mercredi 31 décembre 2008

MARVEL ZOMBIES- ROBERT KIRKMAN & SEAN PHILLIPS

Voilà une bd qui s’adresse à tous ceux qui trouvent les super-héros trop lisses, trop gentils, trop mignons.
Vous qui en avez marre que Spider-Man se fasse sans arrêt du mouron pour sa pauvre vieille tante au cœur malade, vous qui ne comprenez pas que Hulk ne tue personne alors qu’il ravage une ville entière, vous qui rêvez de voir à quoi peut réellement servir le bouclier de Captain America, réjouissez-vous : les héros Marvel ne sont plus ce qu’ils étaient.
En effet, ils sont ici transformés en zombies et boulottent tous ceux qui croisent leur chemin!








Tout a commencé dans les pages de Ultimate Fantastic Four.
La ligne Ultimate est une sorte de réactualisation de l’univers Marvel. Il est occupé par des héros semblables à ceux que nous connaissons ( Spidey, Les FF, les X-Men…), mais sont plus ancrés dans le 21è siècle ( alors que les héros classiques ont débuté pour la plupart au début des années 60), ceci, bien entendu , dans le but de séduire un public plus jeune qui n’a pas envie de s’embarrasser de plus de 45 ans de continuité.
Hors, donc, au cours d’une des aventures du plus célèbre quatuor de la galaxie, ceux-ci se retrouvent, à la manière des héros de la série Sliders, dans une dimension parallèle où un virus extra-terrestre a contaminé les héros, qui se sont ainsi transformés en monstres affamés de chair humaine. Ce sont une fois de plus les mêmes personnages, sauf que cette fois ce sont des zombies anthropophages.
L’histoire aurait pu en rester là, mais le responsable éditorial Ralph Macchio (dont les fans de feu Special Strange se souviennent), voyant le potentiel d’un tel concept, demande à Robert Kirkman, déjà auteur de The Walking Dead pour Image comics, d’écrire une mini série sur les héros zombies. Celui-ci accepte à condition d’avoir carte blanche. Il veut pouvoir mettre en scène des actes ignobles accomplis par les plus grands héros Marvel. Macchio accepte , et le résultat est une première mini série de cinq épisodes parus en 2006.
Cette première histoire relate les dernières heures des derniers resistants « humain » ( Magneto et ses acolytes et la Pantère Noire) jusqu’à l’arrivée du plus grand des affamés : Galactus, le dévoreur de mondes!
Les scénarios bourrés d’humour noir de Kirkman sont illustrés avec la noirceur qui convient par Sean Philips, à qui on pourrait reprocher d’un peu trop cacher ses personnages dans l’ombre, mais dans l'ensemble son style convient bien à l’ambiance glauque du récit. Cependant on salive en pensant à ce qu’aurait pu faire un type de la trempe d’un Bernie Wrightson avec un tel script !
La cerise sur le gâteau, ce sont les couvertures originales illustrant chaque épisode américain. Réalisées par Arthur Suydam, ce sont toutes des relectures de couvertures classiques, mais avec les personnages zombifiés. Le succès a d’ailleurs été tel que la série fut rééditées, avec de nouvelles couvertures. Ces véritables tableaux figurent tous dans le volume édité par Panini Comics.
Après un one-shot paru en juillet 2007,une nouvelle mini-série voit le jour entre décembre 2007 et avril 2008. Toujours signée des même auteurs elle relate le retour sur terre des zombies 40 ans après les événements de la première série. Ayant dévoré tout l’univers ils reviennent sur terre pour voir s’il n’y resterait rien à se mettre sous la dent.
A noter que pour faire patienter les fans un crossover entre Marvel Zombies et Evil Dead a été réalisé par John Layman (scénariste) assisté de Sean Philips, Fernando Blanco et Fabiano Neves, où Ash, le célèbre anti-héros de la trilogie horrifique de Sam Raimi, rencontre, au détour de ses aventures extra-dimensionnelles, les fameux mort-vivants.
Les couvertures sont bien-entendu toujours signées Arthur Suydham.
En attendant la suite des aventures gustatives des super-zombies, les trois volumes sont disponibles chez Panini comics.
Une jolie idée cadeau pour Noël !

samedi 27 décembre 2008

LE BON, LA BRUTE ET LE CINGLE- Kim Jee-Woon

Quelque part dans les années 30, en plein désert de Mandchourie, trois personnages ( un chasseur de primes, un tueur à gages et un bandit) se pourchassent et s’affrontent les uns-les autres pour la possession d’une carte au trésor tout en tentant d’échapper à l’armée d’occupation japonaise et à une horde de bandits Mandchous.


Le titre évoque immanquablement l’un des plus célèbres film de Sergio Leone, et indique sans erreur possible que nous sommes en présence d’une sorte de Western asiatique. Il était inévitable que l’Asie se frotte à son tour à ce genre (C’est même déjà fait en Thaïlande), certains Westerns classiques ayant recyclé des récits de Samourais, et le Western Spaghetti, dont le modèle pour ce métrage est l’un des meilleurs représentants, ayant emprunté nombre de codes narratifs typique du cinéma de ce continent pour se forger une grammaire propre.
C’est ici la Mandchourie qui prend la place des grands espaces de l’Ouest sauvage, un choix des plus judicieux puisque, outre la ressemblance physique des paysages, cette région a longtemps été une pomme de discorde entre les trois puissances locales. Le statut des Coréens, écrasés à la fois par les japonais et les puissances occidentales qui dominaient alors la Chine, rappelant de plus le sort des Mexicains frontaliers, luttant chacun à leur manière pour survivre.
Mais assez parlé du contexte historique, Le Bon, La Brute Et Le Cinglé est avant tout un divertissement, ainsi qu’une belle occasion pour le réalisateur d’étaler tout son savoir-faire technique. L’attaque du train qui ouvre le film donne le ton: mouvements de caméras virevoltants, couleurs chaudes, fusillades interminables, personnages charismatiques ou improbables ( ah ce guerrier Mandchou qui se promène toujours avec son marteau de guerre!), tout est pensé pour flatter l’œil et frapper les imaginations. De fait, la quête et les poursuites des personnages se suit sans aucun ennui. On retrouve avec bonheur Lee Byung-Hun, le héros de A Bittersweet Life, le précédent métrage du réalisateur sorti chez nous en 2006, en tueur froid, sophistiqué et impitoyable, et surtout Song Kang-Ho, véritable star au Pays du Matin Calme (On l’a vu dans Memories Of Murder et The Host notamment), et qui s’adjuge la part du lion, cabotinant, pour notre plus grand bonheur, comme si sa vie en dépendait. Le troisième personnage est malheureusement beaucoup plus en retrait et manque singulièrement de charisme pour prétendre exister face aux deux monstres sacrés pré-cités. La caractérisation, notamment de ce personnage, est le seul véritable point faible de ce film.
Si Le Bon, La Brute Et Le Cinglé est un Western , il n’en oublie pas son identité asiatique pour autant, que ce soit dans le choix des armes des protagonistes ( il y a le Mandchou au marteau, bien sûr, mais nombre d’hommes de main brandissent aussi des sabres) ou dans les situations ( la scène de la bagarre dans l’auberge, passage obligé de tout film de sabre).
Comme pour échapper à la comparaison inévitable avec le chef d’œuvre de Sergio Leone, Kim Jee-Woon désarçonne son audience en empruntant quelques éléments à l'univers de Mad Max : le marché aux marchandises volées ressemble étrangement à BarterTown ( la ville sur laquelle règne Tina Turner dans Mad Max 3) et la poursuite finale où tous les protagonistes sont enfin réunis (les trois personnages principaux, l’armée japonaise, les bandits Mandchous) et se poursuivent à bord de tous les véhicules imaginables ( Chevaux, motos, voitures, camions…) évoque les poursuites qui concluent les deux derniers films de la saga de George Miller.
Voilà donc un joyeux fourre-tout, un véritable film pop-corn et référentiel ( on retrouve dans la b.o la même version de Misunderstood qui figurait dans Kill Bill) qui, à l’image du récent Doomsday de Neil Marshall, n’a d’autre ambition que de faire passer un moment agréable au spectateur.
A consommer sans modération!

dimanche 14 décembre 2008

LE SHAOLIN COWBOY (GEOFF DARROW)




"Quelque part au milieu de nulle part, un jour avant hier et une semaine avant demain", perché sur sa verbeuse mule nommée Lord Evelyn Dunkirk Winnieford Esq. III, le laconique Shaolin Cowboy arpente le desert.
Dernière création en date de Geoff Darrow, le Shaolin Cowboy est un mystérieux moine bouddhiste qui excelle dans le domaine des arts martiaux, aussi bien à mains nues qu'avec armes, ce qui lui est bien utile pour se débarrasser des chasseurs de primes plus iconoclastes les uns que les autres qu'il croise régulièrement dans un desert décidément très peuplé.
Comme à son habitude, Darrow, "l'homme qui ne peut pas laisser un centimètre carré de sa page non dessiné", prend le temps d'étaler ses tableaux sur plusieurs planches qu'il parsème de mille et un détails absurdes et ne triche jamais avec les ombres. Les scènes de carnage sont détaillées à l'extrème, et interdisent d'ailleurs la lecture des aventures de son héros aux jeunes lecteurs et aux âmes sensibles.
L'essentiel de la narration est assuré par la mule incroyablement bavarde du Shaolin Cowboy, qui disserte à longueur de temps sur sa perruche perdue ou les acteurs légendaires d'Hollywood. Du Cowboy on ne sait rien . Tout juste apprend-on à la fin de chaque album qu'il a été viré de tout ce qu'on peut imaginer: de son monastère, d'un groupe de rock, de la garde vaticane, d'une meute de chiens...
L'errance sans fin et sans but du héros n 'est pas sans rappeler les histoires les plus absurdes de Moebius, qui est d'ailleurs un ami de Darrow, l'ultra-violence évoque bien sûr Hard Boiled, et les monstres rencontrés au fil de ses aventures rappellent Big Guy and Rusty The Boy Robot les deux sagas écrites par Frank Miller, et les frères Wachowsky, pour qui il a réalisé le design de la trilogie Matrix, ont même rédigé quelques dialogues.
Shaolin Cowboy est donc une sorte d'oeuvre-somme de son auteur, un véritable défouloir non-sensique, une performance graphique et avant tout un plaisir coupable à consommer sans modération.

