mardi 30 septembre 2008

TOTAL ... FOUTAGE DE GUEULE!

Je parlais récemment de l'imagination sans borne des publicitaires, mais plus insondable encore est le cynisme de certains de leur commanditaires.
Tout récemment un spot a débarqué sur nos écrans vantant les mérites d'une carte de paiement commercialisée par un grand groupe pétrolier tricolore. Le principe est le suivant: plus vous achetez avec cette carte et plus vous avez de réductions sur votre plein d'essence, à condition bien sûr de fréquenter les stations service de l'annonceur. A première vue cela part d'une bonne idée; l'augmentation du prix du carburant est une préoccupation majeure des ménages français, et toute réduction est la bienvenue.
Sauf qu'on se fout encore une fois bien de notre poire!
L'augmentation du prix du carburant n 'est que marginalement liée à l'augmentation du brut, il ne tenait qu'aux pétroliers de renoncer à une petite partie de leurs énormes bénéfices pour faire baisser les prix à la pompe, ou au moins à ralentir leur hausse. Sous couvert de faire faire des économies aux consommateurs , on leur colle un nouveau moyen de claquer du fric, on les incite à dépenser plus d'argent qu'ils n'ont pas pour aller en plus acheter de l'essence dans des stations qu'ils ne fréquentent pas habituellement puisque le prix du carburant y est largement plus cher que dans les supermarchés, même en comptant la baisse promise. Et je demande à voir si ce qui est promis sera effectivement accordé, et sous quelles quelles conditions (il y a toujours des conditions dans ces histoires là!).
Tout cela revient ni plus ni moins à exploiter la misère du peuple.

samedi 27 septembre 2008

THOMAS FERSEN : TROIS PETITS TOURS




Le petit dernier de Thomas Fersen est sorti à peu près en même temps que le Metallica, évidemment ça a fait moins de bruit ( au propre comme au figuré). En tant que fan du bonhomme cependant, même si je ne goûte guère la chanson française contemporaine , je ne pouvais passer à côté de l'événement.
Les deux derniers efforts studios du parisien m'avaient laissé sur ma faim. On y sentait comme un certain laisser-aller, une envie de se reposer sur ses lauriers, dûment gagnés du reste. L'écriture des chansons répondait un peu trop au shéma couplet/ refrain/ couplet, et même la musique semblait moins recherchée, du moins en ce qui concerne les orchestrations. J'avais toujours en tête son magnifique 4è album ( sobrement intitulé 4 ) qui fourmillait de perles telles que Monsieur, La Chauve-Souris, Le Moucheron , La Chandelle, bref pas une chanson qui ne sente le remplissage. En comparaison les deux albums suivants, Pièce Montée Des Grands Jours et Le Pavillon Des Fous me semblaient bien fades, même si de-ci de-là des petites perles émergaient, telles Deux Pieds ou Le Chat Botté ( et son refrain qui ne vous quitte plus de la journée une fois entendu: 'On ne veut plus les quitter quand on les enfile, essayer c 'est adopter les mules reptile..."), mais bon , comme disait l'autre " c'était mieux avant!"
J'enfournai tout de même la galette dans ma platine , car malgré tout le personnage m'est toujours très sympathique.
Le premier titre donne le ton: Germaine est le nom de sa valise. Car après avoir écrit de nombreuses chansons ayant pour personnage principal un animal , voilà que l'auteur s'interesse aux objets. Il nous narre donc par le menu la vie de son bagage, de sa naissance en Chine, en passant par les aéroports où elle est fouillée, reniflée par des chiens et finalement explosée par la brigade anti-bombes de New York. Deuxième chanson , deuxième objet: son Ukulélé. Depuis Pièce Montée Des Grands Jours ce petit instrument prend une place grandissante dans ses compositions, et il figure d'ailleurs sur tous les morceaux du présent album. Une fois encore ce sont surtout ses passages à la douane qui sont évoqués, la forme de l'étui de l'instrument rappelant ceux utilisés dans les films pour dissimuler une mitraillette. Heureusement il ne finit pas oublié dans un aéroport, puisque le musicien ne quitte jamais son "avorton de guitare". Chocolat, avec son chien inquisiteur, clos la série des chansons douanières sur une anecdote liée à un retour de Jamaïque. Suit une autre triade, de prime abord plus enthomologiste ( Formol, Punaise et Les Mouches), mais seule la dernière cause vraiment d'insectes ( il fallait bien qu'il y ait un titre animalier !). Le voyage reprend ensuite avec Gratte Dos, un objet très pratique et facile à caser dans une vallise, et Concombre, qui pour sa part s'interesse plus à la forme évocatrice des avions qu'aux cucurbitacés, même si Fersen ne peut s'empêcher d'y caser une référence aux lapins qui pullulent aux abords des aérogares. Il nous propose ensuite d'embarquer dans sa valise, mais quelque chose me dit que ce n 'est pas une bonne idée, d'autant que dans La Malle il nous avoue l'avoir égarée, et se retrouve apparemment avec celle d'une danseuse.
Au total onze chansons tendres et décalées, une invitation au voyage entre compte-rendu de tournée et fables surréalistes, onze témoins de l'imagination si particulière de Thomas Fersen et son point de vue unique sur les gens , les animaux et les choses qui l'entourent.
La musique est au diapason, dominée par l'omniprésent Ukulélé elle distille sa dose de malice et d'émotion pour mieux nous emporter, nous faire rentrer dans la valise et nous faire profiter du voyage.

