jeudi 26 février 2009

Gran Torino - Clint Eastwood


Mine de rien celà faisait tout de même près de cinq ans que l'on n'avait vu le grand Clint sur un écran de cinéma, et bon sang que ça fait plaisir!
Depuis 2004, l'année de Million Dollar Baby, Clint a réalisé trois films pour lesquels il n'était que réalisateur: le dyptique sur la bataille d'Iwo Jima et Changeling (L'Echange en VF). Trois très bons films, mais la présence charismatique de sa haute silhouette commençait à manquer.
Et quand on sait qu'il a déclaré que ce serait ici sa dernière apparition en tant qu'acteur on ne peut s'empêcher de voir Gran Torino comme une espèce de testament, du moins à sa carrière d'acteur.
De fait, le dernier film de l'homme de Malpaso contient de nombreux clins d'oeil à ses rôles passés. Il incarne comme à son habitude un homme solitaire ( ici par la force des choses, puisque veuf), raciste (Harry Callahan), un vieillard bougon hanté par son passé (comme dans Million Dollar Baby), qui a le juron et le crachat facile ose tenir tête à un gang (un million de film dans les années 70/80), et qui prend sous son aile un jeune paumé. Les tâches qu'il lui fait accomplir ainsi que son franc parler et son humour très particulier ne sont pas sans rappeler, toutes proportions gardées, l'entraînement des marines qu'il a sous ses ordres dans Le Maître de Guerre. La situation d'un vieillard en fin de vie évoque aussi par moments Créances de Sang, voire Honkytonk Man.
Pour autant, loin de ressembler à un best of de ses précédents films, Gran Torino dégage une fraîcheur dont pourraient s'inspirer nombre de jeunes réalisateurs. Clint Eastwood évoque ses rôles passés sans nostalgie, ce film étant une manière pour lui de tourner la page, sans pour autant tomber dans le nombrilisme.
Bien qu'incarnant le premier rôle il n'hésite pas à rire de lui-même, et les premières scènes où il échange des regards courroucés avec ses nouveaux voisins, ou avec ses enfants qui veulent le placer en maison de retraite sont emplies de tendresse et d'auto-dérision. Son personnage de vétéran de la guerre de Corée, qui voit s'installer des asiatiques tout autour de chez lui est très cocasse. Mais c 'est lorsque Walt Kowalski chasse des voyoux de sa pelouse ou fait fuir les agresseurs d'une jeune fille que le fan de base saute de joie: même à près de 80 ans, Clint reste Clint, et est toujours capable d'en remontrer aux morveux de tout poil. Pour un peu on se prendrait à rêver à un 5è Inspecteur Harry!
Gran Torino est une friandise à déguster et à apprécier pleinement, en espérant que contrairement aux rumeurs, ce ne soit pas la dernière.

