mardi 24 février 2009

Robocop: Delta City- Frank Miller, Steven Grant & Juan José Ryp


Petit retour en arrière...
En 1989, devant le succès du film réalisé par Paul Verhoeven, les producteurs se disent qu'il serait judicieux de donner une suite à Robocop. Pour en écrire le scénario ils font appel à Frank Miller, auteur de comics très violents et ancrés dans la réalité urbaine américaine, apparemment le choix idéal. Se basant sur les éléments qui ont fait le succès du métrage original, Miller livre un script brutal et très caustique qui effraie les financiers ( ils ont vu le premier film au fait?). Le scénario sera donc révisé de nombreuses fois avant d'être confié à Irvin Kershner qui réalisera le film sympathique mais quelque peu raté que l'on connaît.
2005, le petit éditeur Avatar Press récupère les droits d'adaptation du personnage en bandes dessinées. Le scénario original de Miller ayant acquis au fil des années le statut de légende urbaine, le directeur de publication , William Christensen se dit qu'il serait sympa de sortir un comic-book basé sur le script maudit du maître. Il confie l'adaptation du traitement de Frank Miller à Steven Grant et la mise en images à Juan José Ryp.
Dès la première page une référence saute aux yeux: on se croirait presque devant des planches de Hard Boiled, le délire de Miller et Geoff Darrow sorti au début des années 90; les cases sont surchargées de détails, le sol jonché de douilles d'armes automatiques en mode mise à feu perpétuel, les véhicules et les bâtiments sont criblés de balles, et Robocop lui-même n'est qu'une ruine ambulante.
On est loin du chevalier à l'armure scintillante du deuxième film de la saga!
L'ambiance est beaucoup plus glauque, et ce dès le départ: la grève de la police bat son plein et seul Robocop assure encore son service, ne prenant pas le temps nécessaire à sa maintenance. Il est bientôt victime de défaillances mécaniques et électroniques, auxquelles s'ajoutent les souvenirs résurgents de sa famille.
De son côté, L'OCP tente depuis des années de reproduire leur unique réussite en matière de policier cyborg, mais comme dans le film ils essuient échec sur échec. C 'est alors qu'une jeune cadre dynamique, qui était il y a peu encore leur plus farouche opposante, vient leur proposer une nouvelle approche...
Une évidence s'impose, que l'on soupçonnait depuis la sortie du film: les meilleurs moments , les meilleures idées, sont bien l'oeuvre de Frank Miller! les fausses pubs, qui sont les même à la virgule près, la grève de la police ( qui menaçait déjà dans le premier film), le personnage de la jeune louve aux dents longues ( alors que l'on ne sait rien de son passé dans le film), et on est loin des images propres et baignées de lumière d' Irvin Kershner, bien plus à l'aise dans les univers aseptisés à la Star Wars ( il en a d'ailleurs réalisé le meilleur épisode) que dans la réalité brutale et crasseuse des rues livrées au crime et à la corruption.
Le premier volume a été édité en France chez Albin Michel, mais bizarrement la suite se fait attendre...

vendredi 20 février 2009

VENDREDI 13- Marcus Nispel


Une semaine après sa sortie parisienne voilà que déboule finalement dans notre région le remake de Vendredi 13 réalisé par Marcus Nispel, déjà responsable de la relecture du chef d'oeuvre de Tobe Hooper.
Et encore, comme avec The Mist, il faut à l'amateur de pellicule horrifique affronter un véritable parcours du combattant pour obtenir sa dose d'hémoglobine pelliculée. En effet, non content de ne sortir le métrage que sur une seule salle ( au kinépolis, la plus chère de la métropole, 9 euros minimum), les distributeurs n'ont pas jugé bon de programmer ce film tout au long de la journée. Alors que ce film casse véritablement la baraque aux USA, ici il est relégué en soirée, voire en dernière partie de soirée ( un jour sur deux il n 'est projeté qu'à 22h30, le reste du temps on peut y ajouter la séance de 20h30).
Une fois dans la salle il faut encore compter une bonne demi-heure de bandes annonces, mais bizarrement pas de pubs, il est vrai que le public des films d'horreur n 'est pas financièrement rentable ...
Quoi qu'il en soit ce film est une petite surprise très sympathique.
Dès la double séquence pré-générique on est en terrain connu; le métrage se pose en relecture du mythe de Jason, et grâce est rendue à sa maman. C'est ensuite au tour d'un groupe de jeunes fornicateurs et fumeurs de joints de tomber sous la machette d'un tueur qu'on n'a jamais connu aussi vif.
Le film ne commence réellement qu'après un bon quart d'heure avec l'arrivée de notre chargement de "chair-à-Jason", un ramassis de jeunes queutard et adeptes de la fumette venus s'éclater sur les rives de Crystal Lake, tandis que le frère d'une des victimes du prologue cherche sa petite soeur.
le teuton Marcus Nispel s'acquite de fort belle manière de son contrat, respectant à la virgule près le cahier des charges: jeunes bien débiles, filles peu farouches, personnages tellement imbuvables que l'on a hâte de les voir se faire tailler en tranches par Vorhees junior, et surtout des scènes brutalement gores non désamorcées par un deuxième degré malvenu.
Jason, contrairement à d'autres croque-mittaines, comme Freddy par exemple, ne s'amuse pas avec ses proies, il les tue rapidement, efficacement, même s'il aime bien les laisser un peu mariner dans leur jus.
Pour un peu on se croirait revenus en plein coeur des années 80. C 'est ce qu'on appelle un remake réussit, bien plus que celui de Massacre à La Tronçonneuse du même Nispel.
Il faut dire aussi que le matériau de base était d'un tout autre calibre...

mercredi 18 février 2009

L’Etrange Histoire de Benjamin Button- David Fincher



Tout le monde connaît déjà le pitch mais je le rappelle tout de même : Benjamin Button est un être très particulier, puisqu’il est né avec la constitution et les traits d’un vieillard en fin de vie et rajeunit tout au long de son existence.
Tirée d’une nouvelle de F.Scott Fitzgerald, l’histoire a tout d’un conte, impression renforcée par le prologue sur l’horloger aveugle qui a construit une horloge qui marche à l’envers. C’est aussi l’expression d’un fantasme vieux comme l’humanité : quelle personne d’âge mûr n’a jamais rêvé de pouvoir vivre une seconde jeunesse en profitant de l’expérience de toute une vie ?
On a bien entendu beaucoup parlé de la performance technique réalisée par le département effets spéciaux du film, et il est vrai que ceux-ci sont absolument parfaits, mais ce qui fait le cœur de tout film c’est la façon dont le réalisateur mène son récit et l’interprétation des acteurs. Du reste, même lorsque le personnage de Benjamin Button n’est qu’un tas de pixels, c’est bien Brad Pitt qui est responsable du jeu, puisque le procédé « performance capture » (utilisé dans le Beowulf de Robert Zemeckis notamment) reproduit ses moindres gestes et expressions. Les effets spéciaux ne sont qu’un outil parmi d’autres à la disposition du réalisateur et de ses acteurs, et c’est bien leur talent propre qui détermine si le film est réussi ou non.
Et c’est bien le cas ici.
Dépassant le simple exploit technique, David Fincher insuffle véritablement une âme à son film, et l’on ne peut que s’attacher à ce curieux personnage. Il est aidé ici par Eric Roth, le scénariste de Forest Gump ( aussi réalisé par Robert Zemeckis, décidément...), expert s’il en est dans l’art de peindre les destins extraordinaires. Que ceux qui ont trouvé le film de Zemeckis trop mièvre se rassurent , il en va ici tout autrement, et même si l’on dénombre quelques parallèles ( l’enfance passé dans une pension de famille, l’apprentissage de la vie sur un bateau, l’amour d’enfance…) le ton est ici bien plus sombre et la vie du personnage principal n’est en rien un prétexte à revisiter l’histoire. Ce qui compte ici c’est bien la destinée d’un homme qui mûrit à l’intérieur tout en rajeunissant à l’extérieur, une parabole sur le temps qui passe, sur ce que signifie grandir vieillir et finalement mourir, un témoignage sur l’évolution d’une ville à travers le 20 è siècle ( la Nouvelle Orléans), une ode à la différence, bref une leçon de vie, le tout avec en toile de fond l’approche de l’ouragan Katrina et le manque de préparation des autorités devant cette catastrophe.
Tout impressionnant que soit l'acteur principal, il ne faut pas oublier le reste de la dictribution pour autant: Kate Blanchet prête sa grâce diaphane à Daisy sans que l'on puisse deviner à quel moment elle porte du maquillage pour se rajeunir ou se vieillir, Julia Ormond est très touchante, Jason Flemyng, tout en souffrance intériorisée, incarne Thomas Button avec justesse et Taraji Henson est simplement impeccable dans le rôle de la mère adoptive de Benjamin.
Dernier film en date de David Fincher, Benjamin Button est aussi sa troisième collaboration avec Brad Pitt (après Seven et Fight Club) et son troisième chef d’œuvre! de là à penser qu’il ne devrait tourner qu’avec cet acteur il n’y a qu’un pas ( c’est ce que semblent penser les membres de l’académie des Oscars qui ont nominé le film 13 fois).

samedi 14 février 2009

LOST: Les Retrouvailles.


Contrairement à 24h Chrono, Lost avait été diffusée l'année dernière. Soit les scénaristes avaient un plein baquet d'épisodes sous le coude, soit ils ont réussi à improviser pendant toute la saison (ce qu'on les accuse souvent de faire), quoi qu'il en soit, la série est de retour sur les écrans américains depuis le debut du mois de janvier. J'ai pu voir les 5 premiers épisodes et comme d'habitude on ne capte rien , mais c 'est ce qui fait tout le charme des aventures de nos héros.
Nous les avions quittés alors qu'une partie d'entre eux étaient parvenus à regagner la civilisation tandis que les autres étaient restés sur l'île alors que Benjamin s'apprêtait à la "déplacer".
Jack, Sayid, Hurley, Kate et, bizarrement, Benjamin, sont donc de retour aux Etats Unis depuis trois ans mais tout n 'est pas rose pour autant. De mystérieux individus cherchent à s'emparer du bébé que Kate a ramenée avec elle et présenté comme le sien, Jack est en pleine déprime, Hurley voit des fantômes et Sayid travaille pour Benjamin Linus.
Pour ceux qui sont restés sur l'île ça ne va pas mieux. Le fameux "déplacement" effectué par Benjamin semble avoir bouleversé la structure temporelle et l'île se déplace d'une époque à l'autre de façon totalement anarchique.
Pour la 5è saison les responsables de la série ont donc décidé de séparer les protagonistes, non seulement de façon spatiale , mais aussi temporelle, une idée interessante mais qui n'aide pas à la compréhension des enjeux, mais comme on nage depuis le début de la série on est habitués. L'interêt de Lost est dans le voyage, pas dans l'atteinte du point d'arrivée, et quelque chose me dit que la dernière saison soulèvera elle aussi autant de questions qu'elle apportera de réponses, et c 'est tant mieux. Il n'y a rien de plus frustrant que de se voir imposer une solution qui sera de toute façon inférieure à nos attentes.
Après cette saison il devrait en rester encore deux, 7 saisons étant la durée "idéale" d'une série à succès.
En attendant, relaxez-vous, laissez-vous emporter par le mystère et profitez du voyage...

vendredi 13 février 2009

Distributeurs, petits joueurs !