mercredi 24 septembre 2008

METALLICA : DEATH MAGNETIC





On n'avait plus eu de nouvelles des Four Horsemen depuis le documentaire Some Kind Of Monster sorti en 2004 relatant la conception tumultueuse de l'album St Anger, depuis le départ du bassiste Jason Newsted ( qui avait rejoint la formation en 1986 , quelques semaines après la mort de Cliff Burton) jusqu'à l'arrivée du prodige Robert Trujillo ( Ex Suicidal Tendencies, Infectious Grooves, et dernièrement Ozyy Osbourne). Le moindre mérite de ce film ne fut pas d'éclairer sous un nouveau jour cet album des plus controversés et par là-même de lui accorder une certaine légitimité auprès des fans; après tout , au vu des événements relatés les fans pouvaient déjà s'estimer heureux d'avoir un nouveau Metallica à se mettre dans les oreilles, sa qualité en devenant presqu'anecdotique.
L'arrivée de Trujillo a rassuré les fans: bassiste surdoué et caméléon, discret l'homme semblait fait pour se fondre dans la formation californienne. Son intronisation montrée dans le documentaire le consacrait membre à part entière de la Famille Metallica. Le groupe avait retrouvé une unité qu'on ne lui avait pas connu depuis des lustres, et qui ne demandait qu'à être concrétisée par un nouvel album studio.
Quoi qu'ils restent bons amis, le groupe et son producteur historique Bob Rock ont décidé d'arrêter leur collaboration; c 'est désormais Rick Rubin, producteur d'artistes aussi variés que U2, Slayer, Johnny Cash ou Weezer, qui s'intalle aux manettes pour un opus que chacun espère plus "roots".
Et les fans n'ont pas été déçus!
Dès l'introduction de That Was Just Your Life, l'echo d'un coeur qui bat, le message est clair: la bête est encore vivante! et ce n 'est rien de le dire! Quelques harmoniques très Machine Head période Burn My Eyes et la voix rageuse de James Hetfield nous rassure immédiatement: le groupe n'a rien perdu de sa hargne , mais le son et la composition sont bien mieux maîtrisés que sur St Anger. Cet album est parti pour faire très mal! C 'est un Metallica à la fois fidèle à lui-même et plus violent que jamais qui revient. Les compositions semblent piocher volontiers dans le registre classique du groupe. On reconnait ici une rythmique issue de Master Of Puppets, des harmoniques de la période ... And Justice For All, des mélodies tirées de Ride The Lightning, et les "ran-cran-cran" caractéristiques du groupe depuis Kill'Em All mais ce qui surprend le plus c 'est le chant. James s'était attaché à partir du Black Album à développer son sens de la mélodie ( à part sur St Anger bien sûr), hors, s'il a encore l'occasion à plusieurs reprises de nous montrer qu'il est désormais un très bon chanteur ( notamment sur The Day That Never Comes, le premier single extrait de l'album, mais aussi sur Unforgiven III), il semble, surtout sur My Apocalypse, se rapprocher du phrasé et de la rage d'un Tom Arraya ( bassiste/ chanteur des furieux Slayer ), et même la guitare de Kirk Hammet nous surprend à sonner comme celle de Kerry King.
Lars Ulrich n 'est pas en reste, et celà faisait belle lurette que sa batterie n'avait été aussi sollicitée: descentes de toms et roulements de la double grosse caisse sont au programme lors des très nombreux changements et cassures de rythme qui structurent de longs morceaux à tiroirs "à l'ancienne".
Le livret annonce pour la première fois que la musique a été composée intégralement par les quatre musiciens, et Trujillo montre qu'il a su se faire une place au milieu de ses camarade, sa basse est bien présente et pas seulement en accompagnement des guitares ou de la batterie, quelques plages lui permettent de briller en solo, comme dans l'intro de Cyanide, le morceau joué lors du concert d'Arras.
Mais Death Magnetic ( que l'on pourraît traduire par " Attirant Comme La Mort") n 'est pas simplement un voyage dans les années 80, James &Co en ont fait une sorte d'oeuvre-somme qui, si elle fait la part belle aux classiques, ne renie pas pour autant leurs efforts les plus récents, aussi put-on trouver ça et là des réminiscences de Load et ReLoad, surtout dans le son, mais aussi certains plans à la St Anger, mais cette fois bien mieux maîtrisées. On y trouve même un instrumental de presque dix minutes Suicide & Redemption , le premier depuis To Live Is To Die sur ...Justice.
Death Magnetic parle bien sûr de la mort,de la douleur, du suicide, des thèmes chers à James Hetfield, ici unique parolier crédité, qui les a traités de nombreuses fois par le passé, mais jamais encore au point d'en faire un concept-album comme c 'est presque le cas ici. Pour autant ce n 'est pas un album triste, puisqu'il célèbre en grandes pompes le retour en forme d'une des plus grandes légendes du Metal.
Longue Vie à Metallica!

