, trop mignons.
Vous qui en avez marre que Spider-Man se fasse sans arrêt du mouron pour sa pauvre vieille tante au cœur malade, vous qui ne comprenez pas que Hulk ne tue personne alors qu’il ravage une ville entière, vous qui rêvez de voir à quoi peut réellement servir le bouclier de Captain America, réjouissez-vous : les héros Marvel ne sont plus ce qu’ils étaient.
En effet, ils sont ici transformés en zombies et boulottent tous ceux qui croisent leur chemin!








Tout a commencé dans les pages de Ultimate Fantastic Four.
La ligne Ultimate est une sorte de réactualisation de l’univers Marvel. Il est occupé par des héros semblables à ceux que nous connaissons ( Spidey, Les FF, les X-Men…), mais sont plus ancrés dans le 21è siècle ( alors que les héros classiques ont débuté pour la plupart au début des années 60), ceci, bien entendu , dans le but de séduire un public plus jeune qui n’a pas envie de s’embarrasser de plus de 45 ans de continuité.
Hors, donc, au cours d’une des aventures du plus célèbre quatuor de la galaxie, ceux-ci se retrouvent, à la manière des héros de la série Sliders, dans une dimension parallèle où un virus extra-terrestre a contaminé les héros, qui se sont ainsi transformés en monstres affamés de chair humaine. Ce sont une fois de plus les mêmes personnages, sauf que cette fois ce sont des zombies anthropophages.
L’histoire aurait pu en rester là, mais le responsable éditorial Ralph Macchio (dont les fans de feu Special Strange se souviennent), voyant le potentiel d’un tel concept, demande à Robert Kirkman, déjà auteur de The Walking Dead pour Image comics, d’écrire une mini série sur les héros zombies. Celui-ci accepte à condition d’avoir carte blanche. Il veut pouvoir mettre en scène des actes ignobles accomplis par les plus grands héros Marvel. Macchio accepte , et le résultat est une première mini série de cinq épisodes parus en 2006.
Cette première histoire relate les dernières heures des derniers resistants « humain » ( Magneto et ses acolytes et la Pantère Noire) jusqu’à l’arrivée du plus grand des affamés : Galactus, le dévoreur de mondes!
Les scénarios bourrés d’humour noir de Kirkman sont illustrés avec la noirceur qui convient par Sean Philips, à qui on pourrait reprocher d’un peu trop cacher ses personnages dans l’ombre, mais dans l'ensemble son style convient bien à l’ambiance glauque du récit. Cependant on salive en pensant à ce qu’aurait pu faire un type de la trempe d’un Bernie Wrightson avec un tel script !
La cerise sur le gâteau, ce sont les couvertures originales illustrant chaque épisode américain. Réalisées par Arthur Suydam, ce sont toutes des relectures de couvertures classiques, mais avec les personnages zombifiés. Le succès a d’ailleurs été tel que la série fut rééditées, avec de nouvelles couvertures. Ces véritables tableaux figurent tous dans le volume édité par Panini Comics.
Après un one-shot paru en juillet 2007,une nouvelle mini-série voit le jour entre décembre 2007 et avril 2008. Toujours signée des même auteurs elle relate le retour sur terre des zombies 40 ans après les événements de la première série. Ayant dévoré tout l’univers ils reviennent sur terre pour voir s’il n’y resterait rien à se mettre sous la dent.
A noter que pour faire patienter les fans un crossover entre Marvel Zombies et Evil Dead a été réalisé par John Layman (scénariste) assisté de Sean Philips, Fernando Blanco et Fabiano Neves, où Ash, le célèbre anti-héros de la trilogie horrifique de Sam Raimi, rencontre, au détour de ses aventures extra-dimensionnelles, les fameux mort-vivants.
Les couvertures sont bien-entendu toujours signées Arthur Suydham.
En attendant la suite des aventures gustatives des super-zombies, les trois volumes sont disponibles chez Panini comics.
Une jolie idée cadeau pour Noël !

samedi 27 décembre 2008

LE BON, LA BRUTE ET LE CINGLE- Kim Jee-Woon

Quelque part dans les années 30, en plein désert de Mandchourie, trois personnages ( un chasseur de primes, un tueur à gages et un bandit) se pourchassent et s’affrontent les uns-les autres pour la possession d’une carte au trésor tout en tentant d’échapper à l’armée d’occupation japonaise et à une horde de bandits Mandchous.