mercredi 10 décembre 2008

GUNS N'ROSES:CHINESE DEMOCRACY



Enfin!
Quinze ans après leur dernier album (The Spaghetti Incident) et près de vingt ans après leur dernières compositions originales, une nouvelle galette estampillée Guns N Roses trouve le chemin des bacs.
Passons rapidement sur les frasques du sieur William Bailey, qui a occupé ce laps de temps en virant tout le monde ( sauf Dizzy Reed, qui lui semble dévoué corps et âme), et à racheter à ses anciens amis leurs parts de « l’entreprise « Guns N’ Roses ». Et occasionnellement à se faire arrêter pour pétage de plombs en public, et de temps en temps en donnant des concerts avec de nouveaux musiciens.
Axl s’est entouré au fil des années de musiciens très compétents, qui ne sont pas tous restés étant donné le temps que l’album a mis à sortir. Sont ainsi passés dans le groupe d’Axl : Josh Freese ( actuel batteur de Nine Inch Nails ) Buckethead ( le guitariste sponsorisé par KFC), Brain ( batteur inconnu) et parmi ceux qui sont restés jusqu’à la sortie de l’album on peu citer Ron ‘Bumblefoot’ Thal, guitar hero de l’écurie Mike Varney, Paul Tobias (guitares), Robin Finck (ex- guitariste de Nine-Inch Nails, programmeur à l’occasion), Tommy Stilson à la basse, Cris Pitman à la basse, sub-bass ( !) et à la programmation, Frank Ferrer à la batterie et Richard Fortus (guitares).
Si vous avez bien compté, il y aurait donc à présent pas moins de deux bassistes ( !) et de quatre ( !!) guitaristes au sein des Guns N’ Roses, certains musiciens étant polyvanlents et pouvant à l’occasion jouer des claviers et s’occuper de la programmation des synthés.
Il est évident qu’avec un effectif aussi pléthorique il n’est plus question de garder l’esprit originel du groupe.
De fait, Chinese Democracy ( une allusion au mode de fonctionnement de la bande à Axl?) est donc davantage un album solo d’Axl Rose qu’un nouvel album des Guns N’ Roses.
Et là, je vous sens frémir.
Mais pour être une véritable tête de lard, le père Axl n’en est pas moins un très bon musicien et un excellent compositeur, après tout, pratiquement chaque chanson des Guns a été en partie composée par lui.
Ainsi retrouve-t-on épisodiquement au fil de l’album des morceaux évoquant la grande époque, sans jamais , hélas, parvenir à la hauteur de leurs illustres aînés.
Le morceau éponyme, et premier single, est un exemple typique : intro de gens qui causent, sirène hurlant dans le fond, et un gros riff bien tranchant pour sonner le départ. Le son est très saturé, Les solos de Finck et Buckethead sont très bien amenés et parfaitement exécutés, quoi qu’on sente tout de suite que Slash n’est plus là ( il aurait tenu chaque note un peu plus longtemps), la voix nasillarde et éraillée d’Axl balançant des textes empreints de paranoïa et d’envie d’en découdre. C’est du tout bon. Ce qui marque au premier abord c’est la présence, que l’on pourrait qualifier envahissante, de la production. Le son est très touffu, ça manque un peu d’air.
C’est un reproche que l’on pourrait adresser à pratiquement tout l’album, puisque entre les nappes de synthés, les bidouillages électroniques divers, les couches de guitares superposées et l’orchestre on a un peu de mal à respirer.
D’un autre côté, il fallait bien justifier la longue gestation du bestiau.
Better, le deuxième extrait, tente lui aussi de renouer avec la tradition, malgré une introduction évoquant une comptine enfantine. Toute la progression vers le refrain rappelle les envolées guitaristiques de Estranged voire quelques morceaux de Dream Theater. Le refrain lui-même sonne très Guns de la grande époque, et les paroles , une fois de plus, regorgent de parano.
I.R.S, qui ne parle pas des impôts, contrairement à ce que son titre laisserait penser, sonne elle aussi très Guns classique, mais avec une pointe de modernisme. On se dit que si le groupe était encore ensemble ils pourraient sans doute écrire des trucs comme ça.
Mais au-delà de la nostalgie, cet album est l’occasion pour Axl d’enfin exploiter toute la palette de son talent et d’utiliser toutes les idées qui ne seraient jamais passées avec ses anciens amis.
Ainsi, le deuxième morceau de l’album, Shackler’s Revenge met tout de suite les pendules à l’heure : une intro toute en distorsion d’harmoniques, genre Fear Factory, chant plus grave, boucles samplées, boite à rythme on dirait presque de l’industriel. Même les solos jouent dans le bizarroïde. Mais ce n’est pas désagréable.
Sorry est une power ballade dont le refrain n’est pas sans rappeler du Metallica.
Axl adore le piano, ça on le savait, mais il adore aussi les orchestres. Il n’a jamais caché son envie d’amener Guns n Roses à un autre niveau que celui de simple( !) groupe de rock, et sur cet album il s’est bien amusé. Sur Street Of Dreams, où il se la joue crooner, There Was A Time qui rappelled méchamment November Rain et Estranged, et surtout Madagascar, sans doute la chanson la plus ambitieuse de l’album, où la mégalo d’Axl se lâche à plein régime : c’est presque du progressif, changement d’ambiance toutes les deux minutes, extraits samplés du célèbre discours de Martin Luther King entrecoupés d’autres trucs , dont l’intro de Civil War( !). Il fallait oser.
Mais Axl a aussi un côté romantique, et les deux chansons d’amour que sont This I Love et If The World sont de véritables bijoux. Ce sont d’ailleurs mes chansons préférées de tout l’album. This I Love est une jolie balade au piano qui gagne en puissance graduellement à mesure que les instruments se greffent sur la mélodie, orchestre, guitares, batterie, piano tout se fond en un final grandiose. Mais ma préférée des préférées est If The World, qui est plutôt soul que rock : une basse très funk et très présente, une guitare arabo-andalouse (encore Buckethead), un piano à la Aladdin Sane de Bowie, des nappes de violons, une guitare rythmique très grave, un solo très enlevé, un véritable chef d’œuvre.
Le reste est plus dispensable, même si non dénué d’interêt.
Catcher In The Rye s’essoufle vite ( on croit par deux fois que la chanson est finie, et pour tout dire on l’espère !), Scraped est une chanson très rapide, aux vocaux rageurs, bourrés d’effets, à la guitare accordée très bas, Prostitute est plus banale, et Riad And The Bedouins témoigne de l’ignorance d’Axl en matière de politique extérieure, mais au niveau musical se défend.
Chinese Democracy sera sans doute descendu par nombre de déçus, ce qui est inévitable, car il ne sera jamais à la hauteur des attentes. Il a mis trop longtemps à sortir, il a coûté trop d’argent, et le nom des Guns N Roses est pratiquement devenu une légende. Cependant, il mérite largement le détour.

mardi 2 décembre 2008

MESRINE: L'ENNEMI PUBLIC N°1

Deuxième partie du "biopic" consacré à Jacques Mesrine, consacré cette fois à la période qui a suivi le retour de Mesrine en France, celle où il est devenu "Lennemi Public Numéro un"


Après une première partie halentante qui ne laissait pas le spectateur respirer pour l'emmener de l'Algérie au Canada en passant par la France, la deuxième partie est plus posée, certains diront plus monotone. Le rythme est plus lent, mais la période est aussi plus ressérée. Chaque scène est développée plus longuement, ce qui n 'est pas un mal, on a plus de temps pour s'attacher aux personnages. Mesrine s'impose déjà en légende vivante, capable de s'évader de n'importe où, de braquer n'importe quelle banque, et jouant avec habileté des médias.
Mais c 'est aussi un homme excessif, qui finit par se voir plus qu'un simple voleur, ce que ne manqueront pas de lui reprocher ses amis (Dont Mathieu Amalric, décidément omniprésent ces temps ci).
C 'est ici le Mesrine que tout le monde connaît, se revendiquant révolutionnaire (aux côtés d'un Gerard Lanvin méconnaissable), réglant ses comptes avec la presse de la manière la plus brutale qui soit, et qui finit abattu par la police en plein Paris.
Un film totalement complémentaire du premier. Une vraie grande saga criminelle.

mercredi 26 novembre 2008

Concert des Fatals Picards: Le Splendid Lille 21-11-08



Vendredi dernier, je rentre du boulot. C 'est le week end, pourquoi ne pas l'entamer dignement par un petit concert de derrière les fagots?
Justement, les Fatals Picards se produisent ce soir à Lille, dans la petite salle du Splendid, à quinze minutes à pied de chez moi!
Pour le grand public, les Fatals Picards ne sont que les candidats malheureux du concours Eurovision 2007 ( en même temps, la France des dernières années ne se paie que des tôles), mais le groupe existe depuis une petite dizaine d'années et a déjà quatre albums à son actif, aux titres doucement décalés (Navet Maria, Droit de Véto, Picardia Independenza et Pamplemousse Mécanique). Ils sont les auteurs de titres aussi indispensables que "A L'Enterrement de Derrick", "Va T'En Puisque T'Es Partie" ou encore " Goldorak Est Mort".
Putain ça caille en ce moment! Heureusement que je n'ai pas à marcher longtemps pour rallier le lieu du concert. Arrivé devant le Splendid je manque de me faire éconduire, on me dit en effet que la salle est comble, mais en cherchant bien on trouve finalement encore quelques places ( ça m'apprendra à ne pas réserver à l'avance!).

Le public est très varié: des jeunes, des vieux, des enfants, des gens de toutes apparences. La musique a décidément des vertus fédératrices!

20h pile, la première partie entre en scène. Monsieur Greg que ça s'appelle. Deux types en costume sombre et lunettes de soleil. Un chanteur (guitariste à l'occasion) et un bidouilleur multifonctions. Ils proposent un "Rock Electro-Libéral" d'honnête facture. Totalement dans leur trip de parodie de la "bling bling attitude", tantôt déclamant, tantôt se déchaînant sur un riff de guitare entêtant, une bonne entrée en matière, de quoi faire patienter agréablement en attendant la tête d'affiche.

