samedi 25 avril 2009

Dans La Brume Electrique- Bertrand Tavernier


"Mais qu'est-ce qu'il lui arrive?" êtes-vous sans aucun doute en train de vous dire lecteurs éventuels, "Voilà deux fois en un mois que Tonton Arka va voir un film français? Mais où va le monde?"
Il est vrai que je ne suis guère friand de cinéma héxagonal, celui-ci n'opérant que marginalement dans les genres que j'affectionne, mais ce film-ci, justement, n'a rien d'un film français "normal".
Tout d'abord il a été tourné aux U.S.A, en anglais, avec des acteurs américains, et est l'adaptation d'un roman local.
Ensuite Tavernier est loin d 'être un réalisateur français standard, préférant aux états d'âme des éternels bobos-trentenaires-parisiens chers à ses confrères l'exploration des tréfonds de l'âme humaine, ce qui est beaucoup plus interessant et universel.
Enfin, il n'en est pas à son coup d'essai dans la langue d'Hemingway, puisqu'il a déjà réalisé un film et un documentaire là bas.
Et puis de toute façon je vais voir ce que je veux, non mais!
Mais assez tourné autour du pot, ce film est un chef d'oeuvre qu'il ne faut absolument pas manquer!
Situé dans une petite ville de Lousiane quelque temps après le passage de l'ouragan Katrina (dont on peut voir les séquelles dans certaines scènes), Dans La Brume Electrique suit l'enquête de Dave Robicheaux, sheriff d'une petite ville de Lousiane, sur une série de crimes atroces perpétrés sur de jeunes femmes marginales. Parallèlement le squelette d'un homme noir assassiné quarante ans auparavant réapparait. Les deux affaires seraient-elles reliées?
Dans la Brume Electrique est un film ancré dans sa réalité locale, aux effluves de marécage, au rythme indolent. Comme les bayous de Louisiane, il abrite de nombreux secrets, parfois enfouis très profondément, mais qui finissent toujours par refaire surface. Ici les fantômes du passé ne hantent pas que les rêves, ils cotoient les vivants et leur font profiter de leur sagesse chèrement acquise. Tous aspects magnifiquement illustrés par la magnifique photographie de Bruno de Keyser, la musique envoutante de Marco Beltrami et la réalisation sans faille de Tavernier.
Les acteurs ne sont pas en reste, Tommy Lee Jones en tête, dans un rôle proche de celui qu'il avait dans No Country For Old Men d'homme de loi fatigué autant occupé à mener son enquête qu'à combattre ses démons, et John Goodman n'a jamais été aussi inquiétant.
Un grand film, tout simplement.

vendredi 17 avril 2009

Reveil "Matinale"



Oui, je sais, il y a une faute dans le titre, mais c 'est fait exprès!
En regardant la télé ce matin ("La Matinale" sur canal+, vous voyez que tout s'explique!) avant d'aller au boulot je suis tombé sur ça:
Pour une fois la "télé-réalité " donne à réfléchir... sur elle-même.
Ces soit-disant concours où chacun a soit-disant sa chance pourvu qu'on ait le talent viennent de se prendre une claque en pleine tronche, et ça fait du bien. Car enfin, tout ce qu'on nous montre depuis que ce genre de truc existe ce sont des gravures de mode qui savent au mieux chanter de façon acceptable. Le peu de succès qu'ont les albums des lauréats des diverses Star Ac' ou autres Nouvelle Star est éloquent: on n'a pas envie d'entendre ça , et encore moins d'acheter leurs albums. Car enfin la musique s'écoute avant tout! c'est un fait que les spectateurs et le jury de cette émission anglaise semblent soudain redécouvrir! Le talent ne se fabrique pas, ne se plie pas au bon vouloir des producteurs, il EST tout simplement.
L'on voit ici une respectable dame de 47 ans , célibataire ("mais qu'est-ce qui cloche chez elle?" peut-on presque entendre dans les murmures moqueurs du public et du jury) se présenter au casting de l'équivalent anglais de la Nouvelle Star. Mais qu'est-ce qui a pu lui passer par la tête (qu'elle n'a par ailleurs pas fort jolie diront certains), ne sait-elle pas que ce que veut le public dans ce genre d'émission c 'est de jeunes éphèbes ou des jeunes filles à peine pubères se trémoussant sur des rythmes endiablés? Qui croit-elle interesser avec son visage rébarbatif et sa robe de grand-mère?
Seulement voilà, la dame à la robe de grand-mère sait chanter, et fort bien qui plus est!
Comment ça? les moches savent chanter? depuis quand?
Et bien depuis toujours figurez-vous! Vous pensez peut être que Charles Aznavour a été un Adonis dans sa jeunesse? et Edith Piaf? c 'etait un top model peut être?
L'omniprésence de la télévision et les codes qu'elle nous a imposés ( notamment esthétiques) nous ont à ce point conditionné qu'on s'étonne qu'une femme au physique quelconque puisse pousser la chansonnette aussi bien , et parfois même mieux, qu'une nymphe en survet'. Il a fallu l'apparition d'une dame au tempérament bien trempé ( il en faut des couilles pour oser se frotter à ce milieu là quand on n 'est pas du sérail) pour que les spectateurs, et le jury, se rendent compte d'une chose: le talent ne dépend pas du physique!
Madame Suzan Doyle, tous mes voeux vous accompagnent! Si vous gagnez les pochettes de votre album seront peut être moins aguicheuses, mais les chansons seront certainement bien plus agréables à écouter que celles de vos devancières!