Le titre évoque immanquablement l’un des plus célèbres film de Sergio Leone, et indique sans erreur possible que nous sommes en présence d’une sorte de Western asiatique. Il était inévitable que l’Asie se frotte à son tour à ce genre (C’est même déjà fait en Thaïlande), certains Westerns classiques ayant recyclé des récits de Samourais, et le Western Spaghetti, dont le modèle pour ce métrage est l’un des meilleurs représentants, ayant emprunté nombre de codes narratifs typique du cinéma de ce continent pour se forger une grammaire propre.
C’est ici la Mandchourie qui prend la place des grands espaces de l’Ouest sauvage, un choix des plus judicieux puisque, outre la ressemblance physique des paysages, cette région a longtemps été une pomme de discorde entre les trois puissances locales. Le statut des Coréens, écrasés à la fois par les japonais et les puissances occidentales qui dominaient alors la Chine, rappelant de plus le sort des Mexicains frontaliers, luttant chacun à leur manière pour survivre.
Mais assez parlé du contexte historique, Le Bon, La Brute Et Le Cinglé est avant tout un divertissement, ainsi qu’une belle occasion pour le réalisateur d’étaler tout son savoir-faire technique. L’attaque du train qui ouvre le film donne le ton: mouvements de caméras virevoltants, couleurs chaudes, fusillades interminables, personnages charismatiques ou improbables ( ah ce guerrier Mandchou qui se promène toujours avec son marteau de guerre!), tout est pensé pour flatter l’œil et frapper les imaginations. De fait, la quête et les poursuites des personnages se suit sans aucun ennui. On retrouve avec bonheur Lee Byung-Hun, le héros de A Bittersweet Life, le précédent métrage du réalisateur sorti chez nous en 2006, en tueur froid, sophistiqué et impitoyable, et surtout Song Kang-Ho, véritable star au Pays du Matin Calme (On l’a vu dans Memories Of Murder et The Host notamment), et qui s’adjuge la part du lion, cabotinant, pour notre plus grand bonheur, comme si sa vie en dépendait. Le troisième personnage est malheureusement beaucoup plus en retrait et manque singulièrement de charisme pour prétendre exister face aux deux monstres sacrés pré-cités. La caractérisation, notamment de ce personnage, est le seul véritable point faible de ce film.
Si Le Bon, La Brute Et Le Cinglé est un Western , il n’en oublie pas son identité asiatique pour autant, que ce soit dans le choix des armes des protagonistes ( il y a le Mandchou au marteau, bien sûr, mais nombre d’hommes de main brandissent aussi des sabres) ou dans les situations ( la scène de la bagarre dans l’auberge, passage obligé de tout film de sabre).
Comme pour échapper à la comparaison inévitable avec le chef d’œuvre de Sergio Leone, Kim Jee-Woon désarçonne son audience en empruntant quelques éléments à l'univers de Mad Max : le marché aux marchandises volées ressemble étrangement à BarterTown ( la ville sur laquelle règne Tina Turner dans Mad Max 3) et la poursuite finale où tous les protagonistes sont enfin réunis (les trois personnages principaux, l’armée japonaise, les bandits Mandchous) et se poursuivent à bord de tous les véhicules imaginables ( Chevaux, motos, voitures, camions…) évoque les poursuites qui concluent les deux derniers films de la saga de George Miller.
Voilà donc un joyeux fourre-tout, un véritable film pop-corn et référentiel ( on retrouve dans la b.o la même version de Misunderstood qui figurait dans Kill Bill) qui, à l’image du récent Doomsday de Neil Marshall, n’a d’autre ambition que de faire passer un moment agréable au spectateur.
A consommer sans modération!

dimanche 14 décembre 2008

LE SHAOLIN COWBOY (GEOFF DARROW)




"Quelque part au milieu de nulle part, un jour avant hier et une semaine avant demain", perché sur sa verbeuse mule nommée Lord Evelyn Dunkirk Winnieford Esq. III, le laconique Shaolin Cowboy arpente le desert.
Dernière création en date de Geoff Darrow, le Shaolin Cowboy est un mystérieux moine bouddhiste qui excelle dans le domaine des arts martiaux, aussi bien à mains nues qu'avec armes, ce qui lui est bien utile pour se débarrasser des chasseurs de primes plus iconoclastes les uns que les autres qu'il croise régulièrement dans un desert décidément très peuplé.
Comme à son habitude, Darrow, "l'homme qui ne peut pas laisser un centimètre carré de sa page non dessiné", prend le temps d'étaler ses tableaux sur plusieurs planches qu'il parsème de mille et un détails absurdes et ne triche jamais avec les ombres. Les scènes de carnage sont détaillées à l'extrème, et interdisent d'ailleurs la lecture des aventures de son héros aux jeunes lecteurs et aux âmes sensibles.
L'essentiel de la narration est assuré par la mule incroyablement bavarde du Shaolin Cowboy, qui disserte à longueur de temps sur sa perruche perdue ou les acteurs légendaires d'Hollywood. Du Cowboy on ne sait rien . Tout juste apprend-on à la fin de chaque album qu'il a été viré de tout ce qu'on peut imaginer: de son monastère, d'un groupe de rock, de la garde vaticane, d'une meute de chiens...
L'errance sans fin et sans but du héros n 'est pas sans rappeler les histoires les plus absurdes de Moebius, qui est d'ailleurs un ami de Darrow, l'ultra-violence évoque bien sûr Hard Boiled, et les monstres rencontrés au fil de ses aventures rappellent Big Guy and Rusty The Boy Robot les deux sagas écrites par Frank Miller, et les frères Wachowsky, pour qui il a réalisé le design de la trilogie Matrix, ont même rédigé quelques dialogues.
Shaolin Cowboy est donc une sorte d'oeuvre-somme de son auteur, un véritable défouloir non-sensique, une performance graphique et avant tout un plaisir coupable à consommer sans modération.