jeudi 18 septembre 2008

Terrorisme Publicitaire

Les publicitaires ne sont décidément jamais à court d'idées pour faire entendre le message de leur client.
Le téléspectateur, d'abord réticent aux écrans publicitaires ( je vous parle d'un temps que les moins de 30 ans ne peuvent pas connaître...), a fini, en bon représentant de l'espèce dominante sur terre, par s'y adapter. Loin de rester prisonnier de sa boîte à images dès lors que s'invitent les réclames, l'individu moyen met à profit ces quelques minutes de temps disponibles pour vaquer à toutes sortes d'occupations: l'un sort les poubelles, l'autre va se chercher un petit quelque chose dans le réfrigérateur, et bien d'autres encore s'en vont visiter le pipi room, tout ceci en prenant bien soin de pousser le son suffisamment fort afin de guetter la reprise de son programme préféré. En effet, le téléspectateur écoute plus qu'il ne regarde la télévision. Rien de surprenant en soit à cet état de fait: le foyer de tout un chacun n'a rien à voir avec une salle de cinéma. Lorsqu'il est chez lui, le télespectateur, même s'il aimerait qu'il en soit autrement, ne peut se dévouer entièrement à l'objet de son culte, occupé qu'il est avec la vie de sa maisonnée, surtout s'il vit en famille.
Les publicitaires ont dû de tous temps composer avec cette donnée, et rares sont les publicités totalement muettes, ne reposant que sur un argument visuel. Une bonne publicité c 'est surtout un slogan, voire une chanson, qui s'invite dans votre cerveau pour ne plus en sortir de la journée, voire de la semaine. On le voit , l'élément sonore est primordial.
Hors, une récente campagne de publicité pour une marque de voiture que je ne nommerai pas ici a révolutionné ce concept en misant justement sur le silence. Non pas que le spot en question soit muet, celà équivaudrait à un suicide commercial, mais une brève plage de silence total intervient à un moment stratégique, faisant croire au téléspectateur distrait que son appareil est défectueux, et le force donc à reporter son attention sur ce qu'il se passe à l'écran.
Je soupçonne cette campagne d'être à l'origine de petites tragédies domestiques. Imaginez l'amateur de football dans sa cuisine profitant de la dernière plage publicitaire avant le coup d'envoi pour s'approvisionner en bière et amuse-gueules divers tout en surveillant d'une oreille les sons provenant du salon. Soudain : silence! Le sang de notre amateur de sport ne fait qu'un tour: il ne pourra pas voir son match ! et à cette heure-ci il est trop tard pour aller le visionner chez un proche ou un ami, à moins de s'inviter pour la deuxième mi-temps! comme une furie il fait irruption dans le salon , prêt à montrer à ce tas de circuits qui c 'est le patron. Entre temps le son est revenu, tout va bien , mais la nervosité du chef de famille a jeté un froid sur le foyer. Je vous laisse imaginer ce qu'il advient lorsque le sportif par procuration est surpris aux toilettes ...
