samedi 27 décembre 2008

LE BON, LA BRUTE ET LE CINGLE- Kim Jee-Woon

Quelque part dans les années 30, en plein désert de Mandchourie, trois personnages ( un chasseur de primes, un tueur à gages et un bandit) se pourchassent et s’affrontent les uns-les autres pour la possession d’une carte au trésor tout en tentant d’échapper à l’armée d’occupation japonaise et à une horde de bandits Mandchous.


Le titre évoque immanquablement l’un des plus célèbres film de Sergio Leone, et indique sans erreur possible que nous sommes en présence d’une sorte de Western asiatique. Il était inévitable que l’Asie se frotte à son tour à ce genre (C’est même déjà fait en Thaïlande), certains Westerns classiques ayant recyclé des récits de Samourais, et le Western Spaghetti, dont le modèle pour ce métrage est l’un des meilleurs représentants, ayant emprunté nombre de codes narratifs typique du cinéma de ce continent pour se forger une grammaire propre.
C’est ici la Mandchourie qui prend la place des grands espaces de l’Ouest sauvage, un choix des plus judicieux puisque, outre la ressemblance physique des paysages, cette région a longtemps été une pomme de discorde entre les trois puissances locales. Le statut des Coréens, écrasés à la fois par les japonais et les puissances occidentales qui dominaient alors la Chine, rappelant de plus le sort des Mexicains frontaliers, luttant chacun à leur manière pour survivre.
Mais assez parlé du contexte historique, Le Bon, La Brute Et Le Cinglé est avant tout un divertissement, ainsi qu’une belle occasion pour le réalisateur d’étaler tout son savoir-faire technique. L’attaque du train qui ouvre le film donne le ton: mouvements de caméras virevoltants, couleurs chaudes, fusillades interminables, personnages charismatiques ou improbables ( ah ce guerrier Mandchou qui se promène toujours avec son marteau de guerre!), tout est pensé pour flatter l’œil et frapper les imaginations. De fait, la quête et les poursuites des personnages se suit sans aucun ennui. On retrouve avec bonheur Lee Byung-Hun, le héros de A Bittersweet Life, le précédent métrage du réalisateur sorti chez nous en 2006, en tueur froid, sophistiqué et impitoyable, et surtout Song Kang-Ho, véritable star au Pays du Matin Calme (On l’a vu dans Memories Of Murder et The Host notamment), et qui s’adjuge la part du lion, cabotinant, pour notre plus grand bonheur, comme si sa vie en dépendait. Le troisième personnage est malheureusement beaucoup plus en retrait et manque singulièrement de charisme pour prétendre exister face aux deux monstres sacrés pré-cités. La caractérisation, notamment de ce personnage, est le seul véritable point faible de ce film.
Si Le Bon, La Brute Et Le Cinglé est un Western , il n’en oublie pas son identité asiatique pour autant, que ce soit dans le choix des armes des protagonistes ( il y a le Mandchou au marteau, bien sûr, mais nombre d’hommes de main brandissent aussi des sabres) ou dans les situations ( la scène de la bagarre dans l’auberge, passage obligé de tout film de sabre).
Comme pour échapper à la comparaison inévitable avec le chef d’œuvre de Sergio Leone, Kim Jee-Woon désarçonne son audience en empruntant quelques éléments à l'univers de Mad Max : le marché aux marchandises volées ressemble étrangement à BarterTown ( la ville sur laquelle règne Tina Turner dans Mad Max 3) et la poursuite finale où tous les protagonistes sont enfin réunis (les trois personnages principaux, l’armée japonaise, les bandits Mandchous) et se poursuivent à bord de tous les véhicules imaginables ( Chevaux, motos, voitures, camions…) évoque les poursuites qui concluent les deux derniers films de la saga de George Miller.
Voilà donc un joyeux fourre-tout, un véritable film pop-corn et référentiel ( on retrouve dans la b.o la même version de Misunderstood qui figurait dans Kill Bill) qui, à l’image du récent Doomsday de Neil Marshall, n’a d’autre ambition que de faire passer un moment agréable au spectateur.
A consommer sans modération!

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