Un rapide relookage de la scène et la formation picarde, amputée d'un membre ( il manque un chanteur, le moins chevelu des deux), investit la place et démarre directement avec "Française des Jeux", chronique douce-amère sur la dépendance aux jeux de grattage.Cette introduction passée, le groupe met les choses au point: non, ils ne sont pas Superbus, puisque c 'est un groupe américain et qu'ils étaient trop chers pour le Splendid, et leurs concerts sont interactifs, donc la participation du public est fortement souhaîtée. Après avoir dédié le concert à Bertrand Delanoe, on enchaine avec "Seul et Célibataire", puis il est temps de passer aux choses sérieuses: le batteur prend le micro ( comme chez "Eagles" et "Genesis", dixit le chanteur) pour l'intro de "Chasse Pêche Et Biture" dont le refrain est hurlé en coeur par un public qui commence à bien s'échauffer. Les Picards ne manquent pas de le remarquer, avouant que le concert commence plutôt bien ( Ils se contrediront plus tard et taquineront l'audience en leur disant qu'ils avaient été mous au début). Tout au long du concert les piques fusent: envers les chtis ( ils préparent un "Bienvenue Chez Les Picards" paraît-il) Superbus donc, mais surtout Cali qui sera rhabillé pour l'hiver, et plutôt deux ou trois fois qu'une! ( vu le temps en ce moment ça lui fait du bien).C 'est ensuite le "quart d'heure des chansons de gauche". Car , il ne faut pas l'oublier, Les Fatals Picards est un groupe engagé, même s'il manie plus souvent l'ironie et l'auto-dérision que le discours militant pur et dur. On demande au public de se livrer au sport favori des Français: la délation. Il faut trouver dans la salle quelqu'un qui porte des lunettes ( merde , j'en ai!), une montre ( gloups!), a des clés de voiture sur lui ( ouf! c 'est bon! je suis venu à pied) et porte des mocassins (ça va je suis hors de cause!). On finit par trouver l'oiseau rare: le riche de la soirée (il a même une chaîne en or le coquin!) que l'on est invités à huer de bon coeur. Suivent donc "Les Bourgeois" et une chanson que je ne connaissais pas.Après les riches, il est question de l'éducation nationale. L'occasion de remarquer que les profs sont très représentés dans le public, mais cette fois le chanteur décide de dédier "La Sécurité De L'Emploi" aux professeurs des écoles en particulier, bien malmenés, il est vrai, par notre ministre ces derniers temps.
Le batteur prend une nouvelle fois le micro pour l'intro de Djembé Man.
Il est temps de s'adresser aux enfants... pour leur dire que la chanson qui suit n 'est pas pour eux! "Dors Mon Fils" est hurlée à l'unisson.
Suivent dans le désordre la chanson sur Amélie Poulain , "Schyzophrène (tu vas dans le mur)", "Les Dictateurs" ( ou les tentatives malheureuses de recycler les dictateurs dans des activités plus inoffensives comme jouer dans un groupe de reggae, monter un parc d'attraction ou une équipe de foot), et c 'est le retour des chansons de gauche avec "Mon Père Etait Tellement de Gauche " dans une jolie version acoustique ( de nouveau chantée par le batteur, décidément très sollicité ce soir!) et "Commandante".
Le batteur revient une nouvelle fois pour nous faire part d'un pari stupide (pléonasme?) qu'il a perdu, ce qui l'oblige à interpréter une chanson de Christophe ( "Stéphanie") promptement interrompue par le chanteur.
C'est déjà l'heure des rappels. On nous justifie la présence dans la setlist de "L'Amour A La Française " par le fait qu'elle ait permis aux membres du groupe de se faire bâtir leurs maisons, puis déboulent "Bernard Lavilliers" et "Monter Le Pantalon".
La soirée s'achève sur la reprise de "Partenaire Particulier", guère indispensable sur album , mais qui ne manque jamais de faire remuer un public nostalgique.
Un seul regret: il n'y aura pas de "Goldorak Est Mort" de soir, ce n 'est pourtant pas faute de l'avoir réclamé.
Dans l'ensemble, malgré l'absence du meilleur des deux chanteurs, le groupe a bien rempli sa mission, la soirée a été très divertissante, certaines chansons ont subi un lifting interessant, et le batteur a réussi à s'imposer en chanteur de secours, même si l'on sent qu'il n 'est pas totalement à l'aise. Musicalement, le groupe est au top, ses membres échangent plusieurs fois leurs instruments: outre le batteur qui chante à l'occasion , le bassiste et le chanteur jouent de la guitare, un roadie de la contrebasse et le guitariste s'asseoit à l'occasion derrière les futs. Un groupe véritablement polyvalent!
A ne pas manquer la prochaine fois. A ne pas manquer non plus leur album/ dvd live sorti récemment.



mardi 18 novembre 2008

LES VACANCES AU CINEMA (Part 4)

Le dernier film de Ridley Scott avec en vedette Leonardo Di Caprio, Russel Crowe, et une révélation la magnifique actrice iranienne Golshifteh Farahani.

S'il ne jouit plus du statut de réalisateur visionnaire que lui avaient conféré ses premieres oeuvres ( Duelistes, Alien, Legend, Blade Runner, combien de réalisateurs vendraient leur âme pour n'avoir réalisé ne serait-ce qu'un seul de ces films?), Ridley Scott occupe toujours une place à part dans le paysage cinématographique mondial. Un peu trop vite cantonné au rôle de simple esthète à cause de son passé de publiciste, il a longtemps eu du mal à faire valoir qu'il était avant tout un conteur et qu'il était interessé par toutes sortes d'histoires. Le succès retentissant de Gladiator, lui a ouvert de nouvelles portes et lui a donné une nouvelle stature qu'il confirme depuis de film en film.
Sans abandonner les belles images ( ça ne fait pas de mal!), le réalisateur de Kingdom Of Heaven aborde donc des sujets aussi divers que le feminisme ( Thelma et Louise), l'engagement militaire américain à l'étranger (Black Hawk Down), la fresque historique (1492, Kingdom...) ou encore la saga criminelle ( American Gangster, pour les besoins duquel il avait emprunté l'acteur fétiche de son frère).
Plus que jamais en phase avec l'actualité, Il a choisi cette fois-ci de traiter de l'action de la CIA au Moyen Orient. Sujet délicat s'il en est par les temps qui courent.
Une fois encore, il réussit brillament son pari et montre, au travers de la relation d'un agent de terrain ( Di Caprio, d'une justesse impressionante) et de son supérieur au pays ( Russel Crowe, dont le tour de taille a tendance à s'élargir lorsqu'il ne trouve pas de rôles physiques à jouer), le fossé qui existe entre les cultures américaines et locales. Sans faire d'angélisme ni donner dans la diabolisation, Ridley Scott dresse le constat de l'impuissance des USA face à une situation qu'ils pensent maîtriser et dénonce leur arrogance vis à vis des cultures et des usages locaux, alors qu'en composant avec eux , il pourraient accomplir un travail profitable à tous. La façon dont sont traités les agents recrutés localement et les candidats transfuges explique aussi que les Américains peinent à se faire des amis sur place. Ce à quoi il faut ajouter le fait que pour les Américains le Moyen Orient n'est rien d'autre qu'une reserve de pétrole.
Le personnage de DiCaprio, auquel on est forcés de s'identifier malgré ses nombreuses erreurs, certaines très lourdes de conséquences, sert de pont entre les cultures occidentales et moyen-orientales, à la fois par son désir de traiter d'égal à égal avec les autorités locales, mais aussi parce que, tombé sous le charme d'une jolie infirmière iranienne, il est obligé de se plier à toutes sortes de règles pour ne serait-ce que lui adresser la parole.
Un film à la fois lucide et optimiste, sans concession ( c 'est parfois très violent) mais où brille tout de même une lueur d'espoir à la fois pour l'avenir de la mission que les Américains se sont donnés dans cette partie du monde, mais aussi, et surtout, pour le devenir de ses habitants, résumée dans cette citation:
-"Pourquoi veux-tu rester ici?Il n'y a rien à aimer au Moyen Orient!"
-"C'est peut être ça le problème, justement"

lundi 17 novembre 2008

LES VACANCES AU CINEMA (Part 3)

Première partie de la biographie de Jacques Mesrine, l'ennemi public numéro un de la France des 70s, adaptée du propre livre écrit par l'interessé, de sa démobilisation après la guerre d'Algérie à son retour en France après son aventure canadienne


Le projet était déjà légendaire au moment de l'annonce de sa mise en chantier. Il est en effet assez rare qu'un réalisateur français ose se confronter aux grandes figures héxagonales du crime. Le statut de quasi-martyr du personnage, "gagné" lors de son exécution en pleine rue par la police, en faisait en outre un sujet délicat. L'implication de Vincent Cassel, qui s'est investi "à l'américaine" dans son rôle en acceptant de prendre une vingtaine de kilos pour incarner Mesrine dans ses dernières années, donnait cependant au film une certaine caution auprès de la critique et du public. Jean-François Richet, par contre , inspirait davantage le scepticisme.
A l'arrivée, le film est une vraie réussite. Le parcours de Mesrine de l'Algérie au Canada en passant par la France et les Etats Unis est passionant et le scénario ne tombe jamais dans le piège de l'hagiographie, mais présente l'homme dans toute sa dualité. Violent mais charismatique, colérique mais fidèle en amitié, courageux mais parfois aussi totalement inconscient. Les scènes d'action sont immersives et restent très lisibles, mais le grand atout du film ce sont bien évidemment ses interprètes, Vincent Cassel en tête qui campe un Jacques Mesrine troublant. On oublie très vite la performance de l'acteur pour se laisser entraîner par les péripéties du personnage. Les seconds rôles ne sont pas en reste: Cécile De France est méconnaissable, et Gerard Depardieu trouve enfin un vrai rôle à jouer.
Mesrine, L'instinct de Mort renoue avec une catégorie du cinéma français que l'on croyait éteinte depuis un moment, celle des grands films populaires de genre, habités par une réelle ambition, capables de concurrencer les sorties américaines.
Franchement on n'en attendait pas tant.
A mercredi pour la suite!

samedi 15 novembre 2008

LES VACANCES AU CINEMA (Part 2)

2008 est décidément l'année des retours! Après Batman qui nous gratifiait cet été d'un des tous meilleurs films de super-héros de tous les temps, après le nouveau James Bond sorti pendant les vacances, c 'est au tour de Hellboy de se rappeler à notre bon souvenir.



Toujours dirigé par le mexicain Guillermo Del Toro, toujours interprété par Ron Perlman sous des tonnes de maquillage, et toujours entouré de Tom Manning, de l'amphibien Abe Sapien et de sa petite amie incendiaire Liz Sherman , Hellboy doit cette fois affronter la colère d'un prince elfe, dernier représentant de sa race, et porte parole du monde des créatures magiques menacé d'extinction par l'inconséquence des humains.
Sous ses dehors de grosse production ( pas si grosse que ça si on regarde le budget d'ailleurs), Hellboy 2 est en fait une véritable oeuvre personnelle, le film somme de toute sa carrière. Del Toro est un cinéaste qui possède une visoon unique, un univers propre, nourri de contes, de légendes et de récits fantastiques puisés à des sources diverses. Il aime la nuit et l'obscurité ( ce qui l'a amené à réaliser des films de vampires comme Blade 2 ou Cronos), il aime les souterrains (On les retrouve dans Le Labyrinthe de Pan, dans Mimic et encore dans Blade 2), Il aime les créatures fantastiques issus des contes populaires ou des mythologies les plus anciennes ( Blade2 encore, les fantômes de L'Echine Du Diable, Hellboy déjà, et bien sûr Le Labyrinthe...) il est fou des insectes et des mécanismes ( d'où l'insecte mécanique de Cronos) et il adore parler de l'enfance ( tous ses films en traitent à un degré ou à un autre).
Hellboy 2 , c'est donc tout ça dans un même film. Mais ce n 'est pas un fourre-tout pour autant. C 'est une véritable oeuvre existant par elle-même, possédant une réelle cohérence propre, qui en fait un prolongement parfait au premier film. Les personnages ont évolué: Hellboy et Liz se démènent en pleine crise de couple, Abe tombe amoureux, Tom Manning ne supporte décidément plus Hellboy.D'autres font par contre leur apparition. Le nouvel agent de liaison , l'ectoplasmique Johann Krauss, vaut d'ailleurs son pesant d'or.
Des personnages très fouillés, un univers cohérent et en pleine expansion, une atmosphère poétique, des scènes d'action incorporant mieux les enjeux dramatiques que celles du premier épisode, des adversaires qui échappent au piège du manichéisme à tout crin, et un film qui s'insère sans aucun mal dans l'une des oeuvres en cours les plus fascinantes du cinéma, c 'est ce qu'on appelle un chef d'oeuvre!

jeudi 13 novembre 2008

LES VACANCES AU CINEMA (Part 1)

Les vacances sont le moment idéal pour se mettre à jour cinématographiquement, et je ne me suis pas privé cette fois encore, d'autant que nombre de films intéressants se partagent l'affiche ces temps-ci!