Le pire, c 'est que ces spots ne sont pas isolés: ils vont par trois! Aussi, à peine le téléspectateur est-il revenu de sa surprise qu'il subit un deuxième assaut, puis un troisième, l'obligeant à chaque fois à revenir en trombe s'assurer que son poste fonctionne, et chaque fois plus énervé que la précédente.
Et après ça il y en a encore pour protester contre la suppression de la publicité!

jeudi 11 septembre 2008

Mr ARKADIN (Confidential Report)- Orson Welles - 1955




Guy Van Stratten , un escroc de petite envergure, et sa petite amie Mily recueillent les dernières paroles d'un homme poignardé à mort, qui leur demande de le venger en faisant chanter Gregory Arkadin , un mystérieux milliardaire russe. Tandis que Mily se fait inviter sur son Yacht, Van Stratten entreprend de séduire la fille d'Arkadin, mais est bientôt repéré par l' "Ogre" qui lui propose un travail: enquêter sur sa vie. Arkadin prétend en effet ne rien se souvenir avant un jour de 1927 où il s 'est retrouvé en possession d'une valise pleine de billets avec lesquels il a bâti sa fortune. L'enquête de Van Stratten le conduit autour du monde, de Paris à Mexico en passant par la Pologne et le Maroc, mais il se rend bientôt compte que ses interlocuteurs successifs disparaissent les uns après les autres...

Désormais installé en Espagne , où il a fait la connaissance de Paola Mori , qui sera sa dernière épouse, Welles décide d'adapter pour le cinéma quelques histoires inspirées par Harry Lime, le personnage qu'il joue dans Le Troisième Homme, et qu'il avait mises en scène à la radio. A cet effet il développe un personnage secondaire, Arkadian , qui deviendra Arkadin, et qu'il interpétera. Il en fait un milliardaire russe , père d'une jeune et jolie fille appelée Raina ( Paola Mori) qu'il surprotège et fait surveiller nuit et jour par ses " secrétaires", menant grand train, donnant des fêtes fastueuses à bord de son yacht ou dans son château en Espagne.

Il trouve un producteur et s'entoure d'acteurs solides ( Akim Tamiroff, Mischa Auer, Peter Van Eyck, Suzanne Flon et même Gert Fröbe, futur Goldfinger!). Le tournage, qui mène la troupe d'Espagne en Allemagne en passant par la France se déroule sans incident notable ... c 'est ensuite que les ennuis commencent!

Louis Dolivet, le producteur, trouve que Welles met trop longtemps à monter son film , et décide d'user de son privilège de financier pour l'expulser de la salle de montage. Dès lors, la structure toute en flashbacks voulue par Welles passe par la fenêtre, le film devenant très linéaire à une exception près.

