vendredi 22 avril 2011

Under The Dome - Stephen King

Ce n 'est un secret pour personne , j'adore Stephen King. Ses premiers best-sellers ont bercé mon enfance et mon adolescence, et les premiers films tirés de ses livres font partie de mes meilleurs souvenirs.
Ces dernières années, cependant, même si j'adorais retrouver son style, je dois avouer que ses histoires étaient bien moins intéressantes que par le passé. Parfois même, comme dans From a Buick 8 par exemple, mais surtout dans Lisey's Story, on le voyait s'essayer à une autre façon d'écrire, moins directe, plus alambiquée, comme s'il essayait de s' affranchir du style qui avait fait sa renommée pour séduire la critique. Alors que d'habitude je dévore ses plus gros pavés en un temps record, j'ai traîné Lisey's Story pendant plus de deux mois. Bien m'en a pris, car la deuxième partie est vraiment prenante.
Plus récemment pourtant, on a commencé à assister à un retour du "vrai" Stephen King. Duma Key était véritablement terrifiant et se lisait d'une traite, et même si Blaze n'était en fait qu'un roman oublié de l'époque où il se faisait appeler Richard Bachman, sa publication participait d'un effort pour retrouver les parfums d'antan.
Enfin, avec Under The Dome, on retrouve le grand Steve! celui du Fléau ou de Ca. Un livre choral, se déroulant dans une de ces villes du Maine que King se plait à créer pour mieux les détruire. Et pour cause: il s'agit une nouvelle fois d'un roman commencé dans les années 70/80, même s'il était loin d'être fini ( seules les 70 premières pages avaient été rédigées).

La petite ville de Chester's Mill ( à mi-chemin des tout aussi fictives Castle Rock et Tarker's Mill) se retrouve un beau matin d'automne isolée du reste du monde par un dôme aussi invisible qu'indestructible ne laissant passer que l'air (et un peu l'eau). Avions, hélicoptères et oiseaux s'écrasent contre la barrière, les traces de leurs impacts semblant flotter dans les airs. Les habitants se rendent vite à l'évidence: personne ne peut rien pour eux, ils sont livrés à eux-même. Mais si la plupart des gens sont paniqués à la perspective d'être ainsi emprisonnés, d'autant que la ville est désormais coupée de la centrale électrique et que les réserves d'eau et de carburant ne vont pas durer éternellement, d'autres y voient l'occasion de régler leurs comptes et de prendre le contrôle de la bourgade.
Le titre original, qui se traduit par "Sous le Dôme" est bien plus explicite que la traduction officielle ( "Dôme" tout court): l'enjeu majeur du roman n 'est pas l'explication de phénomène ( même s'il faut bien en parler de temps en temps), mais les réactions des habitants de la ville, observées comme celles de rats de laboratoires dans un labyrinthe. Stephen King joue sur ses points fort, car s'il n'a jamais été très performant lorsqu'il s 'est attaqué à la science-fiction, il est en revanche maître dans l'art de créer des personnages, et il croque ici une galerie de portraits des plus passionnantes. A mesure que la panique gagne, les caractères s'affirment, ou tombent en lambeaux; les statistiques d'agressions, de viols, de meurtres et de suicides grimpent en flèche. Le tissu social s'effondre, en quelques jours les habitants régressent au moyen âge, et la ville est bientôt divisée en deux factions rivales, le côté de la raison étant bien entendu le plus mal loti.
La variété des personnages permet à King d'aborder de nombreux thèmes et d'adopter des points de vue très différents. On parle droits, sécurité (voire sécuritarisme) religion, drogue, liberté de la presse, bref, tous les aspects de la vie de tous les jours sont abordés et passés à la moulinette.

Un point de départ intriguant, une nouvelle ville créée et détruite en quelques jours, des personnages suprêmement bien écrits, de l'action quasi non-stop, un suspense qui va crescendo pour atteindre des sommets, tous les ingrédients pour un bon gros pavé du King comme on les aime.

mardi 19 avril 2011

La Rentrée des ...Courses!