Je sais bien que le cinéma de genre, et plus particulièrement d’horreur, n’est pas spécialement en odeur de sainteté auprès des gardiens du temple de la culture de notre beau pays , mais là tout de même c’est un peu fort de café !
Mais j’aurais dû m’en douter aussi ! Après le sort réservé au pourtant remarquable The Mist l’an dernier; tout auréolé de la caution du maître Stephen King qu’il ait été, ce film n’avait eu droit qu’à une distribution symbolique de quarante salles sur toute la France, alors qu’on déroule le tapis rouge pour le trente millième opus de la série Saw ou pour des immondices comme Martyrs, sous prétexte que, pour ce dernier du moins , il s’agit d’un film de genre français, denrée trop rare pour être ignorée.
Mais cette fois-ci c’en est vraiment trop : Vendredi 13 ne sortira pas au cinéma, du moins pas près de chez moi ( le Kinépolis de Lomme avait pourtant été l’une des quarante salles retenue pour l’exploitation à la sauvette de The Mist).
Oui, vous avez bien lu : Vendredi 13, enfin le remake de la suite de la revanche quoi, n’aura droit aux honneurs que de quelques salles sur tout le territoire français.
Les exploitants ont la mémoire courte. Il n’est pas encore si lointain le temps où le cinéma bis représentait l’essentiel des recettes des salles, et la série des aventures du tueur de Cristal lake en fut l’un des principaux pourvoyeurs. Alors certes la mode est maintenant à ce qu’il est désormais de bon ton d’appeler le « torture porn » à la Saw, Hostel et compagnie, mais il ne faudrait tout de même pas oublier les bonnes vieilles valeurs, celles sur lesquelles s’est fondé le cinéma d’aujourd’hui. Sans aller jusqu’à défendre le film en lui-même ( je ne l’ai pas vu, évidemment), d’autant que la mode récente des remake des franchises des années 80 m’énerve quelque peu, mais justement, puisque c’est à la mode pourquoi sacrifier de la sorte un film de cette veine, d’autant qu’il est signé par celui-là même qui leur a rapporté tant de billets avec son remake de Massacre A La Tronçonneuse ? Non, franchement, je ne comprends pas ces gens là.

jeudi 12 février 2009

La Tour Sombre :Part 4

Suite de l'adaptation en bd de la saga westerno-fantastico-médiévale de Stephen King par Peter David, Jae Lee, Robin Furth et Richard Isanove.
La première mini-série ( publiée en trois volumes en France chez Fusion Comics) s'était achevée sur une note tragique avec la mort de Susan Delgado, l'amour de Roland. La deuxième mini-série reprend le récit immédiatement là où il s'était arrêté. Poursuivis par les gens de Hambry qui, manipulés par Maerten Largecape, prennent les pistoleros pour des assassins, Roland et ses amis Cuthbert et Alain doivent fuir, mais Roland est bientôt piégé par le Pomelo, l'espèce de boule de cristal magique du roi cramoisi utilisée par celui-ci et ses serviteurs poursurveiller le territoire. Tandis que ses compagnons veillent sur son corps inerte, l'esprit de Roland erre dans le monde rose du Pomelo où il retrouve ses ennemis, ceux qu'il a tués , et ceux qui sont encore en vie et le narguent.
La première mini-série était une adaptation directe des romans de King, surtout du quatrième " Wizard And Glass", et plus particulièrement de la partie concernant le passé de Roland. Cette nouvelle livraison traite d'événements à peine esquissés dans les romans, et Robin Furth, ancienne assistante de Stephen King a , avec l'aval du maître, imaginé la suite directe des aventure des jeunes pistoléros. Le ton est de plus en plus sombre, la situation des héros est plus que desespérée. La mise en image colle plus que jamais à l'écriture et fait fait la part belle aux ombres envahissantes et aux couleurs sombres, alternant les "splash pages" et les planches plus découpées suivant les situations. Les dernières pages du volume sont une fois de plus consacrées à la mythologie du monde imaginé par King, continuant la saga d'Arthur Eld, l'ancêtre de Roland et créateur de l'ordre des pistoleros.

mercredi 11 février 2009

Morse- Thomas Alfredson


Oskar, adolescent timide vivant seul avec sa mère divorcée, est le souffre-douleur de sa classe. Le soir, au fond de la cour de son immeuble, il rêve à des scènes de vengeance. Un soir il rencontre Eli, une jeune fille étrange qui se promène toujours pieds nus et en T-shirt malgré la neige.

Relecture originale du mythe du vampire, mêlé cette fois-ci aux affres de l'enfance, Morse est un film qui prend son temps. A l'image des paysages recouverts de neige de la Suède des années 80 dans lesquels l'action se déroule, tout est feutré, les sons, des conversations ou autres, étouffés par le manteau néigeux. Les dialogues dévoilent par petites touches les relations entre les personnages sans jamais en dire trop, laissant le spectateur assembler les pièces du puzzle. La lenteur du rythme devient hypnotique et l'on se laisse happer avec plaisir dans ce récit aussi sombre que la nuit polaire.
La réalisation, très économe, va à l'essentiel. Aucune esbrouffe dans la manière de filmer; les rares scènes sanglantes y gagnent en efficacité, même si la séquence avec les chats sent un peu trop le cgi.
Les acteurs, évidemment tous inconnus sous nos lattitudes, sont tous excellent , surtout, bien entendu les deux enfants vedettes, qui font magnifiquement passer les tourments de leurs conditions respectives.
Lauréat de nombreux prix internationaux, dont le grand prix du festival de Gerardmer ainsi que celui de la critique internationale, Morse ne pouvait qu'attirer l'attention des producteurs américains qui préparent déjà le remake.
En ce qui me concerne ça sera comme pour Quarantine le remake de [Rec] , il peuvent se le mettre où ils veulent, ça sera sans moi.

samedi 7 février 2009

Valkyrie -Bryan Singer

S'il a toujours été un fidèle serviteur de son pays, le colonel Stauffenberg s'inquiète de voir Hitler précipiter l'Allemagne et l'Europe dans le chaos. Comprenant que le temps presse, il décide de passer à l'offensive : en 1942, il tente de convaincre plusieurs officiers supérieurs de la nécessité de renverser Hitler. Un an plus tard, tandis qu'il se remet de ses blessures de guerre, il rejoint la Résistance allemande pour mettre au point l'Opération Walkyrie destinée à éliminer le Führer.Alors qu'il n'était au départ qu'un des nombreux conspirateurs, Claus von Stauffenberg se retrouve bientôt en première ligne : c'est lui qui devra assassiner Hitler...

Délaissant les épopées super-héroiques ( X-Men 1&2, Superman Returns) qui ne lui ont guère permis de se montrer à son avantage, Bryan Singer revient à ce qu'uil sait faire de mieux: un thriller diabolique avec des personnages bien fouillés auxquels on ne peut que s'attacher, une tension qui va crescendo, et surtout il retrouve ses collaborateurs fétiches.
Christopher Mc Quarrie tout d'abord; le responsable du script de Usual Suspects accouche ici d'un scénario en béton armé, qui entretient la pression tout au long du récit.
John Ottman ensuite, le monteur/ musicien , de fait en charge du rythme à proprement parler du film s'acquitte comme à son habitude de sa charge de fort belle manière. Le film ne souffre d'aucun essoufflement et, même si l'on sait que les conspirateurs échoueront , on ne peut pas s'empêcher de trembler avec eux et d'espérer que leur plan réussisse.
Les acteurs ne sont pas en reste, Tom Cruise en tête qui campe ici un officier Allemand totalement dévoué à son pays, prêt au sacrifice suprème pour le sauver du fou qui le gouverne, ses blessures sur le front africain ne faisant que renforcer sa détermination.
Le reste de la distribution est à l'avenant. On a l'impression que tout le syndicat des acteurs anglais s 'est donné rendez-vous sur le plateau. Aux côtés de Cruise on retrouve donc l'indispensable Bill Nighy (Spécialiste des rôles de chef vampire depuis la série des Underworld ), Terence Stamp (le général Zod en personne), Eddie Izzard, Kenneth Brannagh ( sans doute en panne de projets shakespeariens), et même Ian Mc Niece ( le crieur public de la série Rome ) et Bernard Hill ( le Theoden du Seigneur Des Anneaux) dans de petits rôles, la caution germanique étant assurée par Thomas Kretschmann( Stalingrad, King Kong... ), donnant au métrage un cachet des plus classieux, comme dans ces productions américano-britaniques des années 60 sur les hauts faits d'armes de la dernière guerre.
Un conseil Bryan , même si tu es fan de super-héros, continue plutôt à nous faire des films de ce genre, ça te réussit mieux!

lundi 2 février 2009

Les Seigneurs De La Guerre - Peter Chan


Dernier survivant de toute son armée, le Général Pang échoue dans un village de brigands. Se liant rapidement avec leurs chefs il devient leur frère de sang, et convainc ses compagnons de s’engager dans une armée afin d’obtenir de quoi nourrir leurs familles.

Grosse production chinoise, mais heureusement à des années lumières des niaiseries récentes en provenance de l’Empire du Milieu (genre « La Cité Interdite »), Les Seigneurs de la Guerre marque aussi le retour en grande forme de Jet Li, qui peut enfin montrer toute l’étendue de sa palette d’acteur. Loin des héros sans peur et sans reproche qu’il incarne habituellement dans ses films d’action, il montre ici une facette plus sombre de son talent. Face à lui , Andy Lau, la nouvelle vedette du polar Hong Kongais, se glisse sans aucune difficulté dans le rôle du fidèle lieutenant de Pang. Le maillon faible est Takeshi Kaneshiro, un peu écrasé par les deux monstres du cinéma asiatique.