mardi 24 février 2009

Robocop: Delta City- Frank Miller, Steven Grant & Juan José Ryp


Petit retour en arrière...
En 1989, devant le succès du film réalisé par Paul Verhoeven, les producteurs se disent qu'il serait judicieux de donner une suite à Robocop. Pour en écrire le scénario ils font appel à Frank Miller, auteur de comics très violents et ancrés dans la réalité urbaine américaine, apparemment le choix idéal. Se basant sur les éléments qui ont fait le succès du métrage original, Miller livre un script brutal et très caustique qui effraie les financiers ( ils ont vu le premier film au fait?). Le scénario sera donc révisé de nombreuses fois avant d'être confié à Irvin Kershner qui réalisera le film sympathique mais quelque peu raté que l'on connaît.
2005, le petit éditeur Avatar Press récupère les droits d'adaptation du personnage en bandes dessinées. Le scénario original de Miller ayant acquis au fil des années le statut de légende urbaine, le directeur de publication , William Christensen se dit qu'il serait sympa de sortir un comic-book basé sur le script maudit du maître. Il confie l'adaptation du traitement de Frank Miller à Steven Grant et la mise en images à Juan José Ryp.
Dès la première page une référence saute aux yeux: on se croirait presque devant des planches de Hard Boiled, le délire de Miller et Geoff Darrow sorti au début des années 90; les cases sont surchargées de détails, le sol jonché de douilles d'armes automatiques en mode mise à feu perpétuel, les véhicules et les bâtiments sont criblés de balles, et Robocop lui-même n'est qu'une ruine ambulante.
On est loin du chevalier à l'armure scintillante du deuxième film de la saga!
L'ambiance est beaucoup plus glauque, et ce dès le départ: la grève de la police bat son plein et seul Robocop assure encore son service, ne prenant pas le temps nécessaire à sa maintenance. Il est bientôt victime de défaillances mécaniques et électroniques, auxquelles s'ajoutent les souvenirs résurgents de sa famille.
De son côté, L'OCP tente depuis des années de reproduire leur unique réussite en matière de policier cyborg, mais comme dans le film ils essuient échec sur échec. C 'est alors qu'une jeune cadre dynamique, qui était il y a peu encore leur plus farouche opposante, vient leur proposer une nouvelle approche...
Une évidence s'impose, que l'on soupçonnait depuis la sortie du film: les meilleurs moments , les meilleures idées, sont bien l'oeuvre de Frank Miller! les fausses pubs, qui sont les même à la virgule près, la grève de la police ( qui menaçait déjà dans le premier film), le personnage de la jeune louve aux dents longues ( alors que l'on ne sait rien de son passé dans le film), et on est loin des images propres et baignées de lumière d' Irvin Kershner, bien plus à l'aise dans les univers aseptisés à la Star Wars ( il en a d'ailleurs réalisé le meilleur épisode) que dans la réalité brutale et crasseuse des rues livrées au crime et à la corruption.
Le premier volume a été édité en France chez Albin Michel, mais bizarrement la suite se fait attendre...

vendredi 20 février 2009

VENDREDI 13- Marcus Nispel


Une semaine après sa sortie parisienne voilà que déboule finalement dans notre région le remake de Vendredi 13 réalisé par Marcus Nispel, déjà responsable de la relecture du chef d'oeuvre de Tobe Hooper.
Et encore, comme avec The Mist, il faut à l'amateur de pellicule horrifique affronter un véritable parcours du combattant pour obtenir sa dose d'hémoglobine pelliculée. En effet, non content de ne sortir le métrage que sur une seule salle ( au kinépolis, la plus chère de la métropole, 9 euros minimum), les distributeurs n'ont pas jugé bon de programmer ce film tout au long de la journée. Alors que ce film casse véritablement la baraque aux USA, ici il est relégué en soirée, voire en dernière partie de soirée ( un jour sur deux il n 'est projeté qu'à 22h30, le reste du temps on peut y ajouter la séance de 20h30).
Une fois dans la salle il faut encore compter une bonne demi-heure de bandes annonces, mais bizarrement pas de pubs, il est vrai que le public des films d'horreur n 'est pas financièrement rentable ...
Quoi qu'il en soit ce film est une petite surprise très sympathique.
Dès la double séquence pré-générique on est en terrain connu; le métrage se pose en relecture du mythe de Jason, et grâce est rendue à sa maman. C'est ensuite au tour d'un groupe de jeunes fornicateurs et fumeurs de joints de tomber sous la machette d'un tueur qu'on n'a jamais connu aussi vif.
Le film ne commence réellement qu'après un bon quart d'heure avec l'arrivée de notre chargement de "chair-à-Jason", un ramassis de jeunes queutard et adeptes de la fumette venus s'éclater sur les rives de Crystal Lake, tandis que le frère d'une des victimes du prologue cherche sa petite soeur.
le teuton Marcus Nispel s'acquite de fort belle manière de son contrat, respectant à la virgule près le cahier des charges: jeunes bien débiles, filles peu farouches, personnages tellement imbuvables que l'on a hâte de les voir se faire tailler en tranches par Vorhees junior, et surtout des scènes brutalement gores non désamorcées par un deuxième degré malvenu.
Jason, contrairement à d'autres croque-mittaines, comme Freddy par exemple, ne s'amuse pas avec ses proies, il les tue rapidement, efficacement, même s'il aime bien les laisser un peu mariner dans leur jus.
Pour un peu on se croirait revenus en plein coeur des années 80. C 'est ce qu'on appelle un remake réussit, bien plus que celui de Massacre à La Tronçonneuse du même Nispel.
Il faut dire aussi que le matériau de base était d'un tout autre calibre...