Après la trève hivernale, les courses oficielles ont repris dans la région, la première de la saison se déroulait le 13 février à Bailleul: les 10 km du Ravensberg. Pour ceux qui, comme moi, attendent la dernière minute pour s'inscrire, c 'est à la salle Dumez que ça se passe.
J'arrive une bonne heure avant la clôture des inscriptions et il y a déjà pas mal de monde. Le Ravensberg est une des courses les plus courues de la région et on attend plus de 1 500 participants cette année.
Le lot pour chaque inscrit consiste ici en un joli coupe-vent, ça change des t-shirts ( ou t-shorts comme on dit ici). Déjà on s'échauffe sur le stade, et on sert du café pour réchauffer les concurrents.
Un aller-retour à ma tuture pour m'équiper et je gagne la ligne de départ rue de Ypres, où la foule des coureurs est déjà bien compacte. Y'a du monde! A tel point que je mets près d'une minute à passer la ligne une fois le départ donné.
Il me faudra deux bons kilomètres avant de pouvoir courir à mon aise tant la foule est dense. Pas moyen de faire moins de 4'35 au kilomètre. On zigzague, on double par les bas-côtés, on profite de la moindre ouverture pour tenter de progresser, manquant au passage de percuter des spectateurs ou de glisser dans les fossés.
Dans Ravensberg il y a le mot " berg" qui veut dire "mont". Bailleul est à deux pas des Monts des Flandres, et la campagne environnante est tout sauf plate. Après le faux-plat descendant des deux premiers kilomètres, ça n'arrête plus de monter et de descendre! La course devient stratégique: il s'agit de ne pas perdre dans les descentes ce qu'on a gagné dans les montées (ou inversement). A partir du 4è kilomètre je joue à l'élastique avec un type; je le dépasse dans les montées, il me rejoint dans les descentes. A l'approche de la dernière difficulté du parcours (la plus difficile à cause du pourcentage, mais surtout par l'accumulation des précédentes montées) je crois qu'il va finir par me distancer, mais il semble lui aussi accuser quelque peu la fatigue. Je le lâche juste avant le dernier kilomètre. Mais alors que la ligne d'arrivée se profile à l'horizon, le voilà qui me dépasse à toute allure! bon, au moins je n'aurais pas fini loin de lui!
Mon chrono affiche 46' 46'' lorsque je franchis la ligne ( le chrono officiel me donne plus de 47 minutes), un temps dont je peux être fier vu la difficulté du parcours.
La petite soupe maison proposée à l'arrivée réchauffe la carcasse, mais ça manque de buvette, et surtout de copains pour se boire une petite bière!
Un coup d'oeil au classement me confirmera que l'épreuve a battu tous les records de participation: plus de 1 700 arrivants ( je suis 597è).
Au passage, je prends un coup de vieux: mon anniversaire n 'est qu'au mois de mai, mais comme je suis né en 71 je fais désormais partie des vétérans!

