vendredi 29 août 2008

IT'S ALL TRUE -Wilson /Meisel /Krohn d'après un film inachevé d'Orson Welles 1993



En 1942,peu après l'entrée en guerre des USA, et alors qu'il termine le tournage de La Splendeur Des Ambersons et de Voyage Au Pays De La Peur ( que la postérité attribuera à Norman Foster), Orson Welles est contacté par un certain Rockefeller, gros actionnaire de la RKO, afin de réaliser plusieurs films à visée propagandiste en Amerique du Sud pour renforcer l'unité panaméricaine. En bon patriote il accepte. Il doit au départ réaliser trois films: un au Mexique et deux au Brésil ( dont les sympathies du dictateurs de l'époque, Vargas, penchaient plutôt du côté de l'Allemagne nazie). Avant de partir , on lui promet qu'on lui enverra les rushes de ses films et une table de montage afin qu'il puisse les achever tout en tournant.Le tournage au Mexique avance bien , et il laisse à son ami Norman Foster le soin de terminer cette histoire d'amitié entre un jeune paysan et un taureau. Welles embarque donc pour le Brésil où il compte filmer le carnaval ( " autant capturer un ouragan " ). Ne sachant trop par quel bout prendre cette manifestation culturelle si étrangère à ce qu'il a connu jusqu'ici il se laisse peu à peu gagner par le rythme de la samba , et décide que le carnaval ne sera que le point de départ de son film , le sujet en devenant la samba et ses origines vaudoues. Dans le même temps il tombe sur un fait divers relaté dans le Times concernant l'odyssée de quatre pêcheurs du Nordeste , qui ont accompli un voyage de plus 2 500 km à bord de leur jangada ( bateau de pêche franchement pas équipé pour un voyage pareil) pour porter leurs doléances au président, et décide de tourner une reconstitution de cette aventure avec les vrais héros. Pendant ce temps, un changement de direction a lieu à la tête de la RKO et le nouveau président demande à voir comment est utilisé le million de dollars confié à Welles. On lui fait voir les rushes du carnaval ( sans le son), et ne comprenant pas pourquoi Welles a tenu à filmer ces noirs qui s'agitent il décide de lui couper les vivres et d'annuler le tournage. Welles, de son côté , est en pleine tragédie, puisque l'un des marins meurt lors du tournage. Il décide malgré tout de finir le film en hommage au disparu. Il se débrouille avec les 10 000 dollars et le peu de pellicule noir et blanc qu'il lui restait, espérant pouvoir monter et post-synchroniser son film une fois rentré. Malheureusement à son retour il apprend qu'il est remercié pour cause de gaspillage des finances du studio ( il va sans dire qu'on ne lui a jamais envoyé de table de montage pour finir ses deux films précédents) . Il tentera pendant plusieurs années de racheter le film, en vain. On a longtemps cru que l'intégralité des rushes avaient été détruits, jusqu'au début des années 80, peu avant la mort de Welles, où on retrouva quelques bobines dans un entrepôt de la Paramount. Il ne reste plus grand chose des images du carnaval et de l'histoire du petit garçon et de son taureau, par contre le segment sur les pêcheurs est à peu près complet, ne manque que le son. Le tout a donc été restauré, des bruitages et de la musique ajoutés, une présentation d'époque de Welles en personne intégrée, et des interviews des survivants du tournage complètent ce témoignage d'un film miraculé.

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