mercredi 18 février 2009

L’Etrange Histoire de Benjamin Button- David Fincher



Tout le monde connaît déjà le pitch mais je le rappelle tout de même : Benjamin Button est un être très particulier, puisqu’il est né avec la constitution et les traits d’un vieillard en fin de vie et rajeunit tout au long de son existence.
Tirée d’une nouvelle de F.Scott Fitzgerald, l’histoire a tout d’un conte, impression renforcée par le prologue sur l’horloger aveugle qui a construit une horloge qui marche à l’envers. C’est aussi l’expression d’un fantasme vieux comme l’humanité : quelle personne d’âge mûr n’a jamais rêvé de pouvoir vivre une seconde jeunesse en profitant de l’expérience de toute une vie ?
On a bien entendu beaucoup parlé de la performance technique réalisée par le département effets spéciaux du film, et il est vrai que ceux-ci sont absolument parfaits, mais ce qui fait le cœur de tout film c’est la façon dont le réalisateur mène son récit et l’interprétation des acteurs. Du reste, même lorsque le personnage de Benjamin Button n’est qu’un tas de pixels, c’est bien Brad Pitt qui est responsable du jeu, puisque le procédé « performance capture » (utilisé dans le Beowulf de Robert Zemeckis notamment) reproduit ses moindres gestes et expressions. Les effets spéciaux ne sont qu’un outil parmi d’autres à la disposition du réalisateur et de ses acteurs, et c’est bien leur talent propre qui détermine si le film est réussi ou non.
Et c’est bien le cas ici.
Dépassant le simple exploit technique, David Fincher insuffle véritablement une âme à son film, et l’on ne peut que s’attacher à ce curieux personnage. Il est aidé ici par Eric Roth, le scénariste de Forest Gump ( aussi réalisé par Robert Zemeckis, décidément...), expert s’il en est dans l’art de peindre les destins extraordinaires. Que ceux qui ont trouvé le film de Zemeckis trop mièvre se rassurent , il en va ici tout autrement, et même si l’on dénombre quelques parallèles ( l’enfance passé dans une pension de famille, l’apprentissage de la vie sur un bateau, l’amour d’enfance…) le ton est ici bien plus sombre et la vie du personnage principal n’est en rien un prétexte à revisiter l’histoire. Ce qui compte ici c’est bien la destinée d’un homme qui mûrit à l’intérieur tout en rajeunissant à l’extérieur, une parabole sur le temps qui passe, sur ce que signifie grandir vieillir et finalement mourir, un témoignage sur l’évolution d’une ville à travers le 20 è siècle ( la Nouvelle Orléans), une ode à la différence, bref une leçon de vie, le tout avec en toile de fond l’approche de l’ouragan Katrina et le manque de préparation des autorités devant cette catastrophe.
Tout impressionnant que soit l'acteur principal, il ne faut pas oublier le reste de la dictribution pour autant: Kate Blanchet prête sa grâce diaphane à Daisy sans que l'on puisse deviner à quel moment elle porte du maquillage pour se rajeunir ou se vieillir, Julia Ormond est très touchante, Jason Flemyng, tout en souffrance intériorisée, incarne Thomas Button avec justesse et Taraji Henson est simplement impeccable dans le rôle de la mère adoptive de Benjamin.
Dernier film en date de David Fincher, Benjamin Button est aussi sa troisième collaboration avec Brad Pitt (après Seven et Fight Club) et son troisième chef d’œuvre! de là à penser qu’il ne devrait tourner qu’avec cet acteur il n’y a qu’un pas ( c’est ce que semblent penser les membres de l’académie des Oscars qui ont nominé le film 13 fois).

samedi 14 février 2009

LOST: Les Retrouvailles.