jeudi 16 avril 2009

Le Shaolin Cowboy- Part 3


Suite des aventures du Shaolin Cowboy, et cette fois les choses deviennent sérieuses. Ou plutôt complétement cinglées!
Jusqu'ici notre héros n'avait affronté que des adversaires somme toute plutôt faciles. Ils compensaient leur relative faiblesse par leur nombre ( livre 1) ou par un caractère véritablement increvable, même coupés en morceaux ( livre 2).
Jusqu'ici Le Shaolin Cowboy ne faisait qu'errer dans un desert sans fin.
Jusqu'ici Geoff Darrow n'avait pas se fouler pour les décors.
Tout ceci change dans cette troisième livraison du comic book ultra gore du génie du crayon. Ainsi que l'indique le titre, nous allons à la ville! Mais pas n'importe quelle ville, ce serait trop simple, la ville en question, invoquée par les collègues de Mr Excellent, se trouve sur le dos d'un énorme lézard qui va gober notre laconique combattant, le projetant ainsi dans les égouts particulièrement mal fréquentés de la citée. Là, au milieu des cadavres en putréfaction dont se nourrit toute une foule de charognards, et séparé de son fidèle compagnon, la mule parlante nommée Evelyn D. Winnieford, le Shaolin Cowboy se retrouve aux prises avec une horde de requins avides de chair fraîche.
Après avoir repoussé les limites de la folie furieuse dans les deux premiers volumes, Geoff Darrow les explose littéralement ici. maintenant c 'est certain: après un coup pareil on ne peut plus rien prendre pour acquis, on sait que l'auteur est fou à lier.
Mais Dieu que c 'est jubilatoire!

lundi 13 avril 2009

Tristes Héros...


Alors que la saison 3 de Heroes, actuellement diffusée aux USA, touche à sa fin, l'heure est au bilan.
Après une première saison très réussie, quoi que manquant passablement de rythme, une deuxième saison tronquée pour cause de grève des scénaristes, la troisième saison était attendue avec impatience par les nombreux fans de la série, dont votre serviteur.
Le dernier carton de la saison 2 affichant 'Villains', l'on se préparait à enfin être témoin de bastons homériques dignes des comics de Stan Lee et Jack Kirby. Jusqu'ici il n'y avait qu'un seul méchant aux super pouvoirs et l'on était impatient de découvrir les autres.
Las, les scénaristes semblent avoir écrit cette saison aux prises avec une énorme gueule de bois, tant les choix narratifs se révèlent plus qu'hasardeux et, ce qui est plus grave, non assumés.
Des personnages apparaissent pour disparaitre après quelques épisodes, un personnage phare de la série disparait pour être remplacé par un autre qui lui ressemble physiquement ( au point d'être joué par la même actrice), enfin la saison entière souffre d'un manque de cohérence. Des intrigues sont mises en place pour subitement être écartées au profit d'autres pas forcément plus interessantes, les héros changent de pouvoir sans prévenir, Mohinder nous joue le remake de La Mouche et Hiro Nakamura se révèle être le plus gros gaffeur de la planète, provoquant à lui tout seul, et sans aucune justification, les évènements du premier "story arc".
C 'est vraiment du grand n'importe quoi!
Pour couronner le tout, Sylar est outrageusement mal employé. Les scénaristes semblent ne pas savoir que faire de lui. Il passe même d'un côté à l'autre de la frontière bien/mal à plusieurs reprises sans forcément que celà soit justifié.
J'ai vraiment du mal à croire que le grand Jeph Loeb fait partie de l'équipe "créative" de la série!
Les scénaristes semblent un peu reprendre leurs esprits en fin de saison, mais le mal est fait, et franchement je n'attends pas grand chose de la saison4.
Au moins ça ne pourra pas être pire!