Côté réalisation , Peter Chan a décidé de tourner le dos aux cartes postales de Zhang Yimou, et met en scène une Chine exsangue, ravagée par une série de guerres intérieures qui feront au total plus de 50 millions de morts. Les couleurs vives sont rares, ici tout est sale, boueux et froid, les champs de bataille sont jonchés de cadavres en putréfaction que personne n’a le temps d’enterrer, les soldats ne sont que de la chair à canon envoyés à la mort pour d’absurdes intrigues de palais, et même la parole d’honneur scellée par le sang finit par ne plus peser lourd face aux ambitions des uns et des autres.
Jonglant habilement entre les scènes de bataille sanglantes évoquant Braveheart en plus glauque et les scènes plus intimistes, faisant se répondre les machinations ourdies dans l’ombre et les affrontements barbares, Peter Chan réussit là un grand film épique aux accent de tragédie shakespearienne.

vendredi 30 janvier 2009

CHE - Steven Soderberg

Evocation , à travers deux moments-clés de sa vie, du destin d'Ernesto "Che" Guevarra, devenu l'incarnation de la guerilla et de la lutte anti-impérialiste.




Deux films, un casting trois étoiles, plus de quatre heures de métrage au total, il fallait bien ça pour rendre compte d'une personalité aussi complexe que légendaire.
Deux films, deux époques, deux parcours opposés, un seul destin.
Quarante deux ans après sa mort le "Che" n'a jamais été aussi populaire. Depuis 2002 au moins un film parlant de lui sort sur grand écran ou à la télévision. Dès 1968, un an après son éxécution par l'armée bolivienne, il est le sujet d'un film où il est incarné par Francisco Rabal. L'année suivante, c 'est Omar Sharif qui endosse son treillis. Même les Monty Pythons le mettront en scène, et plus récemment c 'est la vedette espagnole Edouardo Noriega qui lui a prêté ses traits.
Alors, après plus de vingt resurrections par écran interposé, ce film était-il vraiment utile?
N'ayant vu aucun des autres la réponse est, pour ma part, bien entendu oui. Tout d'abord, et surtout pour Benicio Del Toro, co-producteur du film , qui s 'est tant investi dans son rôle qu'il se confond littéralement avec la légende. C'est bien simple: prenez une photo du "Che", prenez une photo de Del Toro dans le film, il est quasiment impossible de faire la différence. Del Toro ne joue pas, il EST "Che" Guevarra, et son prix d'interprétation à Cannes est amplement mérité.
La réalisation ensuite. Le style de Soderberg, essentiellement caméra à l'épaule, colle parfaitement à l'esprit "guerilla" qui anime le film, et rend perceptible le sentiment d'urgence et l'inquiétude qui animent les protagonistes. Il confère aussi au métrage une qualité presque documentaire, faisant écho aux images qui arrivaient à l'époque aux Etats Unis du front Viet-Namien.
Le scénario, lui, se concentre sur les deux moments les plus célèbres de la vie de guerillero de Guevara, les deux épisodes qui ont forgé sa légende: le combat, au côté de Fidel Castro ( l'acteur qui l'incarne mériterait d'ailleurs lui aussi un prix!) à la tête de la révolution cubaine, du débarquement en novembre 1956 avec 80 hommes , qui ne seront bientôt plus qu'une vingtaine, à la prise de Santa Clara près de trois ans plus tard qui leur ouvrit les portes de La Havanne, et ensuite son aventure Bolivienne, son dernier combat. De fait le film fait oeuvre élégiaque. On ne voit jamais le "Che" faire quelque chose de mal. Face au courant de pensée actuel qui cherche à discréditer l'héritage des années 60, Soderberg fait vent debout et se positionne résolument du côté de la légende. D'ailleurs certains dialogues sont des citations au mot près soit des discours de Guevara soit de ses écrits ou de témoignages de ses partisans.
"L'Argentin", la première partie, témoigne de l'apprentissage de Guevarra au coeur des troupes de castro, dont il deviendra rapidement un des dirigeants, alors qu'il n 'est pas Cubain et qu'il souffre d'asthme. Entièrement dévoué à Fidel, il assume les missions les plus ingrates sans broncher, jusqu'à ce que son heure de gloire advienne avec la prise de Santa Clara. On le voit alphabétiser ses troupes en pleine jungle entre deux marches, gérer un hôpital de campagne, entrainer les jeunes recrues, bref il se frotte à tous les aspects de la guerilla.
"Guerilla", le deuxième film, s'ouvre sur la disparition du Che. En 1965, alors qu'il est numéro deux du régime castriste, il disparaît de la vie publique. On le retrouve un an plus tard en Bolivie où il est venu étendre la guerilla. Mais évidemment tout le monde sait comment celà finira. C'est ici que le plus grand défaut de Guevara apparait au grand jour. Il est trop impatient. Ce n 'est pas un politicien comme Castro, et il ne parvient à s'imposer ni parmi les opposants au régime du général Barrientos ( excellent Joaquim de Almeida) ni auprès de la population. Sans compter l'implication de la CIA.
Derrière ses allures de documentaire, "Che" reste pourtant un vrai film de cinéma, et Soderberg a recours aux techniques habituelles de caractérisation pour faire ressortir tel ou tel compagnon de route de Guevara (le cas du "Vaquerito" en est un bel exemple).
Cependant, même s'il se laisse suivre comme un film d'aventure, certains passages prennent une toute autre dimension une fois que l'on s 'est documenté sur les personnages et la période.
C'était peut être là le princupal mérite de ce film , et ce qui en fait la véritable importance: le fait qu'on ressorte de la projection la tête pleine de questions avec l'envie d'en savoir plus.

vendredi 23 janvier 2009

JACK IS BACK!!!


Depuis quelques semaines, et pour la première fois depuis deux ans, la télévision américaine diffuse de nouveaux épisodes de la série 24 (24h chrono chez nous, pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué , franchement ?).
Grâce à des moyens malheureusement réprouvés par la loi, j’ai pu m’abreuver les mirettes des nouveaux exploits de notre agent anti-terroriste préféré, et bon sang qu’est-ce que ça fait du bien !
Un téléfilm de deux heures ( en fait une heure et demie, mais avec la pub ça fait deux heures aux States) avait déjà été diffusé en novembre, et la septième ( 7 !!!) saison de 24 y fait directement suite. Obligé, pour sauver des enfants ( quel héros ce jack!) après deux ans de cavale, de se rendre aux représentants de l’autorité américaine dans un pays d’Afrique noire en pleine guerre civile, Jack Bauer doit désormais répondre de ses actes devant une commission sénatoriale, en attendant un procès. Mais voilà qu’une nouvelle menace surgit à l’horizon , qu’il va falloir affronter avec toute la poigne et l’énergie dont seul est capable Jack Bauer, et celui-ci est aussitôt remis en liberté pour assister le FBI ( la CTU a été démantelée).
La série colle plus que jamais à l’actualité ( après tout, n’a – t-elle pas anticipé, avec le personnage de David Palmer, l’élection d’un président noir ?). Née juste après le 11 Septembre, elle symbolisait la volonté du peuple américain de ne pas se laisser faire, d’utiliser tous les moyens à sa disposition pour combattre le terrorisme. Et Jack ne se privait pas pour torturer les suspects, dans la deuxième saison il décapite même un détenu pour faire parler un terroriste!
Mais voilà, Barack Obama est passé par là ; il est désormais temps de faire le bilan de l’administration sortante, et il n’est guère glorieux. L’audition , rapidement interrompue, (heureusement, sinon il n’y aurait pas de série) de Jack Bauer est à ce titre des plus éloquentes. Le pauvre agent, qui a tout sacrifié à son pays ( il a perdu sa femme et sa fille ne lui parle plus, sans parler de tous ses amis morts au fil des saisons précédentes), doit se justifier d’avoir torturé des suspects au mépris des droits civiques les plus élémentaires. Mais lui au moins n’avait pas besoin de se cacher à Guantanamo! En vrai patriote, il opérait sur le territoire des Etats Unis! C’est peut être ça qui gênait tant les sénateurs après tout…
Malgré tout, même pour un public non Américain, ou peut être même surtout pour un public non Américain ( au hasard… moi), les aventures de Jack Bauer ont toujours été des plus divertissantes. Chaque épisode apportait son lot de situations invraisemblables, d’action échevelée, de jack hurlant dans son téléphone portable , de ses amis recalibrant des satellites de surveillance en deux minutes, de terroristes fourbes, de victimes innocentes, on se croyait presque revenu aux années 80, alors que Chuck Norris liquidait des ennemis de l’Amérique par paquets de douze!
La thème choisi par les scénariste est cette fois ci l’Afrique noire, où se déroulent depuis des années des génocides sans que l’opinion internationale ( et surtout Américaine) ne réagisse ( ça change des sempiternels terroristes musulmans). Mais le véritable danger pour Jack est représenté par son ami Tony Almeida ( il était pas mort lui ?) qui semble être passé à l’ennemi.
Les Quatre premiers épisodes sont très prometteurs, laissant augurer d’une des meilleures saisons depuis longtemps ( il y en a qui ont profité de la grève des scénaristes, c’est pas comme ceux qui s’occupent de Heroes !). Bien sûr le sous-texte politique n’est qu’une excuse, tout ce qu’on veut c’est revoir Jack à l’œuvre, et pour le moment il ne déçoit pas !
Go Jacky !

jeudi 15 janvier 2009

20th CENTURY BOYS - Yoshihiko Tsutsumi

1969 : Kenji et sa bande de copains passent leurs vacances d'été à rêver de l'exposition universelle d'Osaka et à s'inventer un scénario catastrophe de fin du monde depuis une base secrète improvisée dans un terrain vague. A cette époque, Kenji voulait devenir une rock star et sauver l'humanité.1997 : Kenji aide sa mère dans la supérette de quartier tout en jouant la baby-sitter pour sa nièce Kanna. Ses rêves de gamin resurgissent lorsque la police le questionne sur une mystérieuse organisation dont le symbole serait identique à celui inventé dans le "cahier des prédictions" de sa bande lorsqu'il était enfant.