Contrairement à 24h Chrono, Lost avait été diffusée l'année dernière. Soit les scénaristes avaient un plein baquet d'épisodes sous le coude, soit ils ont réussi à improviser pendant toute la saison (ce qu'on les accuse souvent de faire), quoi qu'il en soit, la série est de retour sur les écrans américains depuis le debut du mois de janvier. J'ai pu voir les 5 premiers épisodes et comme d'habitude on ne capte rien , mais c 'est ce qui fait tout le charme des aventures de nos héros.
Nous les avions quittés alors qu'une partie d'entre eux étaient parvenus à regagner la civilisation tandis que les autres étaient restés sur l'île alors que Benjamin s'apprêtait à la "déplacer".
Jack, Sayid, Hurley, Kate et, bizarrement, Benjamin, sont donc de retour aux Etats Unis depuis trois ans mais tout n 'est pas rose pour autant. De mystérieux individus cherchent à s'emparer du bébé que Kate a ramenée avec elle et présenté comme le sien, Jack est en pleine déprime, Hurley voit des fantômes et Sayid travaille pour Benjamin Linus.
Pour ceux qui sont restés sur l'île ça ne va pas mieux. Le fameux "déplacement" effectué par Benjamin semble avoir bouleversé la structure temporelle et l'île se déplace d'une époque à l'autre de façon totalement anarchique.
Pour la 5è saison les responsables de la série ont donc décidé de séparer les protagonistes, non seulement de façon spatiale , mais aussi temporelle, une idée interessante mais qui n'aide pas à la compréhension des enjeux, mais comme on nage depuis le début de la série on est habitués. L'interêt de Lost est dans le voyage, pas dans l'atteinte du point d'arrivée, et quelque chose me dit que la dernière saison soulèvera elle aussi autant de questions qu'elle apportera de réponses, et c 'est tant mieux. Il n'y a rien de plus frustrant que de se voir imposer une solution qui sera de toute façon inférieure à nos attentes.
Après cette saison il devrait en rester encore deux, 7 saisons étant la durée "idéale" d'une série à succès.
En attendant, relaxez-vous, laissez-vous emporter par le mystère et profitez du voyage...

vendredi 13 février 2009

Distributeurs, petits joueurs !


Je sais bien que le cinéma de genre, et plus particulièrement d’horreur, n’est pas spécialement en odeur de sainteté auprès des gardiens du temple de la culture de notre beau pays , mais là tout de même c’est un peu fort de café !
Mais j’aurais dû m’en douter aussi ! Après le sort réservé au pourtant remarquable The Mist l’an dernier; tout auréolé de la caution du maître Stephen King qu’il ait été, ce film n’avait eu droit qu’à une distribution symbolique de quarante salles sur toute la France, alors qu’on déroule le tapis rouge pour le trente millième opus de la série Saw ou pour des immondices comme Martyrs, sous prétexte que, pour ce dernier du moins , il s’agit d’un film de genre français, denrée trop rare pour être ignorée.
Mais cette fois-ci c’en est vraiment trop : Vendredi 13 ne sortira pas au cinéma, du moins pas près de chez moi ( le Kinépolis de Lomme avait pourtant été l’une des quarante salles retenue pour l’exploitation à la sauvette de The Mist).
Oui, vous avez bien lu : Vendredi 13, enfin le remake de la suite de la revanche quoi, n’aura droit aux honneurs que de quelques salles sur tout le territoire français.
Les exploitants ont la mémoire courte. Il n’est pas encore si lointain le temps où le cinéma bis représentait l’essentiel des recettes des salles, et la série des aventures du tueur de Cristal lake en fut l’un des principaux pourvoyeurs. Alors certes la mode est maintenant à ce qu’il est désormais de bon ton d’appeler le « torture porn » à la Saw, Hostel et compagnie, mais il ne faudrait tout de même pas oublier les bonnes vieilles valeurs, celles sur lesquelles s’est fondé le cinéma d’aujourd’hui. Sans aller jusqu’à défendre le film en lui-même ( je ne l’ai pas vu, évidemment), d’autant que la mode récente des remake des franchises des années 80 m’énerve quelque peu, mais justement, puisque c’est à la mode pourquoi sacrifier de la sorte un film de cette veine, d’autant qu’il est signé par celui-là même qui leur a rapporté tant de billets avec son remake de Massacre A La Tronçonneuse ? Non, franchement, je ne comprends pas ces gens là.