mercredi 10 décembre 2008

GUNS N'ROSES:CHINESE DEMOCRACY



Enfin!
Quinze ans après leur dernier album (The Spaghetti Incident) et près de vingt ans après leur dernières compositions originales, une nouvelle galette estampillée Guns N Roses trouve le chemin des bacs.
Passons rapidement sur les frasques du sieur William Bailey, qui a occupé ce laps de temps en virant tout le monde ( sauf Dizzy Reed, qui lui semble dévoué corps et âme), et à racheter à ses anciens amis leurs parts de « l’entreprise « Guns N’ Roses ». Et occasionnellement à se faire arrêter pour pétage de plombs en public, et de temps en temps en donnant des concerts avec de nouveaux musiciens.
Axl s’est entouré au fil des années de musiciens très compétents, qui ne sont pas tous restés étant donné le temps que l’album a mis à sortir. Sont ainsi passés dans le groupe d’Axl : Josh Freese ( actuel batteur de Nine Inch Nails ) Buckethead ( le guitariste sponsorisé par KFC), Brain ( batteur inconnu) et parmi ceux qui sont restés jusqu’à la sortie de l’album on peu citer Ron ‘Bumblefoot’ Thal, guitar hero de l’écurie Mike Varney, Paul Tobias (guitares), Robin Finck (ex- guitariste de Nine-Inch Nails, programmeur à l’occasion), Tommy Stilson à la basse, Cris Pitman à la basse, sub-bass ( !) et à la programmation, Frank Ferrer à la batterie et Richard Fortus (guitares).
Si vous avez bien compté, il y aurait donc à présent pas moins de deux bassistes ( !) et de quatre ( !!) guitaristes au sein des Guns N’ Roses, certains musiciens étant polyvanlents et pouvant à l’occasion jouer des claviers et s’occuper de la programmation des synthés.
Il est évident qu’avec un effectif aussi pléthorique il n’est plus question de garder l’esprit originel du groupe.
De fait, Chinese Democracy ( une allusion au mode de fonctionnement de la bande à Axl?) est donc davantage un album solo d’Axl Rose qu’un nouvel album des Guns N’ Roses.
Et là, je vous sens frémir.
Mais pour être une véritable tête de lard, le père Axl n’en est pas moins un très bon musicien et un excellent compositeur, après tout, pratiquement chaque chanson des Guns a été en partie composée par lui.
Ainsi retrouve-t-on épisodiquement au fil de l’album des morceaux évoquant la grande époque, sans jamais , hélas, parvenir à la hauteur de leurs illustres aînés.
Le morceau éponyme, et premier single, est un exemple typique : intro de gens qui causent, sirène hurlant dans le fond, et un gros riff bien tranchant pour sonner le départ. Le son est très saturé, Les solos de Finck et Buckethead sont très bien amenés et parfaitement exécutés, quoi qu’on sente tout de suite que Slash n’est plus là ( il aurait tenu chaque note un peu plus longtemps), la voix nasillarde et éraillée d’Axl balançant des textes empreints de paranoïa et d’envie d’en découdre. C’est du tout bon. Ce qui marque au premier abord c’est la présence, que l’on pourrait qualifier envahissante, de la production. Le son est très touffu, ça manque un peu d’air.
C’est un reproche que l’on pourrait adresser à pratiquement tout l’album, puisque entre les nappes de synthés, les bidouillages électroniques divers, les couches de guitares superposées et l’orchestre on a un peu de mal à respirer.
D’un autre côté, il fallait bien justifier la longue gestation du bestiau.
Better, le deuxième extrait, tente lui aussi de renouer avec la tradition, malgré une introduction évoquant une comptine enfantine. Toute la progression vers le refrain rappelle les envolées guitaristiques de Estranged voire quelques morceaux de Dream Theater. Le refrain lui-même sonne très Guns de la grande époque, et les paroles , une fois de plus, regorgent de parano.
I.R.S, qui ne parle pas des impôts, contrairement à ce que son titre laisserait penser, sonne elle aussi très Guns classique, mais avec une pointe de modernisme. On se dit que si le groupe était encore ensemble ils pourraient sans doute écrire des trucs comme ça.
Mais au-delà de la nostalgie, cet album est l’occasion pour Axl d’enfin exploiter toute la palette de son talent et d’utiliser toutes les idées qui ne seraient jamais passées avec ses anciens amis.
Ainsi, le deuxième morceau de l’album, Shackler’s Revenge met tout de suite les pendules à l’heure : une intro toute en distorsion d’harmoniques, genre Fear Factory, chant plus grave, boucles samplées, boite à rythme on dirait presque de l’industriel. Même les solos jouent dans le bizarroïde. Mais ce n’est pas désagréable.
Sorry est une power ballade dont le refrain n’est pas sans rappeler du Metallica.
Axl adore le piano, ça on le savait, mais il adore aussi les orchestres. Il n’a jamais caché son envie d’amener Guns n Roses à un autre niveau que celui de simple( !) groupe de rock, et sur cet album il s’est bien amusé. Sur Street Of Dreams, où il se la joue crooner, There Was A Time qui rappelled méchamment November Rain et Estranged, et surtout Madagascar, sans doute la chanson la plus ambitieuse de l’album, où la mégalo d’Axl se lâche à plein régime : c’est presque du progressif, changement d’ambiance toutes les deux minutes, extraits samplés du célèbre discours de Martin Luther King entrecoupés d’autres trucs , dont l’intro de Civil War( !). Il fallait oser.
Mais Axl a aussi un côté romantique, et les deux chansons d’amour que sont This I Love et If The World sont de véritables bijoux. Ce sont d’ailleurs mes chansons préférées de tout l’album. This I Love est une jolie balade au piano qui gagne en puissance graduellement à mesure que les instruments se greffent sur la mélodie, orchestre, guitares, batterie, piano tout se fond en un final grandiose. Mais ma préférée des préférées est If The World, qui est plutôt soul que rock : une basse très funk et très présente, une guitare arabo-andalouse (encore Buckethead), un piano à la Aladdin Sane de Bowie, des nappes de violons, une guitare rythmique très grave, un solo très enlevé, un véritable chef d’œuvre.
Le reste est plus dispensable, même si non dénué d’interêt.
Catcher In The Rye s’essoufle vite ( on croit par deux fois que la chanson est finie, et pour tout dire on l’espère !), Scraped est une chanson très rapide, aux vocaux rageurs, bourrés d’effets, à la guitare accordée très bas, Prostitute est plus banale, et Riad And The Bedouins témoigne de l’ignorance d’Axl en matière de politique extérieure, mais au niveau musical se défend.
Chinese Democracy sera sans doute descendu par nombre de déçus, ce qui est inévitable, car il ne sera jamais à la hauteur des attentes. Il a mis trop longtemps à sortir, il a coûté trop d’argent, et le nom des Guns N Roses est pratiquement devenu une légende. Cependant, il mérite largement le détour.