20th Century boys est le premier chapitre d’une trilogie adaptée d’un manga de Naoki Urasawa débuté en 1999 et terminé en 2007. Malgré de nombreuses sollicitations dues au succès de sa série, le mangaka a attendu d’avoir terminé son histoire avant d’en céder les droits d’adaptation, contrairement à ce qui se fait habituellement en pareil cas dans ce milieu. Autre particularité, les producteurs ont décidé de réaliser directement une trilogie et non d’attendre l’éventuel succès d’un premier film pour envisager des suites. L’histoire se déroulant sur plusieurs époques et progressant par d’incessants flashbacks, dont une bonne partie remontant à l’enfance des personnages, cette décision a permis de filmer toutes les scènes avec les enfants d’une traite, ce qui est toujours un avantage étant donné la vitesse à laquelle les enfants grandissent.
Ne connaissant pas du tout le manga, je ne peux juger que le film en lui-même, et malgré un petit côté téléfilm, il se laisse suivre sans ennui. Les acteurs font corps avec leurs personnages, les enfants sont très naturels, l’histoire est suffisamment intrigante pour maintenir l’intérêt tout le long des 2h20 que dure le métrage. D’ailleurs ces flashbacks vers l’enfance alors que leurs versions adultes s’apprêtent à affronter une catastrophe n’est pas sans rappeler « It » (« Ca » en livre, « ‘Il’ est revenu » à la télé) de Stephen King. On a vu pire comme référence. Cette histoire de secte maléfique qui cherche à prendre le pouvoir en répandant des agents biologiques doit de plus avoir une résonnance particulière au Japon.
Un premier épisode prometteur, vivement la suite !

dimanche 11 janvier 2009

VERITES ET MENSONGES (F FOR FAKE- 1975)- Orson Welles


Toujours occupé à la finalisation de son Don Quichotte, boudé par les producteurs, Orson Welles s’occupe comme il peut. Il fait de la télévision, tourne comme acteur pour d’autres réalisateurs, et filme de temps en temps, accumulant des projets qui restent pour la plupart inachevés par manque d’argent. L’un d’eux finit cependant par voir le jour en 1975 : F For Fake ( Vérités et Mensonges en vf), une sorte d’essai filmique sur le thème de la vérité, de l’art, et des faussaires. Le film commence à Ibiza par une évocation de la vie du plus célèbre peintre faussaire du XXè siècle, Elmyr de Hory, dont même le nom est sujet à caution. Peintre prodige, mais dont les œuvres ne se vendent pas, celui-ci, d’abord pour subsister, se met à faire des faux qui abusent tous les experts. La supercherie sera dévoilée par un écrivain qui avait lui-même du mal à vendre ses romans, Clifford Irving, lui-même impliqué dans une escroquerie mettant en cause Howard Hughes. Au début du film, Welles, en présentant le sujet de son œuvre (les Faussaires, le travestissement de la réalité), nous assure que bien qu’il se considère lui-même comme un charlatan, il ne nous dira que la vérité pendant l’heure qui va suivre, mais le film durant près d’une heure et demi, il finit bien entendu par nous raconter des bobards. Car Welles aimait avant tout raconter des histoires, captiver son auditoire, comme en atteste la séquence de la fête dans le Château en Espagne de Gregory Arkadin. On en retrouve ici des échos, puisque Welles se met en scène au restaurant, conteur jovial abreuvant un auditoire pendu à ses lèvres, ou encore dans des séquences de pique-nique, mettant en évidence l’hypocrisie au cœur de l’acte documentaire: dès que la caméra tourne, il y a mise en scène, et dès qu’il y a montage il y a manipulation. On retrouve d’ailleurs très vite Welles dans sa salle de montage, alors qu’il est apparemment en train d’assembler son documentaire, une façon de nous rappeler que c’est lui et personne d’autre qui mène le bal. Des petits interludes où on le voit faire ses tours de magie, ou des digressions sur les débuts de sa carrière ont le double rôle d’enrichir le récit et d’embrouiller le spectateur. Le documentaire, en effet, semble parfois se perdre dans des digressions bizarres, mais toujours fascinantes, passant du récit de la propre expérience de peintre de Welles à la vie d’ermite de Howard Hughes en passant par le séjour de Picasso dans une petite ville balnéaire du sud de la France. Le tout donne une impression équivalente au « Stream of counsciousness » cher à certains écrivains, l’illusion que l’artiste passe d’une chose à l’autre comme s’il exprimait tout ce qui lui passe par la tête au moment même où celles-ci s'imposent à son esprit. Cela fait aussi de ce film une sorte de réflexion sur le processus créatif: en tournant un film d’autres idées apparaissent qui donnent naissance à un autre film qui s’imbrique dans le premier et ainsi de suite. Mais rien n’est ici laissé au hasard, et c’est bien à une manipulation que se livre Welles, ainsi qu’à une critique des soit-disants experts qui décident péremptoirement de ce qui est vrai ou pas, de ce qui est de l’art ou non. Pour autant, F For Fake n’a rien d’un pensum lourd et indigeste, la truculence de Welles en fait une expérience des plus plaisantes et des plus fascinantes. Une supercherie d’une telle honnêteté qu’elle ne peut que rendre heureux celui qui en est la victime consentante. Puisque la réalité elle-même est sujette à caution, qu’au moins le mensonge soit beau.

mercredi 31 décembre 2008

MARVEL ZOMBIES- ROBERT KIRKMAN & SEAN PHILLIPS

Voilà une bd qui s’adresse à tous ceux qui trouvent les super-héros trop lisses, trop gentils, trop mignons.
Vous qui en avez marre que Spider-Man se fasse sans arrêt du mouron pour sa pauvre vieille tante au cœur malade, vous qui ne comprenez pas que Hulk ne tue personne alors qu’il ravage une ville entière, vous qui rêvez de voir à quoi peut réellement servir le bouclier de Captain America, réjouissez-vous : les héros Marvel ne sont plus ce qu’ils étaient.
En effet, ils sont ici transformés en zombies et boulottent tous ceux qui croisent leur chemin!








Tout a commencé dans les pages de Ultimate Fantastic Four.
La ligne Ultimate est une sorte de réactualisation de l’univers Marvel. Il est occupé par des héros semblables à ceux que nous connaissons ( Spidey, Les FF, les X-Men…), mais sont plus ancrés dans le 21è siècle ( alors que les héros classiques ont débuté pour la plupart au début des années 60), ceci, bien entendu , dans le but de séduire un public plus jeune qui n’a pas envie de s’embarrasser de plus de 45 ans de continuité.
Hors, donc, au cours d’une des aventures du plus célèbre quatuor de la galaxie, ceux-ci se retrouvent, à la manière des héros de la série Sliders, dans une dimension parallèle où un virus extra-terrestre a contaminé les héros, qui se sont ainsi transformés en monstres affamés de chair humaine. Ce sont une fois de plus les mêmes personnages, sauf que cette fois ce sont des zombies anthropophages.
L’histoire aurait pu en rester là, mais le responsable éditorial Ralph Macchio (dont les fans de feu Special Strange se souviennent), voyant le potentiel d’un tel concept, demande à Robert Kirkman, déjà auteur de The Walking Dead pour Image comics, d’écrire une mini série sur les héros zombies. Celui-ci accepte à condition d’avoir carte blanche. Il veut pouvoir mettre en scène des actes ignobles accomplis par les plus grands héros Marvel. Macchio accepte , et le résultat est une première mini série de cinq épisodes parus en 2006.
Cette première histoire relate les dernières heures des derniers resistants « humain » ( Magneto et ses acolytes et la Pantère Noire) jusqu’à l’arrivée du plus grand des affamés : Galactus, le dévoreur de mondes!
Les scénarios bourrés d’humour noir de Kirkman sont illustrés avec la noirceur qui convient par Sean Philips, à qui on pourrait reprocher d’un peu trop cacher ses personnages dans l’ombre, mais dans l'ensemble son style convient bien à l’ambiance glauque du récit. Cependant on salive en pensant à ce qu’aurait pu faire un type de la trempe d’un Bernie Wrightson avec un tel script !
La cerise sur le gâteau, ce sont les couvertures originales illustrant chaque épisode américain. Réalisées par Arthur Suydam, ce sont toutes des relectures de couvertures classiques, mais avec les personnages zombifiés. Le succès a d’ailleurs été tel que la série fut rééditées, avec de nouvelles couvertures. Ces véritables tableaux figurent tous dans le volume édité par Panini Comics.
Après un one-shot paru en juillet 2007,une nouvelle mini-série voit le jour entre décembre 2007 et avril 2008. Toujours signée des même auteurs elle relate le retour sur terre des zombies 40 ans après les événements de la première série. Ayant dévoré tout l’univers ils reviennent sur terre pour voir s’il n’y resterait rien à se mettre sous la dent.
A noter que pour faire patienter les fans un crossover entre Marvel Zombies et Evil Dead a été réalisé par John Layman (scénariste) assisté de Sean Philips, Fernando Blanco et Fabiano Neves, où Ash, le célèbre anti-héros de la trilogie horrifique de Sam Raimi, rencontre, au détour de ses aventures extra-dimensionnelles, les fameux mort-vivants.
Les couvertures sont bien-entendu toujours signées Arthur Suydham.
En attendant la suite des aventures gustatives des super-zombies, les trois volumes sont disponibles chez Panini comics.
Une jolie idée cadeau pour Noël !

samedi 27 décembre 2008

LE BON, LA BRUTE ET LE CINGLE- Kim Jee-Woon

Quelque part dans les années 30, en plein désert de Mandchourie, trois personnages ( un chasseur de primes, un tueur à gages et un bandit) se pourchassent et s’affrontent les uns-les autres pour la possession d’une carte au trésor tout en tentant d’échapper à l’armée d’occupation japonaise et à une horde de bandits Mandchous.


Le titre évoque immanquablement l’un des plus célèbres film de Sergio Leone, et indique sans erreur possible que nous sommes en présence d’une sorte de Western asiatique. Il était inévitable que l’Asie se frotte à son tour à ce genre (C’est même déjà fait en Thaïlande), certains Westerns classiques ayant recyclé des récits de Samourais, et le Western Spaghetti, dont le modèle pour ce métrage est l’un des meilleurs représentants, ayant emprunté nombre de codes narratifs typique du cinéma de ce continent pour se forger une grammaire propre.
C’est ici la Mandchourie qui prend la place des grands espaces de l’Ouest sauvage, un choix des plus judicieux puisque, outre la ressemblance physique des paysages, cette région a longtemps été une pomme de discorde entre les trois puissances locales. Le statut des Coréens, écrasés à la fois par les japonais et les puissances occidentales qui dominaient alors la Chine, rappelant de plus le sort des Mexicains frontaliers, luttant chacun à leur manière pour survivre.
Mais assez parlé du contexte historique, Le Bon, La Brute Et Le Cinglé est avant tout un divertissement, ainsi qu’une belle occasion pour le réalisateur d’étaler tout son savoir-faire technique. L’attaque du train qui ouvre le film donne le ton: mouvements de caméras virevoltants, couleurs chaudes, fusillades interminables, personnages charismatiques ou improbables ( ah ce guerrier Mandchou qui se promène toujours avec son marteau de guerre!), tout est pensé pour flatter l’œil et frapper les imaginations. De fait, la quête et les poursuites des personnages se suit sans aucun ennui. On retrouve avec bonheur Lee Byung-Hun, le héros de A Bittersweet Life, le précédent métrage du réalisateur sorti chez nous en 2006, en tueur froid, sophistiqué et impitoyable, et surtout Song Kang-Ho, véritable star au Pays du Matin Calme (On l’a vu dans Memories Of Murder et The Host notamment), et qui s’adjuge la part du lion, cabotinant, pour notre plus grand bonheur, comme si sa vie en dépendait. Le troisième personnage est malheureusement beaucoup plus en retrait et manque singulièrement de charisme pour prétendre exister face aux deux monstres sacrés pré-cités. La caractérisation, notamment de ce personnage, est le seul véritable point faible de ce film.
Si Le Bon, La Brute Et Le Cinglé est un Western , il n’en oublie pas son identité asiatique pour autant, que ce soit dans le choix des armes des protagonistes ( il y a le Mandchou au marteau, bien sûr, mais nombre d’hommes de main brandissent aussi des sabres) ou dans les situations ( la scène de la bagarre dans l’auberge, passage obligé de tout film de sabre).
Comme pour échapper à la comparaison inévitable avec le chef d’œuvre de Sergio Leone, Kim Jee-Woon désarçonne son audience en empruntant quelques éléments à l'univers de Mad Max : le marché aux marchandises volées ressemble étrangement à BarterTown ( la ville sur laquelle règne Tina Turner dans Mad Max 3) et la poursuite finale où tous les protagonistes sont enfin réunis (les trois personnages principaux, l’armée japonaise, les bandits Mandchous) et se poursuivent à bord de tous les véhicules imaginables ( Chevaux, motos, voitures, camions…) évoque les poursuites qui concluent les deux derniers films de la saga de George Miller.
Voilà donc un joyeux fourre-tout, un véritable film pop-corn et référentiel ( on retrouve dans la b.o la même version de Misunderstood qui figurait dans Kill Bill) qui, à l’image du récent Doomsday de Neil Marshall, n’a d’autre ambition que de faire passer un moment agréable au spectateur.
A consommer sans modération!