jeudi 12 février 2009

La Tour Sombre :Part 4

Suite de l'adaptation en bd de la saga westerno-fantastico-médiévale de Stephen King par Peter David, Jae Lee, Robin Furth et Richard Isanove.
La première mini-série ( publiée en trois volumes en France chez Fusion Comics) s'était achevée sur une note tragique avec la mort de Susan Delgado, l'amour de Roland. La deuxième mini-série reprend le récit immédiatement là où il s'était arrêté. Poursuivis par les gens de Hambry qui, manipulés par Maerten Largecape, prennent les pistoleros pour des assassins, Roland et ses amis Cuthbert et Alain doivent fuir, mais Roland est bientôt piégé par le Pomelo, l'espèce de boule de cristal magique du roi cramoisi utilisée par celui-ci et ses serviteurs poursurveiller le territoire. Tandis que ses compagnons veillent sur son corps inerte, l'esprit de Roland erre dans le monde rose du Pomelo où il retrouve ses ennemis, ceux qu'il a tués , et ceux qui sont encore en vie et le narguent.
La première mini-série était une adaptation directe des romans de King, surtout du quatrième " Wizard And Glass", et plus particulièrement de la partie concernant le passé de Roland. Cette nouvelle livraison traite d'événements à peine esquissés dans les romans, et Robin Furth, ancienne assistante de Stephen King a , avec l'aval du maître, imaginé la suite directe des aventure des jeunes pistoléros. Le ton est de plus en plus sombre, la situation des héros est plus que desespérée. La mise en image colle plus que jamais à l'écriture et fait fait la part belle aux ombres envahissantes et aux couleurs sombres, alternant les "splash pages" et les planches plus découpées suivant les situations. Les dernières pages du volume sont une fois de plus consacrées à la mythologie du monde imaginé par King, continuant la saga d'Arthur Eld, l'ancêtre de Roland et créateur de l'ordre des pistoleros.

mercredi 11 février 2009

Morse- Thomas Alfredson


Oskar, adolescent timide vivant seul avec sa mère divorcée, est le souffre-douleur de sa classe. Le soir, au fond de la cour de son immeuble, il rêve à des scènes de vengeance. Un soir il rencontre Eli, une jeune fille étrange qui se promène toujours pieds nus et en T-shirt malgré la neige.

Relecture originale du mythe du vampire, mêlé cette fois-ci aux affres de l'enfance, Morse est un film qui prend son temps. A l'image des paysages recouverts de neige de la Suède des années 80 dans lesquels l'action se déroule, tout est feutré, les sons, des conversations ou autres, étouffés par le manteau néigeux. Les dialogues dévoilent par petites touches les relations entre les personnages sans jamais en dire trop, laissant le spectateur assembler les pièces du puzzle. La lenteur du rythme devient hypnotique et l'on se laisse happer avec plaisir dans ce récit aussi sombre que la nuit polaire.
La réalisation, très économe, va à l'essentiel. Aucune esbrouffe dans la manière de filmer; les rares scènes sanglantes y gagnent en efficacité, même si la séquence avec les chats sent un peu trop le cgi.
Les acteurs, évidemment tous inconnus sous nos lattitudes, sont tous excellent , surtout, bien entendu les deux enfants vedettes, qui font magnifiquement passer les tourments de leurs conditions respectives.
Lauréat de nombreux prix internationaux, dont le grand prix du festival de Gerardmer ainsi que celui de la critique internationale, Morse ne pouvait qu'attirer l'attention des producteurs américains qui préparent déjà le remake.
En ce qui me concerne ça sera comme pour Quarantine le remake de [Rec] , il peuvent se le mettre où ils veulent, ça sera sans moi.

samedi 7 février 2009

Valkyrie -Bryan Singer

S'il a toujours été un fidèle serviteur de son pays, le colonel Stauffenberg s'inquiète de voir Hitler précipiter l'Allemagne et l'Europe dans le chaos. Comprenant que le temps presse, il décide de passer à l'offensive : en 1942, il tente de convaincre plusieurs officiers supérieurs de la nécessité de renverser Hitler. Un an plus tard, tandis qu'il se remet de ses blessures de guerre, il rejoint la Résistance allemande pour mettre au point l'Opération Walkyrie destinée à éliminer le Führer.Alors qu'il n'était au départ qu'un des nombreux conspirateurs, Claus von Stauffenberg se retrouve bientôt en première ligne : c'est lui qui devra assassiner Hitler...