Welles dira que Arkadin aura été de tous ses films celui qui lui aura le plus échappé, celui qui aura le plus souffert de l'ingérence de la production, plus encore que Les Ambersons! De fait il en existe de multiples montages ( au moins cinq recensés avec certitude), sans qu'aucun n'ait eu l'aval de son réalisateur.

La fureur de Welles a sans doute été amplifiée par le fait qu'il s'était particulièrement impliqué dans ce projet; tout d'abord c'était seulement la deuxième fois qu'il signait un scénario original ( la première fois ayant été pour Citizen Kane ) , ensuite Arkadin semble être un véritable film somme de son oeuvre : le sujet rappelle bien sûr Kane, les scènes de fête traditionnelles évoquent sa façon de filmer le carnaval de Rio pour It's All True, l'atmosphère européenne d'après guerre évoque bien sûr Le 3è Homme mais aussi Le Criminel ( surtout lorsqu'on découvre les agissements passés d'Arkadin ) les relations quasi-incestueuses entre Arkadin et sa fille ainsi que le yacht rappellent La Dame De Shanghai ( où jouait la précédente Madame Welles!)

En l'état Mr Arkadin reste tout de même un film de Welles immédiatement identifiable à ses éclairages et ses cadrages , l'histoire est très prenante, les acteurs, comme toujours excellents, donnent vie à des personnages plus pittoresques les uns que les autres ( mention spéciale à Akim Tamiroff, acteur Géorgien que Welles engagera de nouveau pour La Soif Du Mal , Le Procès et son Don Quichotte inachevé), mais il souffre du montage sauvage effectué sur ordre de Dolivet, ainsi les faux raccords abondent, le son n 'est pas toujours bien calé et des prises où le maquillage de Welles est très visible voire défectueux ( son fameux nez!) ont été utilisées , et l'on se met à rêver de ce qu'auraît donnée la version de Welles.

Mr Arkadin est l'archétype du film maudit, arraché à son créateur, monté à la serpe et jeté en pâture aux exploitants, un joyau mal taillé mais d'une beauté envoutante, fascinant autant par son aspect gauche et rugueux que par l'aura de ce qu'il auraît pu être.

mardi 9 septembre 2008

Moules-Frites / Murray-Federer

La braderie de Lille, la fête nationale des moules-frites et des bradeux de tous horizons, s 'est tenue ce week end sous le soleil de ch'nord.
La braderie c 'est d'abord une rumeur, une voix au mégaphone qui entre par la fenêtre, des musiques mélangées qui se superposent, les sirènes des pompiers secourant les premiers comas éthyliques. La braderie c 'est aussi des odeurs, kébabs, merguez et bien sûr moules-fites proposés par des professionels ou des amateurs. Mais la braderie c 'est surtout la foule qui se presse dans les rues du centre-ville. Toute l'Europe semble être descendue dans la capitale des Flandres en quête de la bonne affaire , ou simplement pour profiter de l'atmosphère. Ces dernières années des efforts ont été faits pour faciliter la circulation du public, des axes ont été reservés, les carrefours sont libres, bref on respire un peu plus. Mais se faire écraser les pieds et piétiner pendant des heures c 'est aussi ça la braderie! La manifestation est quelque peu victime de son succès et les particuliers cèdent peu à peu le pas aux professionnels. Mais il est encore possible de retrouver l'esprit de la braderie, paradoxalement juste à côté de la foire aux manèges: c 'est là , au bord du canal qui enserre la citadelle construite par Vauban, que bat le coeur de cette institution lilloise. Là on peut encore, une bière à la main, déambuler entre les étals de fortune des passionés, discuter du prix d'une VHS usagée, fouiller à pleines mains dans des cartons à bds, s'émerveiller en retrouvant les meubles de notre enfance, tout en changeant d'ambiance musicale à mesure que l'on avance sous les frondaisons.