A tout seigneur tout honneur, commençons par l'agent 007, James Bond en personne, de retour sur le grand écran. 22è opus de la série régulière ( sans compter le parodique Casino Royale de 1967 et le dissident Jamais Plus Jamais de 1983), Quantum of Solace, et son titre intraduisible, voit l'agent secret vedette du MI6 lancé dans une quête vengeresse. L'action se situe quelques heures à peine après la fin de Casino Royale, et James (Daniel Craig, tout en muscles et en rage contenue), qui ne veut pas admettre ouvertement qu'il était amoureux de la belle qui s 'est faite tuer à la fin du précédent épisode, ne ménage pourtant pas sa peine pour en retrouver les assassins, ce qui n 'est pas sans occasionner quelques dégâts collatéraux ( comprendre: plein de cadavres partout!), au grand dam de sa supérieure hiérarchique, M ( Judy Dench, impeccable), qui se voit elle-même sommée par ses propres supérieurs de ramener son chien fou d'agent chéri à la niche.
Le ton est ici beaucoup moins glamour, rappelant quelque peu la (courte) période Timothy Dalton. James n'a guère de temps à perdre en mondanités ( pas de "Bond, James Bond" ici), ni à s'amuser avec les derniers gadgets à la mode ( pas de Q non plus), il n 'est motivé que par le désir de tuer.
Face à lui, Dominic Greene ( Matthieu Amalric, suave à souhait) membre d'une mystérieuse organisation aux motivations troubles qui semble avoir infiltré des agents partout.
Tout à sa quête, Bond croise la route de Camille (Olga Kurylenko, si bronzée qu'on dirait une métisse), une jeune femme aux objectifs similaires.
Le film nous promène sur une bonne partie du globe, de l'Europe à l'Amérique du Sud en passant par Haïti, remplissant son quota d'exotisme.Les cascades et combats divers sont légion , mais parfois un peu difficiles à suivre ( cette mode du montage hyper-cut est parfois bien énervante!), voire tellement exagérés qu'il en perdent toute crédibilité ( la scène du crash d'avion, qui pousse la suspension d'incrédulité dans ses derniers retranchements).
Dans l'ensemble, Quantum Of Solace est tout de même un bon cru, avec un Daniel Craig qui impose sa marque, plus dur, moins glamour, mais toujours aussi efficace.
Long Live Bond!

lundi 3 novembre 2008

BERCY BEAUCOUP!



Oui , je sais , le jeu de mots est facile , mais je n'ai pas pu resister.
Merci donc aux joueurs qui nous ont offert en ce samedi deux très beaux matches, mais merci avant tout au Jay sans qui, à l'heure qu'il est, je n'aurais toujours pas vu de match de tennis 'en live'.
Mais reprenons tout ça depuis le début.
Episode 1: Le Départ
Samedi 1er novembre au matin donc , après une très courte nuit ( je m'étais couché à 3h du mat' après avoir participé au coup d'envoi du NaNoWriMo sur internet), j'émerge difficilement des brumes matinales. Je prend un petit déjeuner léger et fais une rapide toilette, la petite soeur devant passer me prendre à 8h15. Le rendez-vous chez LeJay était fixé à 8h30. Nous serons huit, nous partirons donc à deux voitures: celle du Jay et celle de Smoky ( pour preserver l'anonymat des personnes des pseudonymes seront utilisés dans cette chronique).
8h30, toujours personne. Zut, c'était pourtant bien la semaine dernière le changement d'heure! J'appelle le portable de la frangine, elle vient seulement de se mettre en route. Un petit quart d'heure plus tard mon portable sonne: ils sont là!
J'embarque, et nous voilà bientôt chez LeJay, prêts à nous confondre en excuses pour notre retard, mais nous nous rendons vite compte que nous ne sommes pas les derniers, Le pilote de la deuxième voiture n 'est toujours pas arrivé et ne répond pas au téléphone. Un peu nerveux , nous passons le temps autour d'une tasse de café. 9h15, Smoky arrive enfin. Il souffre depuis quelques jours d'une crève carabinée, et a mis plus d'une demi heure à sortir de son lit! LeJay lui fourni force médicaments, et nous nous partageons en deux équipages: la frangine , son mari , LeDams dans la voiture du Jay, un des frères du Jay, un de leurs amis et moi-même dans celle de Smoky.
Premier arrêt: la station service du supermarché local , il ne s'agirait pas de tomber en panne d'essence sur l'autoroute!
Enfin le départ réel est donné! à moins que... oui, LeJay s'arrête, sort de sa voiture et se porte à notre hauteur: les batteries du GPS rigolo de la petite soeur avec son imitation impayable de François Bayrou sont mortes. Il faut retourner chez LeJay pour prendre le sien.
10h00, cette fois c 'est vraiment parti.
Episode 2: Le Trajet
Le temps n 'est pas franchement au beau fixe. Une pluie légère tombe depuis mon réveil, et la température est totalement de saison , c 'est à dire assez fraîche. J'ai bien fait de prendre mon parapluie. Enfin le parapluie de ma copine qui , très intelligente, m'avait emprunté la mien la veille pour ne me laisser que le sien tout pourri!
Je profite du trajet pour m'avancer dans mes lectures. Mais voilà que la voiture ralentit. Serait-on déjà arrivés? non . LeJay a été contraint à l'arrêt suite à une alerte pipi dans sa voiture.
Nous nous arrêtons donc dans une aire de repos.
Le temps de prendre un café, pour les fumeurs d'en griller une , et c 'est reparti.
Nous voici en approche de Paris. Le trafic, fluide jusque là , se ralentit. Nous roulons au pas. Il nous faut presque autant de temps pour passer du périph' à la porte de Bercy que pour faire Lille-Paris! ( j'éxagère à peine!). Heureusement que nous sommes un jour férié!
Episode 3: à la recherche du parking perdu
Nous sortons du périph' et voyons se profiler devant nous les contours du POPB. Nous nous dirigons vers le parking , mais il fallait reserver à l'avance pour prétendre y entrer. Nous voila donc partis à la recherche d'un endroit où garer la voiture. Après avoir fait trois fois le tour du quartier, nous avisons l'entrée d'un parking souterrain et nous y engouffrons.
Nous sortons de la voiture, et nous mettons en quête d'une sortie. Bizarrement toutes les sorties "piétons" du parking sont fermées. Nous trouvons enfin une sortie de secours. Nous montons les escaliers, montons, montons encore, montons toujours! cet escalier n'a donc pas de fin? Nous arrivons enfin au bout de notre escalade, et ouvrons la porte. Nous somme sur le toit de l'immeuble, de l'autre côté, celui qui ne donne pas sur la rue. Nous nous engageons sur ce qui semble être une rampe pour les voitures , mais nous retrouvons face à une grille fermée. Nous tentons notre chance dans l'autre direction, même résultat. De plus, impossible de reprendre les escalier, la porte s 'est refermée derrière nous et elle ne s'ouvre que de l'intérieur!
Nous finissons par trouver une autre rampe qui descend au sous-sol, au bas de laquelle deux vigiles sont en train de discuter. Nous leur expliquons notre problème, apparemment ce genre de choses arrive souvent là pendant le week end. Ils nous ouvrent gentiment la grille et nous indiquent la direction du POPB.
Pendant ce temps, l'autre voiture a trouvé une place près de la gare de Lyon. Ils n'ont pas risqué les parkings souterrains eux!
La petite soeur m'appelle pour me dire où ils sont, un kebab en face du POPB où nous les rejoignons. Mes compagnons sont trempés de la tête aux pieds, et moi seulement aux pieds, mes chaussures ne sont pas étanches apparemment.
Episode 4: Première demi-finale
LeJay devait retrouver d'autres amis à Bercy , il nous laisse donc à notre frugal repas. Celui-ci fini, nous nous retrouvons dehors où nos billets nous sont enfin remis.
Larobase et son mari passent par l'accès handicapé tandis que nous faisons la queue avec les autres. Boudiou, y'a du monde! Nous les retrouvons à la porte des gradins. Nous entrons dans l'enceinte proprement dite du POPB et trouvons nos places. Nous sommes un peu excentrés, dans le coin gauche en face de la chaise d'arbitre, assez haut, mais avec une bonne visibilité.
Nous avons tout juste le temps de nous installer que, annoncés par le speaker le plus incompétent que j'ai jamais entendu, Nikolay Davydenko et David Nalbandian entrent sur le terrain pour la première demi-finale de la journée.
Le premier set est quasiment à sens unique. L'argentin, que certains moqueurs appellent "Nalbide" ou " Gras du bide", est en pleine forme. Il entame la partie sur les chapeaux de roue et mène rapidement 5-0 sans avoir l'air de forcer. D'ailleurs si on entend clairement Davydenko souffler et pousser des "han" à chaque fois qu'il frappe la balle, Nalby semble en promenade de santé. Malgré les encouragements du public qui voudrait bien en avoir pour son argent , le russe semble incapable de réagir. Les "Come on Nikolay!", "Alleeeez!" et autres coups de djembé n'y peuvent rien. C 'est à peine s'il marque 5 points en 5 jeux! Il sauve tout de même l'honneur en évitant la roue de vélo et s'incline 6-1.
Le deuxième set voit renaître le numéro 6 mondial, et d'entrée Nalbandian est en difficulté sur son service. Quelques jeux plus tard la situation s'inverse, et l'argentin prend une nouvelle fois le service du russe. On se dit que le match va tourner court, et je commence à me demander combien va me coûter la bière que je compte m'offrir pour patienter entre les deux matches, quand Davydenko débreake immédiatement. Le match s'équilibre. Davydenko sort des services de bucheron, de son côté Nalbandian reste solide, même s'il commet de plus en plus de fautes. Le public qui voit se profiler un troisième set renchérit dans ses encouragements pour le russe.
C 'est logiquement que Nalbandian perd son service, ce qui permet au russe de servir pour le set, qu'il remporte.
Le troisième set est très équilibré et de haute volée. Davy sert des boulets de canon , Nalby sort de superbes coups techniques. Une belle opposition de style. Davydenko semble prendre l'ascendant sur Nalbandian qui semble moins mobile, mais les coups de l'argentin restent d'une précision et d'une efficacité redoutable, et au moment où on l'attendait le moins c 'est lui qui breake le russe. Il ne lui reste alors plus qu'à garder son service pour emporter la match et gagner son ticket pour la finale.
Après une rapide "interview" par le speaker sus-mentionné, les joueurs quittent le court, et je quitte ma place.
Episode 5: Intermission
Je repère vite les toilettes à la longue file d'attente qui s'étend devant elles, et patiente en attendant mon tour. Ma petite affaire terminée , je me mets en quête d'un point de vente de boissons et joue des coudes pour accéder au comptoir. Il me faut encore attendre quelques minutes avant que le préposé aux boissons ne daigne prendre ma commande. Il me fait remarquer que les bières pression sont des 50 cl , comme si ça allait me faire peur! Ce qu'il oublie de me dire, par contre, c 'est le prix, ça ça m'aurait fait peur! Sept Euros!!! Heureusement qu'il me restait encore un peu de monaie!
Lorsque je regagne ma place, je me rends compte qu'entre les matches a lieu une espèce d'émission retransmise sur les écrans géants, animée par le plus nul des speakers sportifs. Franchement on s 'est dit qu'ils avaient dû le recruter en prenant le premier type qui leur tombait sous la main, sans doute un gars qui traînait autour du POPB en début de journée, c 'est pas possible autrement. Heureusement cette mascarade s'achève au moment où je regagne ma place , et le chauffeur de salle ( qui n 'est pas un foudre de guerre non plus) annonce l'entrée des joueurs, nous recommandant de faire bien du bruit pour Jo-Wilfried Tsonga, parce que c 'est super d'avoir un français en finale ( et l'autre joueur on le hue c 'est ça?). Heureusement que j'aime beaucoup ce joueur, car ce genre de manifestation de chauvinisme a le don de me braquer. C 'est à devenir anti-français parfois! De toute façon le public français est déjà assez chauvin comme ça , et les qualités intrinsèques du joueur méritent amplement qu'on l'ovationne.
Encore un emploi fictif moi je vous dis!
Episode 6: Deuxième demi-finale
Après de nouvelles banalités affligeantes prononcées pendant l'échauffement des joueurs le gnome se tait et le spectacle peut enfin commencer.
L'ambiance est logiquement plus chaude que pendant la première demi-finale, et est même parfois dérangeante. Le chauvinisme légendaires des français s'illustre une nouvelle fois. On applaudit à tout rompre dès que Jo marque un point ( même sur une faute de l'adversaire), Djembé-man ponctue chaque point, s'auto-intronisant meneur de claque, et chacun y va de sa sonnerie de torrero histoire de bien se faire remarquer. Surtout les deux ou trois blaireaux derrière nous.
Le match tourne vite à l'avantage de Jo. Les joueurs sont tous deux de gros serveurs, et les premières balles dépassent presque toutes les 200 km/h. Les aces pleuvent, surtout pour Tsonga qui prend son adversaire à la gorge. Blake a pourtant un jeu séduisant: un bon service, un bon coup droit, un joli revers à une main, mais il est clairement un ton en dessous aujourd'hui, et prête trop vite le flanc aux attaques du français. Dès le 3è jeu c 'est le break. Il arrivera à en éviter d'autres, mais ne parviendra jamais à refaire son retard et s'incline logiquement.
Le deuxième set est une copie conforme du premier, malgré de belles tentatives de Blake pour tenter de revenir dans le match , mais il n'est clairement pas dans un bon jour , alors que Jo péte le feu. Break d'entrée. Je commence à me demander ce qui va durer le plus longtemps, du match ou de ma bière ( à sept euros je la fais durer, vous pensez bien!). Finalement c 'est le match qui se termine en premier. Jo sautille comme un cabri sur le court, visiblement très heureux. L'emploi fictif vient lui poser des questions d'un interêt proche du zéro absolu, mais tout le monde est content d'entendre le français dire toute l'affection qu'il porte à ce tournoi et à ce public, qui du coup exulte.
Episode 7: Demi-finales de double
Deuxième pause pipi ( un demi-litre de bière ça pèse sur la vessie!) et je reviens pour les demi-finales de double.
Les rangs se sont clairsemés, le public se déplaçant en majorité pour les matches de simple.
La première demi-finale de double oppose une paire Polonaise à deux sud-africains. l'affaire est vite entendue, les hommes de l'hémisphère sud prenant rapidement l'avantage, tandis que les blaireaux dont je parlais plus haut se font remarquer ( ou davantage remarquer plutôt , puisqu'il y a moins de monde).
Et vas-y que je me lance dans une trompette de torrero, et vas-y que je gueule les noms des joueurs que je ne connais pas, en les écorchant au passage, et le pire c 'est qu'ils sont fiers d'eux ( "ouah! comment on met le feu!").
Pour la deuxième demi-finale nous décidons de changer de place, n'en pouvant supporter davantage. Les places libres étant désormais légion, nous pouvons nous rapprocher du court pour assister au match des français Clément/ Llodra contre Bjorkman et le "Zimbabwe" ( toujours selon le speaker!) Ullyet.
De près c 'est encore plus impressionnant. La distance aténue la vitesse des balles. De là où je suis placé pour ce dernier match je mesure véritablement l'exploit des joueurs qui arrivent , non seulement à être sur la trajectoire des services, mais en plus à les renvoyer, parfois plus vite qu'il ne sont arrivés.
Ce match aussi tourne très vite court, la paire française étant rapidement débordée, et s'inclinant en deux sets.
A cette occasion j'ai découvert un point de réglement que je ne connaissais pas, d'autant que je regarde rarement des matches de doubles à la télé; lorsqu'on arrive à 40/40 , c 'est la première paire qui marque qui remporte le jeu, il n'y a pas le système égalité/ avantage qui existe en simple ( ou dans les doubles de grand chelem). LeJay m'a dit aussi qu'en cas d'égalité à une manche partout il n'y avait pas de troisième set, mais un "super tie break", où la première paire arrivée à quinze points remportait le match.
Une décision des autorités tennistiques que je comprend sans pour autant l'approuver. Le public étant moins friand de doubles que de simples, il faut que ces matches se terminent le plus vite possible, déjà que comme ça il n'y avait plus grand monde à la fin. Tout de même, je trouve très peu élégant de traiter des joueurs qui , s'ils sont très loin au classement individuel, n'en sont pas moins des professionnels méritants, comme la cinquième roue du carosse.
Episode 8: Le retour
Il est déjà presque 22h lorsque nous sortons avec LeDave par l'ascenceur, longeons les cuisines, passons à côté d'une grande salle où se déroule un dîner, passons à côté de la voiture qui sera remise au vainqueur et atteignons enfin l'air libre.
La pluie a cessé, c 'est déjà ça. Nous nous tâtons: mangeons-nous sur Paris ou rentrons-nous directement? La majorité tranche pour le retour immédiat, et nous nous élançons dans la nuit en direction de nos véhicules. Enfin presque. Voulant couper au plus court notre équipage finit par faire un détour de plusieurs blocs avant de retomber sur ses traces. Cette fois nous ne nous embarrassons pas d'entrée ou de sortie de secours et entrons à pied par l'entrée voitures.
La circulation à cette heure de la soirée est assez fluide et nous sortons vite de la capitale. Il nous reste deux bonnes heures et demi avant de retrouver Lille, et tout le monde est fatigué. Les passagers à l'arrière se font vite silencieux. Smoky et moi parlons de tout et de rien afin de tromper l'ennui et surtout d'éviter qu'il ne s'endorme.
A l'approche de Lille, un message de Larobase m'informe que l'autre équipage s 'est arrêté à un Kebab où nous les rejoignons quelques minutes plus tard.
Nous faisons emballer les victuailles que nous emmenons chez LeJay où nous partageons un dernier repas avant de regagner nos pénates vers une heure du matin.