Délaissant les épopées super-héroiques ( X-Men 1&2, Superman Returns) qui ne lui ont guère permis de se montrer à son avantage, Bryan Singer revient à ce qu'uil sait faire de mieux: un thriller diabolique avec des personnages bien fouillés auxquels on ne peut que s'attacher, une tension qui va crescendo, et surtout il retrouve ses collaborateurs fétiches.
Christopher Mc Quarrie tout d'abord; le responsable du script de Usual Suspects accouche ici d'un scénario en béton armé, qui entretient la pression tout au long du récit.
John Ottman ensuite, le monteur/ musicien , de fait en charge du rythme à proprement parler du film s'acquitte comme à son habitude de sa charge de fort belle manière. Le film ne souffre d'aucun essoufflement et, même si l'on sait que les conspirateurs échoueront , on ne peut pas s'empêcher de trembler avec eux et d'espérer que leur plan réussisse.
Les acteurs ne sont pas en reste, Tom Cruise en tête qui campe ici un officier Allemand totalement dévoué à son pays, prêt au sacrifice suprème pour le sauver du fou qui le gouverne, ses blessures sur le front africain ne faisant que renforcer sa détermination.
Le reste de la distribution est à l'avenant. On a l'impression que tout le syndicat des acteurs anglais s 'est donné rendez-vous sur le plateau. Aux côtés de Cruise on retrouve donc l'indispensable Bill Nighy (Spécialiste des rôles de chef vampire depuis la série des Underworld ), Terence Stamp (le général Zod en personne), Eddie Izzard, Kenneth Brannagh ( sans doute en panne de projets shakespeariens), et même Ian Mc Niece ( le crieur public de la série Rome ) et Bernard Hill ( le Theoden du Seigneur Des Anneaux) dans de petits rôles, la caution germanique étant assurée par Thomas Kretschmann( Stalingrad, King Kong... ), donnant au métrage un cachet des plus classieux, comme dans ces productions américano-britaniques des années 60 sur les hauts faits d'armes de la dernière guerre.
Un conseil Bryan , même si tu es fan de super-héros, continue plutôt à nous faire des films de ce genre, ça te réussit mieux!

lundi 2 février 2009

Les Seigneurs De La Guerre - Peter Chan


Dernier survivant de toute son armée, le Général Pang échoue dans un village de brigands. Se liant rapidement avec leurs chefs il devient leur frère de sang, et convainc ses compagnons de s’engager dans une armée afin d’obtenir de quoi nourrir leurs familles.

Grosse production chinoise, mais heureusement à des années lumières des niaiseries récentes en provenance de l’Empire du Milieu (genre « La Cité Interdite »), Les Seigneurs de la Guerre marque aussi le retour en grande forme de Jet Li, qui peut enfin montrer toute l’étendue de sa palette d’acteur. Loin des héros sans peur et sans reproche qu’il incarne habituellement dans ses films d’action, il montre ici une facette plus sombre de son talent. Face à lui , Andy Lau, la nouvelle vedette du polar Hong Kongais, se glisse sans aucune difficulté dans le rôle du fidèle lieutenant de Pang. Le maillon faible est Takeshi Kaneshiro, un peu écrasé par les deux monstres du cinéma asiatique.

Côté réalisation , Peter Chan a décidé de tourner le dos aux cartes postales de Zhang Yimou, et met en scène une Chine exsangue, ravagée par une série de guerres intérieures qui feront au total plus de 50 millions de morts. Les couleurs vives sont rares, ici tout est sale, boueux et froid, les champs de bataille sont jonchés de cadavres en putréfaction que personne n’a le temps d’enterrer, les soldats ne sont que de la chair à canon envoyés à la mort pour d’absurdes intrigues de palais, et même la parole d’honneur scellée par le sang finit par ne plus peser lourd face aux ambitions des uns et des autres.
Jonglant habilement entre les scènes de bataille sanglantes évoquant Braveheart en plus glauque et les scènes plus intimistes, faisant se répondre les machinations ourdies dans l’ombre et les affrontements barbares, Peter Chan réussit là un grand film épique aux accent de tragédie shakespearienne.