Mine de rien celà faisait tout de même près de cinq ans que l'on n'avait vu le grand Clint sur un écran de cinéma, et bon sang que ça fait plaisir!
Depuis 2004, l'année de Million Dollar Baby, Clint a réalisé trois films pour lesquels il n'était que réalisateur: le dyptique sur la bataille d'Iwo Jima et Changeling (L'Echange en VF). Trois très bons films, mais la présence charismatique de sa haute silhouette commençait à manquer.
Et quand on sait qu'il a déclaré que ce serait ici sa dernière apparition en tant qu'acteur on ne peut s'empêcher de voir Gran Torino comme une espèce de testament, du moins à sa carrière d'acteur.
De fait, le dernier film de l'homme de Malpaso contient de nombreux clins d'oeil à ses rôles passés. Il incarne comme à son habitude un homme solitaire ( ici par la force des choses, puisque veuf), raciste (Harry Callahan), un vieillard bougon hanté par son passé (comme dans Million Dollar Baby), qui a le juron et le crachat facile ose tenir tête à un gang (un million de film dans les années 70/80), et qui prend sous son aile un jeune paumé. Les tâches qu'il lui fait accomplir ainsi que son franc parler et son humour très particulier ne sont pas sans rappeler, toutes proportions gardées, l'entraînement des marines qu'il a sous ses ordres dans Le Maître de Guerre. La situation d'un vieillard en fin de vie évoque aussi par moments Créances de Sang, voire Honkytonk Man.
Pour autant, loin de ressembler à un best of de ses précédents films, Gran Torino dégage une fraîcheur dont pourraient s'inspirer nombre de jeunes réalisateurs. Clint Eastwood évoque ses rôles passés sans nostalgie, ce film étant une manière pour lui de tourner la page, sans pour autant tomber dans le nombrilisme.
Bien qu'incarnant le premier rôle il n'hésite pas à rire de lui-même, et les premières scènes où il échange des regards courroucés avec ses nouveaux voisins, ou avec ses enfants qui veulent le placer en maison de retraite sont emplies de tendresse et d'auto-dérision. Son personnage de vétéran de la guerre de Corée, qui voit s'installer des asiatiques tout autour de chez lui est très cocasse. Mais c 'est lorsque Walt Kowalski chasse des voyoux de sa pelouse ou fait fuir les agresseurs d'une jeune fille que le fan de base saute de joie: même à près de 80 ans, Clint reste Clint, et est toujours capable d'en remontrer aux morveux de tout poil. Pour un peu on se prendrait à rêver à un 5è Inspecteur Harry!
Gran Torino est une friandise à déguster et à apprécier pleinement, en espérant que contrairement aux rumeurs, ce ne soit pas la dernière.
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