Mais ce week end c 'était aussi la finale de l'US Open de tennis!
D'abord prévue dimanche elle n'a pu avoir lieu, pour cause d'intempéries, que lundi soir. Un Federer ressuscité rencontrait le tombeur de sa bête noire sur le central de Flushing Meadows. Le suisse avait bénéficié d'un jour de repos supplémentaire, ayant terrassé le serbe Djokovitch en demi-finale avant la venue des intempéries, et Murray disputait là sa première finale de Grand Chelem. La victoire semblait promise à l'ex numéro un mondial, assuré cette fois de ne pas rencontrer Rafael Nadal en finale.
Souvent crispé face à l'espagnol, Federer a semblé ici plus détendu que jamais, lâchant des coups fabuleux avec une facilité déconcertante. Le premier set fut expédié en un peu plus de vingt minutes.
Dans la deuxième manche Murray reprit du poil de la bête et prit même le service de Federer. Le match semblait s'équilibrer, mais le suisse fit le break au moment opportun pour s'imposer 7/5.
Le troisième set fut le dernier. Federer se détacha rapidement , et Murray frisa l'humilation du 6/0, mais le suisse se contenta de gérer son avantage pour finalement s'imposer en moins de deux heures.
En inscrivant son 13 è succès en Grand Chelem Roger Federer vient non seulement de se relancer dans la course au record de Pete Sampras, mais surtout de démentir toutes les rumeurs sur sa soit-disant fin de carrière qui ont suivi sa défaite en finale de Wimbledon face à Rafael Nadal. De nombreux critiques n'ont vu que les défaites de l'ex numéro un mondial , occultant le fait qu'il avait tout de même atteint les demi finales en Australie alors qu'il était malade, et la finale à Paris et Wimbledon. Même s'il est indéniable qu'il souffre d'un "complexe Nadal", le taureau de Manacor n 'est pas non plus invincible, et une fois celui-ci éliminé du tableau plus personne n 'est en mesure d'arrêter le Bâlois.
Une chose est sûre, l'année 2009 promet d'être passionante!

Bref, un sacré bon week end!

jeudi 4 septembre 2008

Othello - Orson Welles - 1952


Othello, un « noble Maure » tout juste marié à Desdémone, s’apprête à affronter les Turcs, à la tête de la flotte vénitienne. Par chance, les navires turcs ont été détruits par une tempête, et Othello est nommé gouverneur de Chypre. Iago, qui convoitait la place de second d’Othello, échue à Cassio, tient le Maure de Venise pour responsable et décide de se venger de lui.

Sur le tournage de Cagliostro Welles rencontre à Rome un producteur Italien admirateur de son oeuvre qui lui propose de produire son prochain film. Welles décide de se lancer dans l'adaptation d'Othello, autre grande tragédie de William Shakespeare.

Pour une fois les choses semblent bien engagées, mais Welles est obligé d'interrompre le tournage à peine celui-ci commencé faute de fonds.Commence alors pour le réalisateur une épreuve de plusieurs années , au cours desquelles il se démènera aux quatre coins du monde pour trouver de nouveaux producteurs et acceptera de tourner à peu près tout et n'importe quoi afin de réunir l'argent qui lui permettra de terminer son film... et accessoirement de chaparder des costumes qu'il recyclera dans sa production .
Ne pouvant bien entendu pas faire patienter ses acteurs pendants les longs mois que peuvent durer les interruptions de tournage, il est obligé de se débrouiller avec ceux qui sont libres au moment où il a de l'argent, recourrant à des doublures filmées de dos, encapuchonnées ou dissimulées dans l'ombre pour figurer les acteurs absents, qui à leur tour reprendont leur rôle face caméra lorsque les circonstances les y raméneront. Ainsi il se passe parfois des mois voire des années entre le tournage de deux répliques.

Certains acteurs verront même leurs voix doublées par d'autres afin que leurs personnages puissent déclamer l'intégralité de leurs dialogues. Très peu de plans ayant été tournés en studio, et devant l'impossibilité de reserver un plateau , Welles décide d'utiliser au maximum des décors naturels, ce qui le contraint à déménager régulièrement son équipe, de Venise au Maroc, en passant par Malte.