vendredi 31 octobre 2008

FALSTAFF ( CHIMES AT MIDNIGHTS) - ORSON WELLES - 1966

Le fils du roi HenryIV d'Angleterre, le jeune prince Harry, mène une vie de débauche en compagnie de vauriens dont le déjà vieux et obèse Jack Falstaff ( Orson Welles), l'homme de tous les excès. Tandis que le roi se désole de la conduite de son fils, une nouvelle guerre civile se prépare. Elle sera l'occasion pour Harry de se refaire une conduite.


Adaptation cinématographique de la pièce Five Kings, que Welles avait essayé de monter dans les années 30 puis en 1960, basée sur le cycle de pièces historiques de Shakespeare ( Richard II, Henry IV , Henry V, Richard III et Les Joyeuses Commères De Windsor). Tourné en Espagne pour un million de dollars ( soit moins que Le Procès) avec une distribution internationale où l'on retrouve Jeanne Moreau, le grand acteur shakespearien John Gielgud, Marina Vlady, Fernando Rey, le très "branaghien" Norman Rodway et la toute jeune Beatrice Welles ( fille du réalisateur et de sa dernière épouse Paola Mori) Falstaff est en quelque sorte le testament cinématographique de Welles, il dira d'ailleurs qu'il aurait préféré qu'on se souvienne de lui pour ce film plutôt que pour Citizen Kane.

Grand admirateur de Shakespeare ( il connaissait pratiquement par coeur l'intégrale des pièces dès l'adolescence) ce projet lui tenait particulièrement à coeur, et il lui a dévoué toute son énergie, concevant lui-même tous les costumes et le seul décor construit pour le film; l'auberge où Falstaff et ses compagnons passent le plus clair de leur temps a été construite dans un garage, moins cher à louer qu'un studio. Tout le reste, le château, les murailles, la rue du village... a été déniché dans la campagne espagnole, le chateau était par exemple à l'origine une église abandonnée.

Un budget aussi serré impose de nombreuses contraintes. Tous les plans nécessitant que John Gielgud soit vu de face furent tournés en 10 jours, les engagements de la star ne lui permettant pas de rester plus longtemps sur le tournage, obligeant Welles à avoir recours une nouvelle fois aux techniques de camouflage utilisées sur Othello: doublures de dos ou encapuchonnées, Welles lui-même doublant certains acteurs qui ne pouvaient assurer la post-synchronisation ( il a ainsi doublé 5 personnages sur ce film , et 11 sur Le Procès, dont Perkins lui-même). Dans certaines scènes aucun des acteurs présent à l'écran n 'est celui qu'il est censé être.

Falstaff conforte Welles dans sa conception du film en tant qu'oeuvre essentiellement de montage. La post-production est donc très longue. La longue scène de bataille qui départage les deux parties du film necessita ainsi, outre les 10 jours de tournage, six semaines de montage à elle seule. Le jeune réalisateur de seconde équipe apprit énormément sur ce film ce qui lui permit d'entamer une longue et prolifique carrière sous le nom de Jess Franco.