mardi 2 décembre 2008

MESRINE: L'ENNEMI PUBLIC N°1

Deuxième partie du "biopic" consacré à Jacques Mesrine, consacré cette fois à la période qui a suivi le retour de Mesrine en France, celle où il est devenu "Lennemi Public Numéro un"


Après une première partie halentante qui ne laissait pas le spectateur respirer pour l'emmener de l'Algérie au Canada en passant par la France, la deuxième partie est plus posée, certains diront plus monotone. Le rythme est plus lent, mais la période est aussi plus ressérée. Chaque scène est développée plus longuement, ce qui n 'est pas un mal, on a plus de temps pour s'attacher aux personnages. Mesrine s'impose déjà en légende vivante, capable de s'évader de n'importe où, de braquer n'importe quelle banque, et jouant avec habileté des médias.
Mais c 'est aussi un homme excessif, qui finit par se voir plus qu'un simple voleur, ce que ne manqueront pas de lui reprocher ses amis (Dont Mathieu Amalric, décidément omniprésent ces temps ci).
C 'est ici le Mesrine que tout le monde connaît, se revendiquant révolutionnaire (aux côtés d'un Gerard Lanvin méconnaissable), réglant ses comptes avec la presse de la manière la plus brutale qui soit, et qui finit abattu par la police en plein Paris.
Un film totalement complémentaire du premier. Une vraie grande saga criminelle.