Les aléas de la production seront même à l'origine d'idées de mise scène de dernière minute qui s'avèreront géniales, comme lors du tournage de l'assassinat de Roderigo où , la livraison des costumes ayant pris du retard, Welles décida de transférer la scène aux bains turcs!

Ce tournage cahotique a bien évidemment laissé des traces, le montage est très "cut" pour un film de cette époque ( d'autant que Welles adorait les plans séquences), alternant les plans où tous les acteurs concernés étaient présents avec d'autres où certains étaient absents , afin de donner l'illusion que tous les personnages interviennent bien, le tout lié par les voix ajoutées en post synchro.

Othello est l'exemple type ( et extrème) du cinéma de Welles hors Hollywood: produit pratiquement sans aucun autre moyen que les cachets d'acteurs de son réalisateur, fait de bric et de broc, filmé quand il y avait de l'argent, avec les acteurs présents, le tout prenant alors véritablement forme sur la table de montage et de mixage, il reste cependant considéré par beaucoup comme un chef d'oeuvre du cinéma.

Le film fut présenté au festival de Cannes en 1952 sous le drapeau marocain. Il auraît pu représenter la France ( la production multicéphale du film incluait des fonds français, espagnols, marocains et américains) , mais le film étant en langue anglaise ( normal, bande de nazes, c 'est du Shakespeare!!!) le comité français de sélection a décidé qu'il ne saurait en être ainsi. Et voilà comment le Maroc ( qui n'avait pas ce genre de scrupules) a eu droit à son premier grand prix à Cannes ( pas la palme d'or , mais quand même!) .

mardi 2 septembre 2008

MACBETH - Orson Welles - 1948

Dans l'Ecosse médiévale, Macbeth, un chevalier parmi les plus fidèles à son roi, croise sur sa route après une bataille décisive un trio de sorcières qui lui prédisent qu'il sera roi. Perturbé par cette rencontre il en fait part à son épouse, Lady Macbeth, qui le pousse à accomplir sa destinée, quitte à lui donner un petit coup de pouce, en tuant le roi par exemple. Devenu souverain , Macbeth, rongé par le remord, sombre peu à peu dans la paranoia et la folie, et se conduit de plus en plus en tyran sanguinaire.




Définitivement grillé à Hollywood après les echecs successifs de tous ses projets personnels, Welles fait le tour des petites compagnies pour produire sa première adaptation cinématographique de William Shakespeare, en grand admirateur qu'il est du Barde de Stratford ( il était acteur et metteur en scène de theâtre depuis l'adolescence).

C 'est finalement auprès de la Republic, spécialisée dans les westerns, films d'horreur et serials à petit budget qu'il trouve un (modeste) financement.

Entouré d'une équipe d'acteurs de theâtre chevronnés ( Parmi lesquels on retrouve Roddy "Cornelius" Mc Dowall et Daniel O'Herlihy, le patron de l'OCP dans Robocop) qu'il a longuement fait répêter en amont du tournage pour s'assurer qu'il connaissent leur texte par coeur, équipé de costumes récupérés par-ci par-là, dans des décors pas vraiment adaptés à ce qu'on attendrait d'une pièce shakespearienne, Welles tourne en 21 jours, en exploitant tous les éléments à sa disposition pour au final livrer une vision très personnelle de Macbeth, qui , une fois de plus, déconcertera le public ( du moins le public anglo-saxon).

Et pourtant ses choix étaient tous plus que judicieux, à commencer par les décors de films d'horreur, représentant à merveille le paysage mental torturé du personnage principal , ainsi que la sauvagerie de l'histoire, ce que soulignent aussi les peaux de bêtes qui habillent les acteurs, donnant au film une apparence de récit du début des âges.

Les plus vives critiques, cependant , concerneront l'accent écossais utilisé dans le film , ce qui peut paraître logique , puisque l'action est censée se dérouler au pays des Lochs, mais le public américain , ainsi que la critique, habitués aux adaptations "classiques" de Shakespeare ( genre Lawrence Olivier) considèrent cela comme une trahison de leur dramaturge emblématique.

