mardi 18 novembre 2008

LES VACANCES AU CINEMA (Part 4)

Le dernier film de Ridley Scott avec en vedette Leonardo Di Caprio, Russel Crowe, et une révélation la magnifique actrice iranienne Golshifteh Farahani.

S'il ne jouit plus du statut de réalisateur visionnaire que lui avaient conféré ses premieres oeuvres ( Duelistes, Alien, Legend, Blade Runner, combien de réalisateurs vendraient leur âme pour n'avoir réalisé ne serait-ce qu'un seul de ces films?), Ridley Scott occupe toujours une place à part dans le paysage cinématographique mondial. Un peu trop vite cantonné au rôle de simple esthète à cause de son passé de publiciste, il a longtemps eu du mal à faire valoir qu'il était avant tout un conteur et qu'il était interessé par toutes sortes d'histoires. Le succès retentissant de Gladiator, lui a ouvert de nouvelles portes et lui a donné une nouvelle stature qu'il confirme depuis de film en film.
Sans abandonner les belles images ( ça ne fait pas de mal!), le réalisateur de Kingdom Of Heaven aborde donc des sujets aussi divers que le feminisme ( Thelma et Louise), l'engagement militaire américain à l'étranger (Black Hawk Down), la fresque historique (1492, Kingdom...) ou encore la saga criminelle ( American Gangster, pour les besoins duquel il avait emprunté l'acteur fétiche de son frère).
Plus que jamais en phase avec l'actualité, Il a choisi cette fois-ci de traiter de l'action de la CIA au Moyen Orient. Sujet délicat s'il en est par les temps qui courent.
Une fois encore, il réussit brillament son pari et montre, au travers de la relation d'un agent de terrain ( Di Caprio, d'une justesse impressionante) et de son supérieur au pays ( Russel Crowe, dont le tour de taille a tendance à s'élargir lorsqu'il ne trouve pas de rôles physiques à jouer), le fossé qui existe entre les cultures américaines et locales. Sans faire d'angélisme ni donner dans la diabolisation, Ridley Scott dresse le constat de l'impuissance des USA face à une situation qu'ils pensent maîtriser et dénonce leur arrogance vis à vis des cultures et des usages locaux, alors qu'en composant avec eux , il pourraient accomplir un travail profitable à tous. La façon dont sont traités les agents recrutés localement et les candidats transfuges explique aussi que les Américains peinent à se faire des amis sur place. Ce à quoi il faut ajouter le fait que pour les Américains le Moyen Orient n'est rien d'autre qu'une reserve de pétrole.
Le personnage de DiCaprio, auquel on est forcés de s'identifier malgré ses nombreuses erreurs, certaines très lourdes de conséquences, sert de pont entre les cultures occidentales et moyen-orientales, à la fois par son désir de traiter d'égal à égal avec les autorités locales, mais aussi parce que, tombé sous le charme d'une jolie infirmière iranienne, il est obligé de se plier à toutes sortes de règles pour ne serait-ce que lui adresser la parole.
Un film à la fois lucide et optimiste, sans concession ( c 'est parfois très violent) mais où brille tout de même une lueur d'espoir à la fois pour l'avenir de la mission que les Américains se sont donnés dans cette partie du monde, mais aussi, et surtout, pour le devenir de ses habitants, résumée dans cette citation:
-"Pourquoi veux-tu rester ici?Il n'y a rien à aimer au Moyen Orient!"
-"C'est peut être ça le problème, justement"

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