dimanche 14 décembre 2008

LE SHAOLIN COWBOY (GEOFF DARROW)




"Quelque part au milieu de nulle part, un jour avant hier et une semaine avant demain", perché sur sa verbeuse mule nommée Lord Evelyn Dunkirk Winnieford Esq. III, le laconique Shaolin Cowboy arpente le desert.
Dernière création en date de Geoff Darrow, le Shaolin Cowboy est un mystérieux moine bouddhiste qui excelle dans le domaine des arts martiaux, aussi bien à mains nues qu'avec armes, ce qui lui est bien utile pour se débarrasser des chasseurs de primes plus iconoclastes les uns que les autres qu'il croise régulièrement dans un desert décidément très peuplé.
Comme à son habitude, Darrow, "l'homme qui ne peut pas laisser un centimètre carré de sa page non dessiné", prend le temps d'étaler ses tableaux sur plusieurs planches qu'il parsème de mille et un détails absurdes et ne triche jamais avec les ombres. Les scènes de carnage sont détaillées à l'extrème, et interdisent d'ailleurs la lecture des aventures de son héros aux jeunes lecteurs et aux âmes sensibles.
L'essentiel de la narration est assuré par la mule incroyablement bavarde du Shaolin Cowboy, qui disserte à longueur de temps sur sa perruche perdue ou les acteurs légendaires d'Hollywood. Du Cowboy on ne sait rien . Tout juste apprend-on à la fin de chaque album qu'il a été viré de tout ce qu'on peut imaginer: de son monastère, d'un groupe de rock, de la garde vaticane, d'une meute de chiens...
L'errance sans fin et sans but du héros n 'est pas sans rappeler les histoires les plus absurdes de Moebius, qui est d'ailleurs un ami de Darrow, l'ultra-violence évoque bien sûr Hard Boiled, et les monstres rencontrés au fil de ses aventures rappellent Big Guy and Rusty The Boy Robot les deux sagas écrites par Frank Miller, et les frères Wachowsky, pour qui il a réalisé le design de la trilogie Matrix, ont même rédigé quelques dialogues.
Shaolin Cowboy est donc une sorte d'oeuvre-somme de son auteur, un véritable défouloir non-sensique, une performance graphique et avant tout un plaisir coupable à consommer sans modération.

mercredi 10 décembre 2008

GUNS N'ROSES:CHINESE DEMOCRACY



Enfin!
Quinze ans après leur dernier album (The Spaghetti Incident) et près de vingt ans après leur dernières compositions originales, une nouvelle galette estampillée Guns N Roses trouve le chemin des bacs.
Passons rapidement sur les frasques du sieur William Bailey, qui a occupé ce laps de temps en virant tout le monde ( sauf Dizzy Reed, qui lui semble dévoué corps et âme), et à racheter à ses anciens amis leurs parts de « l’entreprise « Guns N’ Roses ». Et occasionnellement à se faire arrêter pour pétage de plombs en public, et de temps en temps en donnant des concerts avec de nouveaux musiciens.
Axl s’est entouré au fil des années de musiciens très compétents, qui ne sont pas tous restés étant donné le temps que l’album a mis à sortir. Sont ainsi passés dans le groupe d’Axl : Josh Freese ( actuel batteur de Nine Inch Nails ) Buckethead ( le guitariste sponsorisé par KFC), Brain ( batteur inconnu) et parmi ceux qui sont restés jusqu’à la sortie de l’album on peu citer Ron ‘Bumblefoot’ Thal, guitar hero de l’écurie Mike Varney, Paul Tobias (guitares), Robin Finck (ex- guitariste de Nine-Inch Nails, programmeur à l’occasion), Tommy Stilson à la basse, Cris Pitman à la basse, sub-bass ( !) et à la programmation, Frank Ferrer à la batterie et Richard Fortus (guitares).
Si vous avez bien compté, il y aurait donc à présent pas moins de deux bassistes ( !) et de quatre ( !!) guitaristes au sein des Guns N’ Roses, certains musiciens étant polyvanlents et pouvant à l’occasion jouer des claviers et s’occuper de la programmation des synthés.
Il est évident qu’avec un effectif aussi pléthorique il n’est plus question de garder l’esprit originel du groupe.
De fait, Chinese Democracy ( une allusion au mode de fonctionnement de la bande à Axl?) est donc davantage un album solo d’Axl Rose qu’un nouvel album des Guns N’ Roses.
Et là, je vous sens frémir.
Mais pour être une véritable tête de lard, le père Axl n’en est pas moins un très bon musicien et un excellent compositeur, après tout, pratiquement chaque chanson des Guns a été en partie composée par lui.
Ainsi retrouve-t-on épisodiquement au fil de l’album des morceaux évoquant la grande époque, sans jamais , hélas, parvenir à la hauteur de leurs illustres aînés.
Le morceau éponyme, et premier single, est un exemple typique : intro de gens qui causent, sirène hurlant dans le fond, et un gros riff bien tranchant pour sonner le départ. Le son est très saturé, Les solos de Finck et Buckethead sont très bien amenés et parfaitement exécutés, quoi qu’on sente tout de suite que Slash n’est plus là ( il aurait tenu chaque note un peu plus longtemps), la voix nasillarde et éraillée d’Axl balançant des textes empreints de paranoïa et d’envie d’en découdre. C’est du tout bon. Ce qui marque au premier abord c’est la présence, que l’on pourrait qualifier envahissante, de la production. Le son est très touffu, ça manque un peu d’air.
C’est un reproche que l’on pourrait adresser à pratiquement tout l’album, puisque entre les nappes de synthés, les bidouillages électroniques divers, les couches de guitares superposées et l’orchestre on a un peu de mal à respirer.
D’un autre côté, il fallait bien justifier la longue gestation du bestiau.
Better, le deuxième extrait, tente lui aussi de renouer avec la tradition, malgré une introduction évoquant une comptine enfantine. Toute la progression vers le refrain rappelle les envolées guitaristiques de Estranged voire quelques morceaux de Dream Theater. Le refrain lui-même sonne très Guns de la grande époque, et les paroles , une fois de plus, regorgent de parano.
I.R.S, qui ne parle pas des impôts, contrairement à ce que son titre laisserait penser, sonne elle aussi très Guns classique, mais avec une pointe de modernisme. On se dit que si le groupe était encore ensemble ils pourraient sans doute écrire des trucs comme ça.
Mais au-delà de la nostalgie, cet album est l’occasion pour Axl d’enfin exploiter toute la palette de son talent et d’utiliser toutes les idées qui ne seraient jamais passées avec ses anciens amis.
Ainsi, le deuxième morceau de l’album, Shackler’s Revenge met tout de suite les pendules à l’heure : une intro toute en distorsion d’harmoniques, genre Fear Factory, chant plus grave, boucles samplées, boite à rythme on dirait presque de l’industriel. Même les solos jouent dans le bizarroïde. Mais ce n’est pas désagréable.
Sorry est une power ballade dont le refrain n’est pas sans rappeler du Metallica.
Axl adore le piano, ça on le savait, mais il adore aussi les orchestres. Il n’a jamais caché son envie d’amener Guns n Roses à un autre niveau que celui de simple( !) groupe de rock, et sur cet album il s’est bien amusé. Sur Street Of Dreams, où il se la joue crooner, There Was A Time qui rappelled méchamment November Rain et Estranged, et surtout Madagascar, sans doute la chanson la plus ambitieuse de l’album, où la mégalo d’Axl se lâche à plein régime : c’est presque du progressif, changement d’ambiance toutes les deux minutes, extraits samplés du célèbre discours de Martin Luther King entrecoupés d’autres trucs , dont l’intro de Civil War( !). Il fallait oser.
Mais Axl a aussi un côté romantique, et les deux chansons d’amour que sont This I Love et If The World sont de véritables bijoux. Ce sont d’ailleurs mes chansons préférées de tout l’album. This I Love est une jolie balade au piano qui gagne en puissance graduellement à mesure que les instruments se greffent sur la mélodie, orchestre, guitares, batterie, piano tout se fond en un final grandiose. Mais ma préférée des préférées est If The World, qui est plutôt soul que rock : une basse très funk et très présente, une guitare arabo-andalouse (encore Buckethead), un piano à la Aladdin Sane de Bowie, des nappes de violons, une guitare rythmique très grave, un solo très enlevé, un véritable chef d’œuvre.
Le reste est plus dispensable, même si non dénué d’interêt.
Catcher In The Rye s’essoufle vite ( on croit par deux fois que la chanson est finie, et pour tout dire on l’espère !), Scraped est une chanson très rapide, aux vocaux rageurs, bourrés d’effets, à la guitare accordée très bas, Prostitute est plus banale, et Riad And The Bedouins témoigne de l’ignorance d’Axl en matière de politique extérieure, mais au niveau musical se défend.
Chinese Democracy sera sans doute descendu par nombre de déçus, ce qui est inévitable, car il ne sera jamais à la hauteur des attentes. Il a mis trop longtemps à sortir, il a coûté trop d’argent, et le nom des Guns N Roses est pratiquement devenu une légende. Cependant, il mérite largement le détour.

mardi 2 décembre 2008

MESRINE: L'ENNEMI PUBLIC N°1

Deuxième partie du "biopic" consacré à Jacques Mesrine, consacré cette fois à la période qui a suivi le retour de Mesrine en France, celle où il est devenu "Lennemi Public Numéro un"