Après l'ouverture de la saison de courses à pied dans les Flandres, j'ai participé à celle du Valenciennois.
Le 20 février c'était la Course de Brennus à Sebourg. Deux courses en une: un 5 km et un 10 km.
Arrivé bien en avance, j'ai eu largement le temps de m'inscrire et de m'échauffer avant l'arrivée de Chti Vincent et de Chti Grincheux, ce dernier habitant dans le coin.
J'avais vu sur internet que le départ était à 9h30. Une fois sur place, il apparaît que c 'est plutôt 10h, mais en fait c'est le 5 km qui part à cette heure-là, nous nous préparons donc à partir à 10h30. On va se retrouver à passer deux fois plus de temps à s'échauffer qu'à courir! enfin, au moins on ne risque pas le claquage!
A 10h25 le coup de feu du starter surprend tout le monde, du coup je cafouille avec mon chrono, je n'aurai pas mon temps exact. Tant pis, on court.
Les premiers hectomètres sont composés d'une longue descente, à l'occasion de laquelle je tente de remonter le peloton compact. Comme la course de la semaine dernière, celle-ci est très fréquentée, et on se marche un peu sur les pieds. Ca monte et ça descend assez régulièrement, et vers le 3è km nous nous retrouvons dans des chemins boueux traversant les champs. Ca embaume la campagne, d'autant qu'on longe des tas de fumiers et des élevages de poulets. A part ça le paysage est quand même très plaisant, c 'est assez vallonné et boisé dans le coin.
Même sans chrono, je me rends compte que j'avance plutôt bien, un peu moins de 5 minutes au kilomètre, même après la mi-course.
Mais c 'est à ce moment que les vraies difficultés commencent: tout d'abord une belle côte vers le 6è km puis une autre juste avant l'arrivée, très raide et assez longue.
Il ne pleut pas vraiment, mais le crachin finit par imbiber mon dossard et je manque de le perdre, je termine la course en tenant dans ma main une masse informe de papier brun.
La ligne d'arrivée en ligne de mire je résiste aux derniers concurrents essayant de me dépasser et je dois terminer dans les 45' 37 selon le chrono officiel, soit mon temps intermédiaire à Ploegsteert en novembre dernier.
Une fois la ligne franchie on retrouve l'organisation hasardeuse de la course: on nous fait longuement patienter entre les barrières avant de prendre nos dossards (ou ce qu'il en reste).
Heureusement le ravito final vaut le coup: une bonne omelette nous attend à la salle polyvalente!
Mais je ne peux pas m'attarder, je retrouve Chti Vincent et Chti Grincheux pour rallier la maison de ce dernier où un plantureux repas bien arrosé nous attend.

samedi 9 avril 2011

Sucker Punch - Zack Snyder


J'entretiens une relation plutôt paradoxale avec le cinéma de Zack Snyder.
D'un côté il fait des films plutôt divertissants et bien fichus, mais d'un autre côté je ne n'aime pas trop certains de ses tics de réalisation ( ces ralentis quasi-systématiques par exemple), et il faut aussi avouer que sur Watchmen ses choix musicaux étaient pour le moins étranges (sans parler de la sous-intrigue sur l'épouse de Léonidas dans 300, absente de la bd originale et totalement inutile ).
Pour la première fois de sa carrière, donc, Snyder met en scène un projet personnel. Ni un remake, ni une adaptation de bd, mais un truc qu'il a écrit lui-même. Le moment est donc venu de juger de ce que le bonhomme a dans le ventre!
Dès l'introduction, une évidence se fait jour: Zack Snyder est un véritable cinéaste. En un peu plus de 5 minutes il parvient, lors d'une séquence sans aucun dialogue, à transmettre tant d'émotion que le doute n 'est plus permis.
Une fois le film lancé, une autre évidence apparaît: Zackinou a des choses à dire!
Bien sûr, tout cela est enrobé dans du joli papier et fleure bon le sucre et l'acidulé (voire le racolage) au premier abord, mais cette histoire de jeune fille incarcérée par un beau-père qui veut la faire lobotomiser et qui cherche dans son imaginaire les clés de sa liberté est bien plus complexe qu'elle n'en a l'air, et ceux qui hurlent au foutage de gueule lors du twist (mais en est-ce vraiment un?) final, ont oublié nombre d'indices disséminés en cours de route par le réalisateur.
Car Sucker Punch n 'est pas qu'un rêve éveillé de geek, c 'est un grand film initiatique et épique sur la culpabilité et le sacrifice, servi par des images somptueuses, des scènes de bataille proprement dantesques, et des acteurs collant à leurs personnages multiples.
Le genre de film pour lequel le qualificatif "culte " a été inventé, d'autant qu'il ne marche pas si bien que ça aux States, le studio ayant invité Snyder à se concentrer plutôt sur son remake de Superman plutôt que de penser à de nouveaux projets personnels, du moins dans le court terme.
Reste à espérer que sa version des aventures de notre kryptonien préféré marche suffisamment bien pour qu'il puisse se consacrer ensuite à des films aussi personnels et réussis que Sucker Punch.