Qu'arriva-t-il après la première mondiale? ceux qui ont répondu " Welles fut obligé de remonter et de couper son film " gagnent un mars!Welles remonta lui-même ( pour une fois) son film , coupant certains passages qui avaient indisposé les spectateurs, et rappela ses acteurs pour post-synchroniser à nouveau le film, avec un accent plus "shakespearien". C 'est dans cette version que le reste du monde a pu découvrir le Macbeth de Welles, qui était déjà magnifique en l'état. Mais même ainsi le film fut froidement reçu aux USA et en Angleterre, alors que pratiquement partout ailleurs où il fut montré il reçu des critiques élogieuses, chacun s'accordant à souligner la maîtrise technique de l'oeuvre malgré son budget de misère, les choix judicieux de mise en scène , d'éclairages, d'utilisation du décor et de la brume ( originellement utilisée pour masquer le manque de décors , mais qui s'accorde bien avec l'ambiance générale du film), ainsi que les décisions de Welles concernant le texte lui-même: création de personnages n'apparaissant pas dans la pièce, répliques échangées entre certains personnages ( chose qu'il faisait déjà au theâtre par ailleurs, mais le public du cinéma n 'est pas le même que le public du theâtre et supporte moins facilement ce genre de "trahison").

Macbeth marque un tournant dans la carrière de Welles: ce fut le dernier film qu'il tourna dans les années 40, son premier film en dehors du système des grands studios, sa première adaptation de Shakespeare ( suivront Othello et Falstaff qui mélange trois pièces), son premier film quasiment auto-produit, et ce sera le début du Welles "artiste maudit", obligé de composer avec des moyens ridicules, courant le cachet pour trouver de quoi financer des oeuvres accouchées dans la douleur, mais traversées de fulgurances géniales telles qu'elles demeurent des chefs d'oeuvres du 7è art.

lundi 1 septembre 2008

C 'est reparti pour une année ...

Je me disais bien qu'il y avait quelque chose de bizarre ce matin. Mon idiot de réveil tout d'abord qui, vexé sans doute d'avoir été mis sur pause pendant deux mois, s'est rappelé à mon (mauvais) souvenir en me réveillant aux aurores. Titubant dans le jour naissant, je découvre en ouvrant la fenêtre que le beau temps s 'est réveillé lui aussi! Pas de doute: fini ciel gris, finie la pluie, finies les veillées jusqu'au bout de la nuit, finies les vacances! c 'est la rentrée!... enfin , la pré-rentrée.

Le pas lourd, l'oeil encore brumeux et les épaules résignées j'empoigne mon sac à dos et sors affronter ce premier jour d'une année scolaire nouvelle. Heureusement le créateur, dans sa grande mansuétude, ne nous oblige pas à endosser de suite l'intégralité de notre bardas. La confrontation avec les nouveaux élèves, le matériel a transporter, les cours à préparer, tout celà viendra bien assez tôt! Non, aujourd'hui un bloc-notes et un stylo suffiront.

Nouveau bahut, nouveaux collègues, nouvelle salle des profs... échange de souvenirs de vacances pour les uns , de ragots pour les autres, à peine le temps de faire connaissance qu'il faut en troupeau rejoindre la salle polyvalente où le grand chef ( comme chaque grand chef avant et après lui dans chaque établissement scolaire) se doit de nous accueillir par un long et soporifique discours de bienvenue dont chacun attend fébrile la conclusion afin de prendre connaissance de son emploi du temps, qui pour aussitôt protester qui pour se moquer, plus ou moins discrétement, de ses collègues moins chanceux. Mais surtout, ce que personne ne raterait , c 'est le pot de bienvenue! pour une fois qu'on peut picoler aux frais de l'état on ne va pas se priver! ha, ça fait du bien par où ça passe! Jeanine! sa petite soeur!

... et après ça il y en a encore qui s'étonnent du nombre de profs alcooliques!