Après une première partie halentante qui ne laissait pas le spectateur respirer pour l'emmener de l'Algérie au Canada en passant par la France, la deuxième partie est plus posée, certains diront plus monotone. Le rythme est plus lent, mais la période est aussi plus ressérée. Chaque scène est développée plus longuement, ce qui n 'est pas un mal, on a plus de temps pour s'attacher aux personnages. Mesrine s'impose déjà en légende vivante, capable de s'évader de n'importe où, de braquer n'importe quelle banque, et jouant avec habileté des médias.
Mais c 'est aussi un homme excessif, qui finit par se voir plus qu'un simple voleur, ce que ne manqueront pas de lui reprocher ses amis (Dont Mathieu Amalric, décidément omniprésent ces temps ci).
C 'est ici le Mesrine que tout le monde connaît, se revendiquant révolutionnaire (aux côtés d'un Gerard Lanvin méconnaissable), réglant ses comptes avec la presse de la manière la plus brutale qui soit, et qui finit abattu par la police en plein Paris.
Un film totalement complémentaire du premier. Une vraie grande saga criminelle.

mercredi 26 novembre 2008

Concert des Fatals Picards: Le Splendid Lille 21-11-08



Vendredi dernier, je rentre du boulot. C 'est le week end, pourquoi ne pas l'entamer dignement par un petit concert de derrière les fagots?
Justement, les Fatals Picards se produisent ce soir à Lille, dans la petite salle du Splendid, à quinze minutes à pied de chez moi!
Pour le grand public, les Fatals Picards ne sont que les candidats malheureux du concours Eurovision 2007 ( en même temps, la France des dernières années ne se paie que des tôles), mais le groupe existe depuis une petite dizaine d'années et a déjà quatre albums à son actif, aux titres doucement décalés (Navet Maria, Droit de Véto, Picardia Independenza et Pamplemousse Mécanique). Ils sont les auteurs de titres aussi indispensables que "A L'Enterrement de Derrick", "Va T'En Puisque T'Es Partie" ou encore " Goldorak Est Mort".
Putain ça caille en ce moment! Heureusement que je n'ai pas à marcher longtemps pour rallier le lieu du concert. Arrivé devant le Splendid je manque de me faire éconduire, on me dit en effet que la salle est comble, mais en cherchant bien on trouve finalement encore quelques places ( ça m'apprendra à ne pas réserver à l'avance!).

Le public est très varié: des jeunes, des vieux, des enfants, des gens de toutes apparences. La musique a décidément des vertus fédératrices!

20h pile, la première partie entre en scène. Monsieur Greg que ça s'appelle. Deux types en costume sombre et lunettes de soleil. Un chanteur (guitariste à l'occasion) et un bidouilleur multifonctions. Ils proposent un "Rock Electro-Libéral" d'honnête facture. Totalement dans leur trip de parodie de la "bling bling attitude", tantôt déclamant, tantôt se déchaînant sur un riff de guitare entêtant, une bonne entrée en matière, de quoi faire patienter agréablement en attendant la tête d'affiche.

Un rapide relookage de la scène et la formation picarde, amputée d'un membre ( il manque un chanteur, le moins chevelu des deux), investit la place et démarre directement avec "Française des Jeux", chronique douce-amère sur la dépendance aux jeux de grattage.Cette introduction passée, le groupe met les choses au point: non, ils ne sont pas Superbus, puisque c 'est un groupe américain et qu'ils étaient trop chers pour le Splendid, et leurs concerts sont interactifs, donc la participation du public est fortement souhaîtée. Après avoir dédié le concert à Bertrand Delanoe, on enchaine avec "Seul et Célibataire", puis il est temps de passer aux choses sérieuses: le batteur prend le micro ( comme chez "Eagles" et "Genesis", dixit le chanteur) pour l'intro de "Chasse Pêche Et Biture" dont le refrain est hurlé en coeur par un public qui commence à bien s'échauffer. Les Picards ne manquent pas de le remarquer, avouant que le concert commence plutôt bien ( Ils se contrediront plus tard et taquineront l'audience en leur disant qu'ils avaient été mous au début). Tout au long du concert les piques fusent: envers les chtis ( ils préparent un "Bienvenue Chez Les Picards" paraît-il) Superbus donc, mais surtout Cali qui sera rhabillé pour l'hiver, et plutôt deux ou trois fois qu'une! ( vu le temps en ce moment ça lui fait du bien).C 'est ensuite le "quart d'heure des chansons de gauche". Car , il ne faut pas l'oublier, Les Fatals Picards est un groupe engagé, même s'il manie plus souvent l'ironie et l'auto-dérision que le discours militant pur et dur. On demande au public de se livrer au sport favori des Français: la délation. Il faut trouver dans la salle quelqu'un qui porte des lunettes ( merde , j'en ai!), une montre ( gloups!), a des clés de voiture sur lui ( ouf! c 'est bon! je suis venu à pied) et porte des mocassins (ça va je suis hors de cause!). On finit par trouver l'oiseau rare: le riche de la soirée (il a même une chaîne en or le coquin!) que l'on est invités à huer de bon coeur. Suivent donc "Les Bourgeois" et une chanson que je ne connaissais pas.Après les riches, il est question de l'éducation nationale. L'occasion de remarquer que les profs sont très représentés dans le public, mais cette fois le chanteur décide de dédier "La Sécurité De L'Emploi" aux professeurs des écoles en particulier, bien malmenés, il est vrai, par notre ministre ces derniers temps.
Le batteur prend une nouvelle fois le micro pour l'intro de Djembé Man.
Il est temps de s'adresser aux enfants... pour leur dire que la chanson qui suit n 'est pas pour eux! "Dors Mon Fils" est hurlée à l'unisson.
Suivent dans le désordre la chanson sur Amélie Poulain , "Schyzophrène (tu vas dans le mur)", "Les Dictateurs" ( ou les tentatives malheureuses de recycler les dictateurs dans des activités plus inoffensives comme jouer dans un groupe de reggae, monter un parc d'attraction ou une équipe de foot), et c 'est le retour des chansons de gauche avec "Mon Père Etait Tellement de Gauche " dans une jolie version acoustique ( de nouveau chantée par le batteur, décidément très sollicité ce soir!) et "Commandante".
Le batteur revient une nouvelle fois pour nous faire part d'un pari stupide (pléonasme?) qu'il a perdu, ce qui l'oblige à interpréter une chanson de Christophe ( "Stéphanie") promptement interrompue par le chanteur.
C'est déjà l'heure des rappels. On nous justifie la présence dans la setlist de "L'Amour A La Française " par le fait qu'elle ait permis aux membres du groupe de se faire bâtir leurs maisons, puis déboulent "Bernard Lavilliers" et "Monter Le Pantalon".
La soirée s'achève sur la reprise de "Partenaire Particulier", guère indispensable sur album , mais qui ne manque jamais de faire remuer un public nostalgique.
Un seul regret: il n'y aura pas de "Goldorak Est Mort" de soir, ce n 'est pourtant pas faute de l'avoir réclamé.
Dans l'ensemble, malgré l'absence du meilleur des deux chanteurs, le groupe a bien rempli sa mission, la soirée a été très divertissante, certaines chansons ont subi un lifting interessant, et le batteur a réussi à s'imposer en chanteur de secours, même si l'on sent qu'il n 'est pas totalement à l'aise. Musicalement, le groupe est au top, ses membres échangent plusieurs fois leurs instruments: outre le batteur qui chante à l'occasion , le bassiste et le chanteur jouent de la guitare, un roadie de la contrebasse et le guitariste s'asseoit à l'occasion derrière les futs. Un groupe véritablement polyvalent!
A ne pas manquer la prochaine fois. A ne pas manquer non plus leur album/ dvd live sorti récemment.



mardi 18 novembre 2008

LES VACANCES AU CINEMA (Part 4)

Le dernier film de Ridley Scott avec en vedette Leonardo Di Caprio, Russel Crowe, et une révélation la magnifique actrice iranienne Golshifteh Farahani.

S'il ne jouit plus du statut de réalisateur visionnaire que lui avaient conféré ses premieres oeuvres ( Duelistes, Alien, Legend, Blade Runner, combien de réalisateurs vendraient leur âme pour n'avoir réalisé ne serait-ce qu'un seul de ces films?), Ridley Scott occupe toujours une place à part dans le paysage cinématographique mondial. Un peu trop vite cantonné au rôle de simple esthète à cause de son passé de publiciste, il a longtemps eu du mal à faire valoir qu'il était avant tout un conteur et qu'il était interessé par toutes sortes d'histoires. Le succès retentissant de Gladiator, lui a ouvert de nouvelles portes et lui a donné une nouvelle stature qu'il confirme depuis de film en film.
Sans abandonner les belles images ( ça ne fait pas de mal!), le réalisateur de Kingdom Of Heaven aborde donc des sujets aussi divers que le feminisme ( Thelma et Louise), l'engagement militaire américain à l'étranger (Black Hawk Down), la fresque historique (1492, Kingdom...) ou encore la saga criminelle ( American Gangster, pour les besoins duquel il avait emprunté l'acteur fétiche de son frère).
Plus que jamais en phase avec l'actualité, Il a choisi cette fois-ci de traiter de l'action de la CIA au Moyen Orient. Sujet délicat s'il en est par les temps qui courent.
Une fois encore, il réussit brillament son pari et montre, au travers de la relation d'un agent de terrain ( Di Caprio, d'une justesse impressionante) et de son supérieur au pays ( Russel Crowe, dont le tour de taille a tendance à s'élargir lorsqu'il ne trouve pas de rôles physiques à jouer), le fossé qui existe entre les cultures américaines et locales. Sans faire d'angélisme ni donner dans la diabolisation, Ridley Scott dresse le constat de l'impuissance des USA face à une situation qu'ils pensent maîtriser et dénonce leur arrogance vis à vis des cultures et des usages locaux, alors qu'en composant avec eux , il pourraient accomplir un travail profitable à tous. La façon dont sont traités les agents recrutés localement et les candidats transfuges explique aussi que les Américains peinent à se faire des amis sur place. Ce à quoi il faut ajouter le fait que pour les Américains le Moyen Orient n'est rien d'autre qu'une reserve de pétrole.
Le personnage de DiCaprio, auquel on est forcés de s'identifier malgré ses nombreuses erreurs, certaines très lourdes de conséquences, sert de pont entre les cultures occidentales et moyen-orientales, à la fois par son désir de traiter d'égal à égal avec les autorités locales, mais aussi parce que, tombé sous le charme d'une jolie infirmière iranienne, il est obligé de se plier à toutes sortes de règles pour ne serait-ce que lui adresser la parole.
Un film à la fois lucide et optimiste, sans concession ( c 'est parfois très violent) mais où brille tout de même une lueur d'espoir à la fois pour l'avenir de la mission que les Américains se sont donnés dans cette partie du monde, mais aussi, et surtout, pour le devenir de ses habitants, résumée dans cette citation:
-"Pourquoi veux-tu rester ici?Il n'y a rien à aimer au Moyen Orient!"
-"C'est peut être ça le problème, justement"

lundi 17 novembre 2008

LES VACANCES AU CINEMA (Part 3)