La prouesse de Welles , au delà de la technique cinematographique "habituelle" réside ici dans le scénario. Adapter une pièce du barde de Stratford n'est jamais chose aisée, mais aller chercher dans plusieurs pièces une histoire parallèle relève de l'exploit. Connaissant son Shakespeare sur le bout des doigts il est parvenu à utiliser des intrigues secondaires pour les réunir en un seul récit cohérent, un film sur la vieillesse, mettant en parallèle le père du futur Henry V et son père de substitution. Tandis que l'un s'inquiète de l'avenir et de la légitimité de sa lignée et se sent abandonné par son fils , l'autre tient pour acquis l'amour du jeune prince sans se douter qu'une fois roi celui-ci aura d'autres obligations. La scène du couronnement du jeune Henry V est bouleversante.

Si Falstaff, la pièce puis le film, est autant une création de Welles que de Shakespeare, John Falstaff, le personnage, a été taillé sur mesure pour l'acteur. Welles était né pour incarner cet homme-monde tour à tour drôle et tragique, truculent autant que comiquement lâche, à la mythomanie généreuse, à l'amitié indefectible et à l'amour inconditionnel. Un personnage "larger than life" à la mesure du personnage Welles.

jeudi 30 octobre 2008

LILLE BY DAY

Après la vie nocturne de Lille , quelques clichés de jour:
La place, avec la statue de la Déesse ( et la fontaine où on se baigne les soirs de victoire importantes :p )


La Porte de Paris, avec le Beffroi de l'Hôtel de Ville



L'Opéra, flanqué du Beffroi de la Chambre de Commerce



L'Ermitage Gantois ( maintenant un hôtel 4 étoiles)

mardi 28 octobre 2008

LE PROCES (THE TRIAL) - ORSON WELLES - 1962


Se réveillant un matin , Joseph K a la surprise de trouver dans la chambre qu'il loue chez Mme Grumbach deux inspecteurs de police qui lui apprennent qu'il est en état d'arrestation , mais reste libre de ses mouvements en attendant son procès. K a beau questionner toutes les personnes qu'il rencontre, il ne parvient pas à savoir de quoi il est accusé, tout juste lui fait-on comprendre que l'affaire est très grave. Plus il cherche à y voir clair moins il comprend ce qu'il lui arrive, et plus il se débat, refusant de jouer le jeu de ce système judiciaire aussi absurbe qu'implacable et plus il hâte sa propre fin .
En 1960, sur le tournage d'Austerlitz d'Abel Gance , Welles sympathise avec les producteurs russes Michael et Alexander Salkind ( grand-père et père D'Ilya Salkind,futur co-producteur avec son père du Superman de Richard Donner), qui lui proposent de jouer dans leur version de Taras Boulba. Welles accepte à condition d'écrire et de réaliser le film. Le script terminé, les Salkind apprennent à Welles que le projet est annulé en raison du projet Hollywoodien concurrent avec Yul Brynner et Tony Curtis. Ils lui proposent alors d'adapter un livre parmi une liste qu'ils lui soumettent. Welles se décide pour Le Procès de Franz Kafka et attaque le scénario, commence à réfléchir à sa mise en scène et conçoit même les décors des intérieurs, mais alors que le décorateur s'apprête à les construire les Salkind lui avouent ne pas avoir l'argent necessaire.
Les Salkind père et fils étaient des amoureux du cinéma mais n'étaient guère riches ( du moins à l'époque), et s'ils parvenaient toujours à produire leurs films, c'était au prix de mille tractations et sollicitations auprès des financiers les plus improbables, comme le compositeur de ce film par exemple ( ce qui empêcha Welles de choisir celui qu'il voulait ).
Sur le point de débuter le tournage, mais sans décors, Welles se promènant dans Paris tombe une nuit sur la gare pratiquement désaffectée d'Orsay. Si la façade ne l'inspire pas vraiment, il est subjugué par l'intérieur: cette architecture où se mélangent poutrelles d'acier et vieilles boiseries, cette modernité nostalgique à la Jules Vernes est exactement ce qu'il cherchait!
Le tournage peut donc commencer, partagé entre la France et la Yougoslavie. Welles s'entoure comme de coutume d'excellents acteurs plus ou moins connus: son vieux complice Akim Tamiroff, Suzanne Flon ( déjà présents dans Mr Arkadin), Jeanne Moreau l'égérie de la Nouvelle Vague, Romy Schneider en pleine reconversion après la série des Sissi, Michael Lonsdale, Jess Hahn et surtout Anthony Perkins ,qui venait de triompher dans le Psychose d'Hitchcock, et qui livre ici une performance au moins aussi marquante. Sa haute silhouette gracile, son visage enfantin et son jeu anxieux et torturé font merveille dans ce conte cauchemardesque et paranoïaque.
Fidèle à lui-même Welles ne fournit pas une simple transcription du matériau original mais signe une véritable adaptation. Il commence par transposer l'action au moment présent ( à l'époque du tournage): les personnages évoluent dans une Europe d'après-guerre en pleine reconstruction , où des immeubles impersonnels et solitaires se dressent au milieu des terrains vagues, où une armée de dactylos s'affairent dans une immense salle dans un vacarme autant évocateur des machines d'usine que des mitrailleuses, dominées par la salle où trône l'ordinateur censé avoir les réponses à toutes les questions, sans oublier un nuage de fumée évoquant la bombe atomique. Jamais esclave du texte il coupe et interverti des répliques , et en ajoute même de son cru pour mieux servir l'histoire.
Welles éclaire et cadre les décors " naturels" de la gare d'Orsay de façon à composer, à coups de jeux d'ombres et de lumières, de plongées, contre-plongées et profondeur de champs, un paysage de bureaux , de salles et de chambres sombre, sinistre et oppressant, au milieu duquel Joseph K ne peut évoluer qu'au prix d'improbables contorsions, alors que les plafonds, les murs et l'obscurité se referment peu à peu sur lui tandis que le montage va en s'accélérant, transposant à merveille la sensation de claustrophobie,d'étouffement, d'essoufflement et d'oppression procurée par la lecture du roman.
Gardant à l'esprit que Kafka, en tant que juif, parlait aussi dans ses écrits du sort de son peuple, Welles décide d'incorporer des images évoquant la Shoah; ainsi le peintre qui fait les portraits des juges est-il habillé d'un pijama rayé rappelant ceux portés dans les camps de concentration, ainsi les accusés attendant dans le hall du tribunal l'issue de leurs procès respectifs évoquent les juifs attendant les trains qui vont les emmener à l'abattoir ( d'autant plus que ces scènes ont été tournées dans une gare!), ainsi cette foule d'âmes résignées, immobiles, pancarte au cou, sur une place monumentale dominée par une statue voilée figurent-ils les victimes opprimées des divers régimes totalitaires, passés ou présents...
Le Procès est , parmi ses films, celui que préfère Welles, car c 'est le seul, à part Citizen Kane , qu'il considère entièrement de lui, vierge de toute intervention des producteurs ( même s'il a dû se débrouiller sans les décors prévus), le seul qui n'ait pas été retouché , le seul qui soit fidèle à sa vision, en quelque sorte , déjà, son testament.

BERGUES:L'APRES CHTI




Bien qu'ayant passé une bonne partie de ma vie à deux pas de Bergues je n'y étais pas retourné depuis bien avant la sortie du film de Danny Boon. J'étais donc curieux de redécouvrir la sous-prefecture après le triomphe des chtis. Comment avait-elle géré son succès? cette ville que j'avais toujours connue si calme s'était - elle vendue aux sirènes du marketing comme le laissaient entendre les diverses rumeurs qui me parvenaient ?

Sa soudaine célébrité n'avait pas manqué de m'amuser et de me surprendre. Pour moi Bergues était restée la destination des sorties scolaires de mes années collège, des sorties piscines organisées par le village de mon enfance et le siège du premier vidéo-club que nous ayons fréquenté après l'acquisition du premier magnétoscope familial.

Finalement bien peu de choses ont changé. Tellement peu qu'on pourrait croire que la folie médiatique dont elle a été l'objet ces derniers mois n'était qu'une invention des journalistes ou une partie de la stratégie commerciale des producteurs du film. On trouve bien dans les vitrines des souvenirs évoquant le tournage, la bière Chti semble s'être faite une place de premier choix sur les cartes des cafés, mais tout celà reste bien discret, les rues ne sont pas envahies de touristes venus de toute l'Europe et la grand-place n 'est pas occupée par la baraque à frites de Momo.

Porte d'accès au quai du canal


Tour de guet donnant sur un quai du canal


Non , Bergues est bien restée fidèle à elle-même, une ville chargée d'histoire, entourée de remparts construits par Vauban, parmi lesquels fleurissent toujours des jardins ouvriers, dominée par son beffroi et bercée par les cancanements des canards du canal.
D'ailleurs , en parlant du canal , une des conséquences les plus idiotes du film est qu'il est désormais du dernier chic de se faire pgotographier en train d'y pisser.
Monument à la vache flamande

Les pauvres canards ...