mercredi 8 avril 2009

Ponyo Sur La Falaise -Hayao Miyazaki



De deux choses l'une: soit j'ai de la merde dans les yeux, soit les distributeurs font mal leur boulot. J'avais bien remarqué ces dernières semaines des affiches présentant un drôle de poisson, mais le nom du réalisateur ne m'était pas sauté aux yeux. Par ailleurs, avec tous les sites et forums sur le cinéma que je fréquente je n'étais même pas au courant de la sortie imminente du nouveau dessin animé de Miyazaki! Il aura fallu que , profitant d'un de mes rares moments de tranquilité au boulot, je feuillette hier l'agenda des sorties sur Lille pour apprendre qu'une avant-première avait lieu le soir même , dans un des cinéma estampillé "art et essai" de Lille, garantie de le visionner en V.O.
18h, cours terminés, planning des oraux bouclé, sujets d'examens blancs remis, je peux enfin rentrer chez moi. Pas le temps de me faire à manger, je ressors aussitôt avec mon sac à dos et gagne le centre ville. Une heure avant la séance il reste encore une petite centaine de places. j'en profite pour prendre une carte d'abonnement, après tout je viens souvent dans cette salle!
En attendant la séance je me pose dans un café proche afin de siroter une petite bière et machouiller un sandwich tout en m'avançant dans mes lectures. La vache! 6.70 le sérieux de Leffe! les prix ont monté ici! faut la faire durer!
19h30, je me rend au cinéma, la salle est presque pleine. le public est varié: des étudiants, des personnes d'âge, disons , mûr, et même des jeunes enfants. je ne sais pas si ces derniers comprennent le japonais , mais les images devraient les séduire.
Séquence pré-générique: au fond de l'océan, un drôle de bonhomme s'occupe à de mystérieuses tâches, faisant jaillir des éclairs colorés, derrière lui, dans le bateau-sous-marin qui semble lui servir de demeure, un drôle de petit poisson à tête humaine l'observe l'air nerveux. Voyant qu'il ne la regarde pas il se sauve dans la direction opposée, sous les regards envieux et tristes de milliers de minuscules répliques de lui-même.
Après le générique nous passons au monde de la surface pour faire connaissance de Sosuke, 5 ans , et de sa maman, qui habitent une drôle de maison perchée au sommet d'une falaise. Alors qu'il joue en contrebas, il remarque un drôle de poisson prisonnier dans un bocal, c 'est notre ami du début.
Sosuke adopte la curieuse créature et la baptise Ponyo. Il la promène partout avec lui, la montrant à sa maman et aux petites vieilles malicieuses de la maison de retraite où celle-ci travaille.
Pendant ce temps, Fujimoto, le père de Ponyo, remue ciel et terre (et océans) pour la ramener chez elle.
Je m'arrête là pour ne pas trop spoiler.
On retrouve avec plaisir tous les éléments qui ont fait le succès de Miyazaki san: l'enfance, l'écologie, les bons sentiments (pas de méchant ici), le thème de la responsabilité, l'importance de respecter les choix de chacun. Le petit Sosuke a des airs de famille avec le petit Kenta de Totoro, Ponyo, dans son incarnation humaine, ressemble beaucoup à la petite Mei du même film, Fujimoto rappelle beaucoup le magicien du Château Ambulant, les petites soeurs de Ponyo quant à elles évoquent tour à tour les esprits de la forêt de Princesse Mononoke ou les noireaudes de Totoro et de Chihiro, et l'on a bien sûr droit à des déferlements de masses organiques comme dans Mononoke et Chihiro.
La magie est omniprésente, mais l'histoire est bien moins confuse que celle du Château Ambulant. Le réalisateur prend visiblement plaisir à regarder Ponyo s'efforcer de devenir une vraie petite fille, et il faut admettre que ses scènes sont parmi ses plus poétiques et touchantes depuis Totoro.
Un film qui fait passer un agréable moment, dont on ressort un sourire beat aux lèvres avec l'impression de flotter au dessus du sol.
Encore une fois bravo Monsieur Miyazaki!

jeudi 2 avril 2009

Safari- Olivier Barroux




Une fois n 'est pas coutume je suis allé voir une comédie, française de surcroît.

Sans révolutionner le genre ( ce n 'est pas ce qu'on lui demandait de toute façon), Olivier Barroux, qui retrouvait ici son complice de plus de 15 ans Kad Merad, entre temps devenu une super star dans le monde francophone, livre ici un film très réussi, sans temps morts et aux personnages attachants.

La mise en scène est la plupart du temps fonctionnelle, se reposant sur une distribution impeccable, Kad en tête, qui retrouve ici son compère des Chtis, Guy Lecluyse ( décidément il est beaucoup question de retrouvailles dans ce film), entourés entre autres de Valerie Benguigui, Frédérique Bel et Lionel Abelanski, auxquels se joignent à l'occasion de croustillants caméos des Yannick Noah ou Omar Sy ( du S.A.V de Canal+).

Pour autant le métrage s'écarte à plusieurs occasions du simple téléfilm gonflé pour les salles obscures, grâce aux magnifiques paysages de l'Afrique du Sud, mais aussi lors de certaines séquences filmées de façon plus originales que la moyenne, surtout pour une comédie héxagonale.

De l'éxotisme, de l'humour, des sentiments, un zeste de danger et de drame, Safari c'est bon , mangez-en!