Première partie de la biographie de Jacques Mesrine, l'ennemi public numéro un de la France des 70s, adaptée du propre livre écrit par l'interessé, de sa démobilisation après la guerre d'Algérie à son retour en France après son aventure canadienne


Le projet était déjà légendaire au moment de l'annonce de sa mise en chantier. Il est en effet assez rare qu'un réalisateur français ose se confronter aux grandes figures héxagonales du crime. Le statut de quasi-martyr du personnage, "gagné" lors de son exécution en pleine rue par la police, en faisait en outre un sujet délicat. L'implication de Vincent Cassel, qui s'est investi "à l'américaine" dans son rôle en acceptant de prendre une vingtaine de kilos pour incarner Mesrine dans ses dernières années, donnait cependant au film une certaine caution auprès de la critique et du public. Jean-François Richet, par contre , inspirait davantage le scepticisme.
A l'arrivée, le film est une vraie réussite. Le parcours de Mesrine de l'Algérie au Canada en passant par la France et les Etats Unis est passionant et le scénario ne tombe jamais dans le piège de l'hagiographie, mais présente l'homme dans toute sa dualité. Violent mais charismatique, colérique mais fidèle en amitié, courageux mais parfois aussi totalement inconscient. Les scènes d'action sont immersives et restent très lisibles, mais le grand atout du film ce sont bien évidemment ses interprètes, Vincent Cassel en tête qui campe un Jacques Mesrine troublant. On oublie très vite la performance de l'acteur pour se laisser entraîner par les péripéties du personnage. Les seconds rôles ne sont pas en reste: Cécile De France est méconnaissable, et Gerard Depardieu trouve enfin un vrai rôle à jouer.
Mesrine, L'instinct de Mort renoue avec une catégorie du cinéma français que l'on croyait éteinte depuis un moment, celle des grands films populaires de genre, habités par une réelle ambition, capables de concurrencer les sorties américaines.
Franchement on n'en attendait pas tant.
A mercredi pour la suite!

samedi 15 novembre 2008

LES VACANCES AU CINEMA (Part 2)

2008 est décidément l'année des retours! Après Batman qui nous gratifiait cet été d'un des tous meilleurs films de super-héros de tous les temps, après le nouveau James Bond sorti pendant les vacances, c 'est au tour de Hellboy de se rappeler à notre bon souvenir.



Toujours dirigé par le mexicain Guillermo Del Toro, toujours interprété par Ron Perlman sous des tonnes de maquillage, et toujours entouré de Tom Manning, de l'amphibien Abe Sapien et de sa petite amie incendiaire Liz Sherman , Hellboy doit cette fois affronter la colère d'un prince elfe, dernier représentant de sa race, et porte parole du monde des créatures magiques menacé d'extinction par l'inconséquence des humains.
Sous ses dehors de grosse production ( pas si grosse que ça si on regarde le budget d'ailleurs), Hellboy 2 est en fait une véritable oeuvre personnelle, le film somme de toute sa carrière. Del Toro est un cinéaste qui possède une visoon unique, un univers propre, nourri de contes, de légendes et de récits fantastiques puisés à des sources diverses. Il aime la nuit et l'obscurité ( ce qui l'a amené à réaliser des films de vampires comme Blade 2 ou Cronos), il aime les souterrains (On les retrouve dans Le Labyrinthe de Pan, dans Mimic et encore dans Blade 2), Il aime les créatures fantastiques issus des contes populaires ou des mythologies les plus anciennes ( Blade2 encore, les fantômes de L'Echine Du Diable, Hellboy déjà, et bien sûr Le Labyrinthe...) il est fou des insectes et des mécanismes ( d'où l'insecte mécanique de Cronos) et il adore parler de l'enfance ( tous ses films en traitent à un degré ou à un autre).
Hellboy 2 , c'est donc tout ça dans un même film. Mais ce n 'est pas un fourre-tout pour autant. C 'est une véritable oeuvre existant par elle-même, possédant une réelle cohérence propre, qui en fait un prolongement parfait au premier film. Les personnages ont évolué: Hellboy et Liz se démènent en pleine crise de couple, Abe tombe amoureux, Tom Manning ne supporte décidément plus Hellboy.D'autres font par contre leur apparition. Le nouvel agent de liaison , l'ectoplasmique Johann Krauss, vaut d'ailleurs son pesant d'or.
Des personnages très fouillés, un univers cohérent et en pleine expansion, une atmosphère poétique, des scènes d'action incorporant mieux les enjeux dramatiques que celles du premier épisode, des adversaires qui échappent au piège du manichéisme à tout crin, et un film qui s'insère sans aucun mal dans l'une des oeuvres en cours les plus fascinantes du cinéma, c 'est ce qu'on appelle un chef d'oeuvre!

jeudi 13 novembre 2008

LES VACANCES AU CINEMA (Part 1)

Les vacances sont le moment idéal pour se mettre à jour cinématographiquement, et je ne me suis pas privé cette fois encore, d'autant que nombre de films intéressants se partagent l'affiche ces temps-ci!

A tout seigneur tout honneur, commençons par l'agent 007, James Bond en personne, de retour sur le grand écran. 22è opus de la série régulière ( sans compter le parodique Casino Royale de 1967 et le dissident Jamais Plus Jamais de 1983), Quantum of Solace, et son titre intraduisible, voit l'agent secret vedette du MI6 lancé dans une quête vengeresse. L'action se situe quelques heures à peine après la fin de Casino Royale, et James (Daniel Craig, tout en muscles et en rage contenue), qui ne veut pas admettre ouvertement qu'il était amoureux de la belle qui s 'est faite tuer à la fin du précédent épisode, ne ménage pourtant pas sa peine pour en retrouver les assassins, ce qui n 'est pas sans occasionner quelques dégâts collatéraux ( comprendre: plein de cadavres partout!), au grand dam de sa supérieure hiérarchique, M ( Judy Dench, impeccable), qui se voit elle-même sommée par ses propres supérieurs de ramener son chien fou d'agent chéri à la niche.
Le ton est ici beaucoup moins glamour, rappelant quelque peu la (courte) période Timothy Dalton. James n'a guère de temps à perdre en mondanités ( pas de "Bond, James Bond" ici), ni à s'amuser avec les derniers gadgets à la mode ( pas de Q non plus), il n 'est motivé que par le désir de tuer.
Face à lui, Dominic Greene ( Matthieu Amalric, suave à souhait) membre d'une mystérieuse organisation aux motivations troubles qui semble avoir infiltré des agents partout.
Tout à sa quête, Bond croise la route de Camille (Olga Kurylenko, si bronzée qu'on dirait une métisse), une jeune femme aux objectifs similaires.
Le film nous promène sur une bonne partie du globe, de l'Europe à l'Amérique du Sud en passant par Haïti, remplissant son quota d'exotisme.Les cascades et combats divers sont légion , mais parfois un peu difficiles à suivre ( cette mode du montage hyper-cut est parfois bien énervante!), voire tellement exagérés qu'il en perdent toute crédibilité ( la scène du crash d'avion, qui pousse la suspension d'incrédulité dans ses derniers retranchements).
Dans l'ensemble, Quantum Of Solace est tout de même un bon cru, avec un Daniel Craig qui impose sa marque, plus dur, moins glamour, mais toujours aussi efficace.
Long Live Bond!

lundi 3 novembre 2008

BERCY BEAUCOUP!