mardi 21 octobre 2008

LA SOIF DU MAL (TOUCH OF EVIL ) - ORSON WELLES - 1958


Mike Vargas ( Charlton Heston), haut responsable mexicain de la lutte anti-drogues, et sa jeune épouse Susan ( Janet Leigh) sont en pleine lune de miel et traversent à pied la frontière américano-méxicaine lorsqu'une voiture explose pratiquement sous leurs yeux. Le suspect numéro un est un méxicain , ce qui permet à Vargas de se mêler à l'enquête et de se confronter à Hank Quinlan ( Welles, massif) , le sheriff du côté américain, une légende vivante, mais qui a tendance à donner un coup de pouce au destin pour faire progresser ses enquêtes...
Il suffit parfois d'un rien pour que naissent des chef-d'oeuvres , une erreur de communication entre une star et des producteurs par exemple. Lorsque les studios Universal proposent à Charlton Heston, la Star des Dix Commandements, et bientôt de Ben Hur, de jouer dans un film avec Orson Welles, il comprend que Welles sera le réalisateur , et non simple acteur, et signe avec enthousiasme.
Les producteurs, n'osant pas le contrarier, proposent donc à Welles de réaliser le film, sans réévaluer son cachet d'acteur pour autant. Mais Welles est tellement heureux d'avoir l'occasion de diriger de nouveau un film à Hollywood qu'il ne fait pas le difficile. De son propre aveu ce tournage aura même été son expérience hollywoodienne la plus agréable. Le fait que Heston et Janet Leigh comptent parmi ses fans aide sans doute.
Welles révise le scénario, transforme le personnage de Charlton Heston en mexicain et déplace l'action dans une ville frontalière. Pour avoir la paix il tourne essentiellement de nuit et invite des amis à tenir des petits rôles :Zsa Zsa Gabor, Marlène Dietrich en tenancière de maison close, Akim Tamiroff, déjà apperçu dans Mr Arkadin , incarne un ganster mexicain, Mercedes Mc Cambridge ( Johnny Guitar) une petite frappe inquiètante, et un rôle de veilleur de nuit névrosé est même créé spécialement pour Dennis Weaver, qui deviendra mondialement célèbre 13 ans plus tard en se faisant courser par un camion dans un téléfilm réalisé par un illustre inconnu. Welles lui-même , qui a déjà beaucoup grossi depuis qu'il a passé la quarantaine, se fait appliquer force prothèses et rembourrages pour paraître encore plus imposant.
Malheureusement , comme souvent dans la carrière de Welles , c 'est en post-production que les affaires se corsent. Le tournage terminé, Welles laisse des instructions au monteur et repart au Mexique continuer le tournage de son Don Quichotte, projet maudit entre tous qu'il tentera de mener à bien jusqu'à sa mort en 1985. Hors, les producteurs n'apprécient pas les rushes, et demandent à Harry Keller de tourner de nouvelles scènes, et en suppriment d'autres tournées par Welles.
Welles parvient à voir le film avant qu'il ne sorte et rédige un mémo de 58 pages sur la façon dont il avait envisagé le film. Les producteurs n'en tiennent pas compte et le film sort donc mutilé ( qui a dit " comme d'habitude "? )
Mais il arrive aussi que des miracles se produisent, et pour une fois celà arrive à un film de Welles: dans les années 90, Charlton Heston retrouve dans ses archives le fameux mémo, ce qui permet au film d'être remonté plus ou moins selon les souhaîts de son auteur.
La Soif Du Mal est considéré comme beaucoup comme le meilleur film de Welles après Citizen Kane, et l'un des meilleurs "films noirs" jamais réalisés, et cela dès sa première sortie. Les louanges de Goddard et Truffaut doivent y être pour quelque chose.
Quoi qu'il en soit, cela reste un film unique sur la justice et la corruption, où la décrépitude des décors reflète celle des âmes, où l'on parle ouvertement de drogues et de toxicomanie, où le personnage principal est un mexicain qui épouse une américaine ( il faut replacer le film dans son contexte d'Amérique pré mouvement des droits civiques) sans parler bien entendu de la démonstration de maîtrise technique que produit Welles , notamment lors de la scène d'ouverture, un plan séquence de presque 5 minutes qui suit les personnages alors qu'ils traversent la frontière .
On sait l'admiration de dePalma pour Hitchcock, mais il est tout aussi certain que Welles l'a inspiré tout autant! ... D'ailleurs c 'est bien Welles qui a eu le premier l'idée d'enfermer Janet Leigh dans un motel avec un veilleur aux tendances psychotiques!
Film mutilé avant sa distribution mais en l'état déjà culte pour toute une génération de cinéphiles, La Soif Du Mal gagne encore des admirateurs depuis sa rénovation en 1999, et reste un flamboyant témoin du génie d'Orson Welles, même alors qu'il oeuvrait dans le contraignant système des grands studios américains.Ce sera d'ailleurs le dernier film qu'il dirigera dans son pays natal, puisqu'il choisira de s'exiler dès lors définitivement en Europe, et plus particulièrement en Espagne.

lundi 20 octobre 2008

MANIF' PARISIENNE...




Dimanche 19 octobre 7h45, le réveil sonne , j'ouvre péniblement un oeil. A peine trois heures de sommeil, je suis un peu dans le pâté, mais il ne faut pas manquer le bus. Heureusement que le départ n 'est pas loin de chez moi, mais il ne faut pas traîner tout de même. Toilette sommaire, habillage rapide, j'attrape mon sac et je me mets en route. 20 minutes de marche dans le matin clair et frais ça vous requinque un bonhomme. La journée s'annonce belle , pourvu que la météo se maintienne. Quelques petites minutes d'attente au point de rendez-vous et le bus affrété par le syndicat arrive. Embarquement rapide, et nous voilà partis pour l'aventure. Un peu de lecture pour passer le temps , une pause pipi/ café sur une aire de repos et nous voilà à Paris.
Place d'Italie 12h. Le départ du premier cortège n 'est prévu que vers 13h30 mais il y a déjà pas mal de monde et les bus continuent d'affluer régulièrement de toutes les régions de France. Je me cherche un bistrot où patienter en sirotant une bière.
13h30, je me mêle aux premiers cortèges sans réaliser que ma région est placée en toute fin de manif. Bah , au moins je marche , c 'est mieux que de piétiner trois heures en attendant le départ! L'ambiance est bon enfant, des élèves des associations de parents nous ont rejoints, des fanfares et des groupes de percussions bresiliennes mettent de l'animation, il y a même des groupes de rock qui reprennent les standards , en ayant pris soin bien sûr de les accomoder à la sauce syndicale . On se croirait presque au carnaval de Dunkerque ( d'autant plus surprenant que j'évolue au milieu des académies du sud!). Le cortège, escorté par la poluice et une armée de journalistes et de photographes descend le boulevard des gobelins, bifurque à gauche sur le Boulevard de Port Royal ( tiens, L'höpital du Val de Grâce!), puis à droite sur St Michel.
Au bout d'une heure , me rendant enfin compte de mon erreur, je fais demi-tour. Je remonte toute la manif( tiens, c 'est pas Jack Lang là, qui se prend la tâte avec un manifestant?) et le temps que je revienne Place d'Italie j'apprend que le début du cortège est déjà arrivé à Bastille! L'Académie de Lille attendra encore une bonne heure pour prendre le départ!
Y'a pas à dire , y'a du monde ! ( 80 000 personnes selon la police, donc on devait être au moins le double! :p)
Je retrouve des collègues que je connais, ce qui me permet de patienter en bavardant, et vers 16h l'Académie de Lille s'ébranle enfin.
L'allure à laquelle nous évoluons nous permet de faire un peu de tourisme, les appareils photo et les portables sont mis à contributions, ici pour immortaliser une banderolle particulièrement croustillante, là pour photographier un lieu célèbre.
Cahin-caha nous progressons. Boulevard St Michel, Boulevard de St Germain ( tiens , La Sorbonne, Tiens , un magasin de Comics!), Pont Sully ( allez, une photo de Notre-Dame!), Boulevard Henry IV et nous voilà Place de la Bastille!
Il s'agit maintenant pour chacun de retrouver son bus.
18h, pas le meilleur moment pour quitter Paris. Il nous faudra encore une bonne heure pour atteindre le périph, puis encore un long moment pour gagner l'autoroute.
Pas de pause resto-route cette fois-ci , chacun est pressé de regagner ses pénates.
C 'est pas tout ça , on bosse demain!

mercredi 15 octobre 2008

LILLE BY NIGHT

Quelques photos prises avec mon téléphone portable lors d'une ballade nocturne dans la capitale des Flandres:
Le beffroi de l'hôtel de ville
La porte de Paris côté face...

... et côté pile.




et enfin la Vieille Bourse.






samedi 4 octobre 2008

TOUS A LA MANIF' !

Grève dans l'éducation nationale le 7 octobre.

"POUR L’ÉCOLE, POUR NOS MÉTIERS,
POUR NOS SALAIRES
Conséquence du budget 2008, la rentrée a été particulièrement difficile, avec des classes
plus chargées, des heures supplémentaires imposées, des collègues encore plus nombreux affectés
sur plusieurs établissements. Le projet de budget 2009 affiche déjà 13 500 nouvelles suppressions
d’emplois dans l’éducation, 30 000 dans la fonction publique.
Une telle politique budgétaire, tournant le dos à un service public d’éducation au service
de la réussite de tous, est inacceptable. Et dans un tel contexte, les discussions sur la réforme
du lycée, sur la formation des maîtres ou celles tant attendues sur la revalorisation
de nos métiers, nécessitent la construction d’un rapport de force permettant de remettre
en cause cette politique. C’est pourquoi le SNES appelle l’ensemble des collègues à s’investir
par la grève dans la journée unitaire interprofessionnelle du 7 octobre, et à se mobiliser
pour la réussite de la manifestation nationale du 19 octobre pour l’école, avec les parents et les élèves.
• Les rendez-vous du 7 octobre • La réforme du lycée • Le budget 2009
• La formation des maîtres • La revalorisation de nos métiers "


Voilà, message passé.

mercredi 1 octobre 2008

LA TOUR SOMBRE: PETER DAVID & JAE LEE





Au commencement était Stephen King.
Celui qui n’était pas encore le Maître de Bangor, fasciné à la fois par l’oeuvre épique de Tolkien et les grands espaces des westerns, accoucha un jour d’un récit étrange suivant la quête d’un « Gunslinger », à la poursuite à la fois d’un maléfique et mystérieux « Homme En Noir » et de La Tour Sombre, centre de l’univers, et même du multivers, puisque si la terre où évoluent ces personnages est situé dans une réalité parallèle, les frontières du temps et de l’espace sont bien minces, et les aller-retours sont fréquents entre les mondes et les époques.
Oeuvre somme de King, la quête de Roland Deschain a mis des années à s’achever. Entre les premiers mots couchés sur le papier et la parution du septième et dernier volume il se sera écoulé plus de 30 ans.
Entre temps l’Homme du Maine est devenu le plus gros vendeur de bouquins de son époque et les adaptations cinématographiques de ses écrits ne se comptent plus. Mais pas question de céder les droits de son épopée au premier producteur venu. Cette oeuvre lui tient à coeur et il entend qu’elle soit respectée, d’autant qu’elle est proprement inadaptable en l’état.
Mais le cinéma n ‘est pas le seul à lui faire les yeux doux, et la Marvel vient un jour le trouver avec un projet aussi ambitieux que séduisant: pourquoi ne pas réaliser un comic book basé sur les romans?
Le resultat, d’une fidélité exemplaire au matériau original, est sorti cette année en langue française dans une luxueuse édition cartonnée en trois volumes relatant la jeunesse de Roland, de son apprentissage aux mains de Gort, le maître d’armes du royaume westerno-médiéval de Gilead , jusqu’à la conclusion tragique de sa première mission en compagnie de ses amis Cuthbert et Alain. Un choix éditorial des plus judicieux , les événements en question, bien que n’ayant été relatés que tardivement dans la saga, représentant la genèse du personnage central de l’oeuvre et pouvant constituer un récit complet.
C ‘est à Peter David, le scénariste qui a révolutionné la mythologie Hulk, qu'échoit la délicate et ingrate tâche d'adapter les textes, tandis que Jae Lee, responable pour sa part de runs d’anthologie sur The Submariner ( avec son idole, le vétéran John Byrne au script) et The Inhumans, s’occupe des illustrations. Le resultat est proprement magnifique, laissant évidemment la part belle aux tableaux iconiques de Lee dont le style cinématographique et expressioniste, tout en jeux d’ombres et de lumière, aux traits fins et élégants confère à ce monde étrange une irréelle beauté crépusculaire. Les vignettes sont souvent étirées sur toute la largeur de la page , évoquant les cadrages du cinémascope, l’action est détaillée en une série de gros plans très Leoniens, et les « splash pages » invitent à la contemplation à la manière des longs plans fixes du western spaghetti. Les couleurs tour à tour chaudes ou froides donnent l’impression de sentir le soleil du desert nous brûler la peau où de déambuler dans la fraicheur humide des rues sombres de Gilead. Le texte, jamais envahissant, nous invite à accompagner le narrateur, à en être complice même parfois à mesure que sont évoqués, de façon parfois sybilline, des événements dont les héros ne peuvent avoir connaissance.
Chaque épisode est suivi d’un article apportant des précisions sur l’histoire de cette terre parallèle, les origines des « Gunslingers » ou de ce mystérieux « Roi Cramoisi » qui menace de plonger l’univers dans le chaos,rédigé par Robin Furth et illustré par Richard Isanove ( coloriste de la série).
Cette première fournée n ‘est que la première des mini séries consacrées à la sage du King, deux autres sont déjà sorties aux Etats Unis.
Une seule chose à dire: vivement la suite!

mardi 30 septembre 2008

TOTAL ... FOUTAGE DE GUEULE!

