lundi 22 juin 2009

Jusqu'En Enfer - Sam Raimi


Avant que sa trilogie arachnéenne ne devienne une tétralogie, Sam Raimi a donc décidé de revenir à un "petit" budget (plus de 30 millions de dollars quand même!) et surtout à ses premières amours: le film d'horreur!
Dire que l'attente des fans de la première heure était grande serait un euphémisme. Le dernier film du genre réalisé par Sam Raimi remonte tout de même à 1994 avec Evil Dead 3, un film qui a lui-même divisé les fans tant il misait avant tout sur la comédie, creusant davantage le sillon entamé avec Evil Dead 2, plutôt que l'horreur pure du premier opus.
Depuis il s'était écarté des sentiers horrifiques et avait goûté à à peu près tous les genres possibles et imaginables: le western (Mort ou Vif ), le thriller (Un Plan Simple), le film sportif (Pour L'Amour Du Jeu) et bien sûr le film de super héros (auquel il avait déjà goûté avec Darkman).
Alors qu'en est-il de ce Drag Me To Hell?
Autant le dire tout de suite, les amateurs de barbaque et de geysers de sang seront déçus. Le film est classé PG13 aux USA, et ne peut donc se permettre trop de débordements sanglants, mais celà ne veut pas dire qu'il ne fait pas peur.
Un film d'horreur ce n 'est pas que du sang. Faire peur c 'est avant tout une question de mise en scène, et de côté là le père Sam n'a rien perdu de sa virtuosité. Ses expériences dans le cinéma "sérieux" lui ont même permis de mieux gérer ses effets pour en décupler l'efficacité.
Ainsi Jusqu'En Enfer est un film qui prend le temps de poser ses personnages et son intrigue dans des scènes faussements banales, mais filmées au cordeau. Loin de l'hystérie des Evil Dead, l'histoire s'installe classiquement, les personnages et leurs motivations sont clairement exposés.
Ainsi lorsque l'enfer se déchaîne le film n'en devient que plus jouissif. Sam Raimi peut alors s'éclater avec ses mouvements de caméra incroyables, ses cadrages barrés et ses effets spéciaux, pour la plupart "live".
Jusqu'En Enfer est donc un film "à l'ancienne". Pas de torture à la Hostel ou à la sauce Saw ici, pas de cgi envahissants, juste un scénario solide, un réalisateur talentueux et des acteurs impliqués. Justin Long est très convainquant dans un rôle d'adulte ( lui qui est généralement cantonné aux ados atardés) et Alison Lohman donne de sa personne: balancée d'un bout à l'autre du décor, aspergée de substances diverses, enterrée, noyée, le visage recouvert de bestioles peu ragoutantes, elle est la digne héritière du Bruce Campbell de la série fétiche de Raimi, le tout rythmé par la musique ample et inquiétante de Christopher Young qui signe ici une partition très "Elfmaninenne" digne de son travail sur Hellraiser.
Paradoxalement ce retour aux sources a été boudé par le public, le film ne rentrant que de justesse dans ses frais en première exploitation. Il faut dire que le public hardcore de Sam Raimi, celui des Evil Dead, est somme toute assez réduit. Si la saga a été rentable c 'est avant tout parce qu'elle ne coûtait pratiquement rien. D'un autre côté, le public qui ne connait de ce réalisateur que les Spîder Man ne peut manquer d'être désarçonné par un film aussi violent, glauque et pessimiste.
Quoi qu'il en soit, il serait dommage pour tout fan d'horreur qui se respecte de passer à côté de la plus belle réussite du genre depuis le début de l'année!

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