L'évènement est de taille: outre des scénarios ( notamment pour All-Star Batman, avec Jim Lee, série jamais terminée) et des couvertures, Frank Miller n'avait plus publié de comic book depuis 10 ans!
Il est vrai qu'il s'était entre-temps entiché du septième art, tout d'abord en collaboration avec Robert Rodriguez (Sin City, carton planétaire) puis tout seul comme un grand ( The Spirit, grosse plantade) et faisait surtout parler de lui pour ses prises de position, disons, très à droite ( même pour les Américains) et surtout ses commentaires sur la civilisation musulmane qui feraient passer la famille Lepen pour des démocrates modérés.
Dans ce contexte la résurgence de cette arlésienne que constitue Holy Terror ( Terreur Sainte, pour les non-anglicistes) ne manque pas de surprendre.
Tout d'abord envisagée, au lendemain du 11 septembre, comme une aventure de Batman (façon Dark Knight en plus musclé) l'histoire s 'est vue opposer un véto ferme de la part de DC qui ne voulait surtout pas confronter ses héros à des personnes ou menaces réelles.
Obligé de composer sans l'icône qui fit sa gloire, Miller modifie donc son histoire, cherche un nouvel éditeur et transforme l'homme chauve-souris en "Fixer", un héros hyper violent qui n'hésite pas, lui, à flinguer ses ennemis, ce qui doit, quelque part, bien arranger l'auteur qui en profite pour se défouler.
On a en effet bien du mal à imaginer Batman dans cette histoire très primaire où on zigouille du terroriste islamiste façon Chuck Norris, par paquets de 12 et sans aucun état d'âme, même si quelques éléments trahissent l'inspiration des personnages et des lieux; Le "Fixer" n'a aucun super pouvoir, se balade de toit en toit, et court après une cambrioleuse ( une "cat burglar") rappelant fortement Catwoman avec qui il entretient des relations plus que platoniques et il a dans la police un contact, un officier bourru qui fume cigarette sur cigarette et hurle ses ordres à un agent flegmatique ( les amateurs auront reconnu la version Miller du commissaire Gordon et de l'agent Merkel dans Dark Knight).
Voilà pour les aspects les plus sympathiques de ce roman graphique.
Pour le reste le scénario est aussi caricatural que le trait (je suis de moins en moins fan de l'évolution graphique de Miller) et semble donner raison aux critiques qui voyaient en 300 une charge anti-orientale: dans une scène clé le méchant responsable local ( il dit lui-même qu'il n 'est qu'un rouage) a une allure de gravure babylonienne avec son vêtement bardé de perles façon Xerses.
Grosse déception donc ... mais indispensable pour les complétistes comme votre serviteur.
Morts en duo
Il y a 1 an