Je parlais récemment de l'imagination sans borne des publicitaires, mais plus insondable encore est le cynisme de certains de leur commanditaires.
Tout récemment un spot a débarqué sur nos écrans vantant les mérites d'une carte de paiement commercialisée par un grand groupe pétrolier tricolore. Le principe est le suivant: plus vous achetez avec cette carte et plus vous avez de réductions sur votre plein d'essence, à condition bien sûr de fréquenter les stations service de l'annonceur. A première vue cela part d'une bonne idée; l'augmentation du prix du carburant est une préoccupation majeure des ménages français, et toute réduction est la bienvenue.
Sauf qu'on se fout encore une fois bien de notre poire!
L'augmentation du prix du carburant n 'est que marginalement liée à l'augmentation du brut, il ne tenait qu'aux pétroliers de renoncer à une petite partie de leurs énormes bénéfices pour faire baisser les prix à la pompe, ou au moins à ralentir leur hausse. Sous couvert de faire faire des économies aux consommateurs , on leur colle un nouveau moyen de claquer du fric, on les incite à dépenser plus d'argent qu'ils n'ont pas pour aller en plus acheter de l'essence dans des stations qu'ils ne fréquentent pas habituellement puisque le prix du carburant y est largement plus cher que dans les supermarchés, même en comptant la baisse promise. Et je demande à voir si ce qui est promis sera effectivement accordé, et sous quelles quelles conditions (il y a toujours des conditions dans ces histoires là!).
Tout cela revient ni plus ni moins à exploiter la misère du peuple.

samedi 27 septembre 2008

THOMAS FERSEN : TROIS PETITS TOURS




Le petit dernier de Thomas Fersen est sorti à peu près en même temps que le Metallica, évidemment ça a fait moins de bruit ( au propre comme au figuré). En tant que fan du bonhomme cependant, même si je ne goûte guère la chanson française contemporaine , je ne pouvais passer à côté de l'événement.
Les deux derniers efforts studios du parisien m'avaient laissé sur ma faim. On y sentait comme un certain laisser-aller, une envie de se reposer sur ses lauriers, dûment gagnés du reste. L'écriture des chansons répondait un peu trop au shéma couplet/ refrain/ couplet, et même la musique semblait moins recherchée, du moins en ce qui concerne les orchestrations. J'avais toujours en tête son magnifique 4è album ( sobrement intitulé 4 ) qui fourmillait de perles telles que Monsieur, La Chauve-Souris, Le Moucheron , La Chandelle, bref pas une chanson qui ne sente le remplissage. En comparaison les deux albums suivants, Pièce Montée Des Grands Jours et Le Pavillon Des Fous me semblaient bien fades, même si de-ci de-là des petites perles émergaient, telles Deux Pieds ou Le Chat Botté ( et son refrain qui ne vous quitte plus de la journée une fois entendu: 'On ne veut plus les quitter quand on les enfile, essayer c 'est adopter les mules reptile..."), mais bon , comme disait l'autre " c'était mieux avant!"
J'enfournai tout de même la galette dans ma platine , car malgré tout le personnage m'est toujours très sympathique.
Le premier titre donne le ton: Germaine est le nom de sa valise. Car après avoir écrit de nombreuses chansons ayant pour personnage principal un animal , voilà que l'auteur s'interesse aux objets. Il nous narre donc par le menu la vie de son bagage, de sa naissance en Chine, en passant par les aéroports où elle est fouillée, reniflée par des chiens et finalement explosée par la brigade anti-bombes de New York. Deuxième chanson , deuxième objet: son Ukulélé. Depuis Pièce Montée Des Grands Jours ce petit instrument prend une place grandissante dans ses compositions, et il figure d'ailleurs sur tous les morceaux du présent album. Une fois encore ce sont surtout ses passages à la douane qui sont évoqués, la forme de l'étui de l'instrument rappelant ceux utilisés dans les films pour dissimuler une mitraillette. Heureusement il ne finit pas oublié dans un aéroport, puisque le musicien ne quitte jamais son "avorton de guitare". Chocolat, avec son chien inquisiteur, clos la série des chansons douanières sur une anecdote liée à un retour de Jamaïque. Suit une autre triade, de prime abord plus enthomologiste ( Formol, Punaise et Les Mouches), mais seule la dernière cause vraiment d'insectes ( il fallait bien qu'il y ait un titre animalier !). Le voyage reprend ensuite avec Gratte Dos, un objet très pratique et facile à caser dans une vallise, et Concombre, qui pour sa part s'interesse plus à la forme évocatrice des avions qu'aux cucurbitacés, même si Fersen ne peut s'empêcher d'y caser une référence aux lapins qui pullulent aux abords des aérogares. Il nous propose ensuite d'embarquer dans sa valise, mais quelque chose me dit que ce n 'est pas une bonne idée, d'autant que dans La Malle il nous avoue l'avoir égarée, et se retrouve apparemment avec celle d'une danseuse.
Au total onze chansons tendres et décalées, une invitation au voyage entre compte-rendu de tournée et fables surréalistes, onze témoins de l'imagination si particulière de Thomas Fersen et son point de vue unique sur les gens , les animaux et les choses qui l'entourent.
La musique est au diapason, dominée par l'omniprésent Ukulélé elle distille sa dose de malice et d'émotion pour mieux nous emporter, nous faire rentrer dans la valise et nous faire profiter du voyage.

mercredi 24 septembre 2008

METALLICA : DEATH MAGNETIC





On n'avait plus eu de nouvelles des Four Horsemen depuis le documentaire Some Kind Of Monster sorti en 2004 relatant la conception tumultueuse de l'album St Anger, depuis le départ du bassiste Jason Newsted ( qui avait rejoint la formation en 1986 , quelques semaines après la mort de Cliff Burton) jusqu'à l'arrivée du prodige Robert Trujillo ( Ex Suicidal Tendencies, Infectious Grooves, et dernièrement Ozyy Osbourne). Le moindre mérite de ce film ne fut pas d'éclairer sous un nouveau jour cet album des plus controversés et par là-même de lui accorder une certaine légitimité auprès des fans; après tout , au vu des événements relatés les fans pouvaient déjà s'estimer heureux d'avoir un nouveau Metallica à se mettre dans les oreilles, sa qualité en devenant presqu'anecdotique.
L'arrivée de Trujillo a rassuré les fans: bassiste surdoué et caméléon, discret l'homme semblait fait pour se fondre dans la formation californienne. Son intronisation montrée dans le documentaire le consacrait membre à part entière de la Famille Metallica. Le groupe avait retrouvé une unité qu'on ne lui avait pas connu depuis des lustres, et qui ne demandait qu'à être concrétisée par un nouvel album studio.
Quoi qu'ils restent bons amis, le groupe et son producteur historique Bob Rock ont décidé d'arrêter leur collaboration; c 'est désormais Rick Rubin, producteur d'artistes aussi variés que U2, Slayer, Johnny Cash ou Weezer, qui s'intalle aux manettes pour un opus que chacun espère plus "roots".
Et les fans n'ont pas été déçus!
Dès l'introduction de That Was Just Your Life, l'echo d'un coeur qui bat, le message est clair: la bête est encore vivante! et ce n 'est rien de le dire! Quelques harmoniques très Machine Head période Burn My Eyes et la voix rageuse de James Hetfield nous rassure immédiatement: le groupe n'a rien perdu de sa hargne , mais le son et la composition sont bien mieux maîtrisés que sur St Anger. Cet album est parti pour faire très mal! C 'est un Metallica à la fois fidèle à lui-même et plus violent que jamais qui revient. Les compositions semblent piocher volontiers dans le registre classique du groupe. On reconnait ici une rythmique issue de Master Of Puppets, des harmoniques de la période ... And Justice For All, des mélodies tirées de Ride The Lightning, et les "ran-cran-cran" caractéristiques du groupe depuis Kill'Em All mais ce qui surprend le plus c 'est le chant. James s'était attaché à partir du Black Album à développer son sens de la mélodie ( à part sur St Anger bien sûr), hors, s'il a encore l'occasion à plusieurs reprises de nous montrer qu'il est désormais un très bon chanteur ( notamment sur The Day That Never Comes, le premier single extrait de l'album, mais aussi sur Unforgiven III), il semble, surtout sur My Apocalypse, se rapprocher du phrasé et de la rage d'un Tom Arraya ( bassiste/ chanteur des furieux Slayer ), et même la guitare de Kirk Hammet nous surprend à sonner comme celle de Kerry King.
Lars Ulrich n 'est pas en reste, et celà faisait belle lurette que sa batterie n'avait été aussi sollicitée: descentes de toms et roulements de la double grosse caisse sont au programme lors des très nombreux changements et cassures de rythme qui structurent de longs morceaux à tiroirs "à l'ancienne".
Le livret annonce pour la première fois que la musique a été composée intégralement par les quatre musiciens, et Trujillo montre qu'il a su se faire une place au milieu de ses camarade, sa basse est bien présente et pas seulement en accompagnement des guitares ou de la batterie, quelques plages lui permettent de briller en solo, comme dans l'intro de Cyanide, le morceau joué lors du concert d'Arras.
Mais Death Magnetic ( que l'on pourraît traduire par " Attirant Comme La Mort") n 'est pas simplement un voyage dans les années 80, James &Co en ont fait une sorte d'oeuvre-somme qui, si elle fait la part belle aux classiques, ne renie pas pour autant leurs efforts les plus récents, aussi put-on trouver ça et là des réminiscences de Load et ReLoad, surtout dans le son, mais aussi certains plans à la St Anger, mais cette fois bien mieux maîtrisées. On y trouve même un instrumental de presque dix minutes Suicide & Redemption , le premier depuis To Live Is To Die sur ...Justice.
Death Magnetic parle bien sûr de la mort,de la douleur, du suicide, des thèmes chers à James Hetfield, ici unique parolier crédité, qui les a traités de nombreuses fois par le passé, mais jamais encore au point d'en faire un concept-album comme c 'est presque le cas ici. Pour autant ce n 'est pas un album triste, puisqu'il célèbre en grandes pompes le retour en forme d'une des plus grandes légendes du Metal.
Longue Vie à Metallica!