Au commencement était Stephen King.
Celui qui n’était pas encore le Maître de Bangor, fasciné à la fois par l’oeuvre épique de Tolkien et les grands espaces des westerns, accoucha un jour d’un récit étrange suivant la quête d’un « Gunslinger », à la poursuite à la fois d’un maléfique et mystérieux « Homme En Noir » et de La Tour Sombre, centre de l’univers, et même du multivers, puisque si la terre où évoluent ces personnages est situé dans une réalité parallèle, les frontières du temps et de l’espace sont bien minces, et les aller-retours sont fréquents entre les mondes et les époques.
Oeuvre somme de King, la quête de Roland Deschain a mis des années à s’achever. Entre les premiers mots couchés sur le papier et la parution du septième et dernier volume il se sera écoulé plus de 30 ans.
Entre temps l’Homme du Maine est devenu le plus gros vendeur de bouquins de son époque et les adaptations cinématographiques de ses écrits ne se comptent plus. Mais pas question de céder les droits de son épopée au premier producteur venu. Cette oeuvre lui tient à coeur et il entend qu’elle soit respectée, d’autant qu’elle est proprement inadaptable en l’état.
Mais le cinéma n ‘est pas le seul à lui faire les yeux doux, et la Marvel vient un jour le trouver avec un projet aussi ambitieux que séduisant: pourquoi ne pas réaliser un comic book basé sur les romans?
Le resultat, d’une fidélité exemplaire au matériau original, est sorti cette année en langue française dans une luxueuse édition cartonnée en trois volumes relatant la jeunesse de Roland, de son apprentissage aux mains de Gort, le maître d’armes du royaume westerno-médiéval de Gilead , jusqu’à la conclusion tragique de sa première mission en compagnie de ses amis Cuthbert et Alain. Un choix éditorial des plus judicieux , les événements en question, bien que n’ayant été relatés que tardivement dans la saga, représentant la genèse du personnage central de l’oeuvre et pouvant constituer un récit complet.
C ‘est à Peter David, le scénariste qui a révolutionné la mythologie Hulk, qu'échoit la délicate et ingrate tâche d'adapter les textes, tandis que Jae Lee, responable pour sa part de runs d’anthologie sur The Submariner ( avec son idole, le vétéran John Byrne au script) et The Inhumans, s’occupe des illustrations. Le resultat est proprement magnifique, laissant évidemment la part belle aux tableaux iconiques de Lee dont le style cinématographique et expressioniste, tout en jeux d’ombres et de lumière, aux traits fins et élégants confère à ce monde étrange une irréelle beauté crépusculaire. Les vignettes sont souvent étirées sur toute la largeur de la page , évoquant les cadrages du cinémascope, l’action est détaillée en une série de gros plans très Leoniens, et les « splash pages » invitent à la contemplation à la manière des longs plans fixes du western spaghetti. Les couleurs tour à tour chaudes ou froides donnent l’impression de sentir le soleil du desert nous brûler la peau où de déambuler dans la fraicheur humide des rues sombres de Gilead. Le texte, jamais envahissant, nous invite à accompagner le narrateur, à en être complice même parfois à mesure que sont évoqués, de façon parfois sybilline, des événements dont les héros ne peuvent avoir connaissance.
Chaque épisode est suivi d’un article apportant des précisions sur l’histoire de cette terre parallèle, les origines des « Gunslingers » ou de ce mystérieux « Roi Cramoisi » qui menace de plonger l’univers dans le chaos,rédigé par Robin Furth et illustré par Richard Isanove ( coloriste de la série).
Cette première fournée n ‘est que la première des mini séries consacrées à la sage du King, deux autres sont déjà sorties aux Etats Unis.
Une seule chose à dire: vivement la suite!
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