Oui , je sais , le jeu de mots est facile , mais je n'ai pas pu resister.
Merci donc aux joueurs qui nous ont offert en ce samedi deux très beaux matches, mais merci avant tout au Jay sans qui, à l'heure qu'il est, je n'aurais toujours pas vu de match de tennis 'en live'.
Mais reprenons tout ça depuis le début.
Episode 1: Le Départ
Samedi 1er novembre au matin donc , après une très courte nuit ( je m'étais couché à 3h du mat' après avoir participé au coup d'envoi du NaNoWriMo sur internet), j'émerge difficilement des brumes matinales. Je prend un petit déjeuner léger et fais une rapide toilette, la petite soeur devant passer me prendre à 8h15. Le rendez-vous chez LeJay était fixé à 8h30. Nous serons huit, nous partirons donc à deux voitures: celle du Jay et celle de Smoky ( pour preserver l'anonymat des personnes des pseudonymes seront utilisés dans cette chronique).
8h30, toujours personne. Zut, c'était pourtant bien la semaine dernière le changement d'heure! J'appelle le portable de la frangine, elle vient seulement de se mettre en route. Un petit quart d'heure plus tard mon portable sonne: ils sont là!
J'embarque, et nous voilà bientôt chez LeJay, prêts à nous confondre en excuses pour notre retard, mais nous nous rendons vite compte que nous ne sommes pas les derniers, Le pilote de la deuxième voiture n 'est toujours pas arrivé et ne répond pas au téléphone. Un peu nerveux , nous passons le temps autour d'une tasse de café. 9h15, Smoky arrive enfin. Il souffre depuis quelques jours d'une crève carabinée, et a mis plus d'une demi heure à sortir de son lit! LeJay lui fourni force médicaments, et nous nous partageons en deux équipages: la frangine , son mari , LeDams dans la voiture du Jay, un des frères du Jay, un de leurs amis et moi-même dans celle de Smoky.
Premier arrêt: la station service du supermarché local , il ne s'agirait pas de tomber en panne d'essence sur l'autoroute!
Enfin le départ réel est donné! à moins que... oui, LeJay s'arrête, sort de sa voiture et se porte à notre hauteur: les batteries du GPS rigolo de la petite soeur avec son imitation impayable de François Bayrou sont mortes. Il faut retourner chez LeJay pour prendre le sien.
10h00, cette fois c 'est vraiment parti.
Episode 2: Le Trajet
Le temps n 'est pas franchement au beau fixe. Une pluie légère tombe depuis mon réveil, et la température est totalement de saison , c 'est à dire assez fraîche. J'ai bien fait de prendre mon parapluie. Enfin le parapluie de ma copine qui , très intelligente, m'avait emprunté la mien la veille pour ne me laisser que le sien tout pourri!
Je profite du trajet pour m'avancer dans mes lectures. Mais voilà que la voiture ralentit. Serait-on déjà arrivés? non . LeJay a été contraint à l'arrêt suite à une alerte pipi dans sa voiture.
Nous nous arrêtons donc dans une aire de repos.
Le temps de prendre un café, pour les fumeurs d'en griller une , et c 'est reparti.
Nous voici en approche de Paris. Le trafic, fluide jusque là , se ralentit. Nous roulons au pas. Il nous faut presque autant de temps pour passer du périph' à la porte de Bercy que pour faire Lille-Paris! ( j'éxagère à peine!). Heureusement que nous sommes un jour férié!
Episode 3: à la recherche du parking perdu
Nous sortons du périph' et voyons se profiler devant nous les contours du POPB. Nous nous dirigons vers le parking , mais il fallait reserver à l'avance pour prétendre y entrer. Nous voila donc partis à la recherche d'un endroit où garer la voiture. Après avoir fait trois fois le tour du quartier, nous avisons l'entrée d'un parking souterrain et nous y engouffrons.
Nous sortons de la voiture, et nous mettons en quête d'une sortie. Bizarrement toutes les sorties "piétons" du parking sont fermées. Nous trouvons enfin une sortie de secours. Nous montons les escaliers, montons, montons encore, montons toujours! cet escalier n'a donc pas de fin? Nous arrivons enfin au bout de notre escalade, et ouvrons la porte. Nous somme sur le toit de l'immeuble, de l'autre côté, celui qui ne donne pas sur la rue. Nous nous engageons sur ce qui semble être une rampe pour les voitures , mais nous retrouvons face à une grille fermée. Nous tentons notre chance dans l'autre direction, même résultat. De plus, impossible de reprendre les escalier, la porte s 'est refermée derrière nous et elle ne s'ouvre que de l'intérieur!
Nous finissons par trouver une autre rampe qui descend au sous-sol, au bas de laquelle deux vigiles sont en train de discuter. Nous leur expliquons notre problème, apparemment ce genre de choses arrive souvent là pendant le week end. Ils nous ouvrent gentiment la grille et nous indiquent la direction du POPB.
Pendant ce temps, l'autre voiture a trouvé une place près de la gare de Lyon. Ils n'ont pas risqué les parkings souterrains eux!
La petite soeur m'appelle pour me dire où ils sont, un kebab en face du POPB où nous les rejoignons. Mes compagnons sont trempés de la tête aux pieds, et moi seulement aux pieds, mes chaussures ne sont pas étanches apparemment.
Episode 4: Première demi-finale
LeJay devait retrouver d'autres amis à Bercy , il nous laisse donc à notre frugal repas. Celui-ci fini, nous nous retrouvons dehors où nos billets nous sont enfin remis.
Larobase et son mari passent par l'accès handicapé tandis que nous faisons la queue avec les autres. Boudiou, y'a du monde! Nous les retrouvons à la porte des gradins. Nous entrons dans l'enceinte proprement dite du POPB et trouvons nos places. Nous sommes un peu excentrés, dans le coin gauche en face de la chaise d'arbitre, assez haut, mais avec une bonne visibilité.
Nous avons tout juste le temps de nous installer que, annoncés par le speaker le plus incompétent que j'ai jamais entendu, Nikolay Davydenko et David Nalbandian entrent sur le terrain pour la première demi-finale de la journée.
Le premier set est quasiment à sens unique. L'argentin, que certains moqueurs appellent "Nalbide" ou " Gras du bide", est en pleine forme. Il entame la partie sur les chapeaux de roue et mène rapidement 5-0 sans avoir l'air de forcer. D'ailleurs si on entend clairement Davydenko souffler et pousser des "han" à chaque fois qu'il frappe la balle, Nalby semble en promenade de santé. Malgré les encouragements du public qui voudrait bien en avoir pour son argent , le russe semble incapable de réagir. Les "Come on Nikolay!", "Alleeeez!" et autres coups de djembé n'y peuvent rien. C 'est à peine s'il marque 5 points en 5 jeux! Il sauve tout de même l'honneur en évitant la roue de vélo et s'incline 6-1.
Le deuxième set voit renaître le numéro 6 mondial, et d'entrée Nalbandian est en difficulté sur son service. Quelques jeux plus tard la situation s'inverse, et l'argentin prend une nouvelle fois le service du russe. On se dit que le match va tourner court, et je commence à me demander combien va me coûter la bière que je compte m'offrir pour patienter entre les deux matches, quand Davydenko débreake immédiatement. Le match s'équilibre. Davydenko sort des services de bucheron, de son côté Nalbandian reste solide, même s'il commet de plus en plus de fautes. Le public qui voit se profiler un troisième set renchérit dans ses encouragements pour le russe.
C 'est logiquement que Nalbandian perd son service, ce qui permet au russe de servir pour le set, qu'il remporte.
Le troisième set est très équilibré et de haute volée. Davy sert des boulets de canon , Nalby sort de superbes coups techniques. Une belle opposition de style. Davydenko semble prendre l'ascendant sur Nalbandian qui semble moins mobile, mais les coups de l'argentin restent d'une précision et d'une efficacité redoutable, et au moment où on l'attendait le moins c 'est lui qui breake le russe. Il ne lui reste alors plus qu'à garder son service pour emporter la match et gagner son ticket pour la finale.
Après une rapide "interview" par le speaker sus-mentionné, les joueurs quittent le court, et je quitte ma place.
Episode 5: Intermission
Je repère vite les toilettes à la longue file d'attente qui s'étend devant elles, et patiente en attendant mon tour. Ma petite affaire terminée , je me mets en quête d'un point de vente de boissons et joue des coudes pour accéder au comptoir. Il me faut encore attendre quelques minutes avant que le préposé aux boissons ne daigne prendre ma commande. Il me fait remarquer que les bières pression sont des 50 cl , comme si ça allait me faire peur! Ce qu'il oublie de me dire, par contre, c 'est le prix, ça ça m'aurait fait peur! Sept Euros!!! Heureusement qu'il me restait encore un peu de monaie!
Lorsque je regagne ma place, je me rends compte qu'entre les matches a lieu une espèce d'émission retransmise sur les écrans géants, animée par le plus nul des speakers sportifs. Franchement on s 'est dit qu'ils avaient dû le recruter en prenant le premier type qui leur tombait sous la main, sans doute un gars qui traînait autour du POPB en début de journée, c 'est pas possible autrement. Heureusement cette mascarade s'achève au moment où je regagne ma place , et le chauffeur de salle ( qui n 'est pas un foudre de guerre non plus) annonce l'entrée des joueurs, nous recommandant de faire bien du bruit pour Jo-Wilfried Tsonga, parce que c 'est super d'avoir un français en finale ( et l'autre joueur on le hue c 'est ça?). Heureusement que j'aime beaucoup ce joueur, car ce genre de manifestation de chauvinisme a le don de me braquer. C 'est à devenir anti-français parfois! De toute façon le public français est déjà assez chauvin comme ça , et les qualités intrinsèques du joueur méritent amplement qu'on l'ovationne.
Encore un emploi fictif moi je vous dis!
Episode 6: Deuxième demi-finale
Après de nouvelles banalités affligeantes prononcées pendant l'échauffement des joueurs le gnome se tait et le spectacle peut enfin commencer.
L'ambiance est logiquement plus chaude que pendant la première demi-finale, et est même parfois dérangeante. Le chauvinisme légendaires des français s'illustre une nouvelle fois. On applaudit à tout rompre dès que Jo marque un point ( même sur une faute de l'adversaire), Djembé-man ponctue chaque point, s'auto-intronisant meneur de claque, et chacun y va de sa sonnerie de torrero histoire de bien se faire remarquer. Surtout les deux ou trois blaireaux derrière nous.
Le match tourne vite à l'avantage de Jo. Les joueurs sont tous deux de gros serveurs, et les premières balles dépassent presque toutes les 200 km/h. Les aces pleuvent, surtout pour Tsonga qui prend son adversaire à la gorge. Blake a pourtant un jeu séduisant: un bon service, un bon coup droit, un joli revers à une main, mais il est clairement un ton en dessous aujourd'hui, et prête trop vite le flanc aux attaques du français. Dès le 3è jeu c 'est le break. Il arrivera à en éviter d'autres, mais ne parviendra jamais à refaire son retard et s'incline logiquement.
Le deuxième set est une copie conforme du premier, malgré de belles tentatives de Blake pour tenter de revenir dans le match , mais il n'est clairement pas dans un bon jour , alors que Jo péte le feu. Break d'entrée. Je commence à me demander ce qui va durer le plus longtemps, du match ou de ma bière ( à sept euros je la fais durer, vous pensez bien!). Finalement c 'est le match qui se termine en premier. Jo sautille comme un cabri sur le court, visiblement très heureux. L'emploi fictif vient lui poser des questions d'un interêt proche du zéro absolu, mais tout le monde est content d'entendre le français dire toute l'affection qu'il porte à ce tournoi et à ce public, qui du coup exulte.
Episode 7: Demi-finales de double
Deuxième pause pipi ( un demi-litre de bière ça pèse sur la vessie!) et je reviens pour les demi-finales de double.
Les rangs se sont clairsemés, le public se déplaçant en majorité pour les matches de simple.
La première demi-finale de double oppose une paire Polonaise à deux sud-africains. l'affaire est vite entendue, les hommes de l'hémisphère sud prenant rapidement l'avantage, tandis que les blaireaux dont je parlais plus haut se font remarquer ( ou davantage remarquer plutôt , puisqu'il y a moins de monde).
Et vas-y que je me lance dans une trompette de torrero, et vas-y que je gueule les noms des joueurs que je ne connais pas, en les écorchant au passage, et le pire c 'est qu'ils sont fiers d'eux ( "ouah! comment on met le feu!").
Pour la deuxième demi-finale nous décidons de changer de place, n'en pouvant supporter davantage. Les places libres étant désormais légion, nous pouvons nous rapprocher du court pour assister au match des français Clément/ Llodra contre Bjorkman et le "Zimbabwe" ( toujours selon le speaker!) Ullyet.
De près c 'est encore plus impressionnant. La distance aténue la vitesse des balles. De là où je suis placé pour ce dernier match je mesure véritablement l'exploit des joueurs qui arrivent , non seulement à être sur la trajectoire des services, mais en plus à les renvoyer, parfois plus vite qu'il ne sont arrivés.
Ce match aussi tourne très vite court, la paire française étant rapidement débordée, et s'inclinant en deux sets.
A cette occasion j'ai découvert un point de réglement que je ne connaissais pas, d'autant que je regarde rarement des matches de doubles à la télé; lorsqu'on arrive à 40/40 , c 'est la première paire qui marque qui remporte le jeu, il n'y a pas le système égalité/ avantage qui existe en simple ( ou dans les doubles de grand chelem). LeJay m'a dit aussi qu'en cas d'égalité à une manche partout il n'y avait pas de troisième set, mais un "super tie break", où la première paire arrivée à quinze points remportait le match.
Une décision des autorités tennistiques que je comprend sans pour autant l'approuver. Le public étant moins friand de doubles que de simples, il faut que ces matches se terminent le plus vite possible, déjà que comme ça il n'y avait plus grand monde à la fin. Tout de même, je trouve très peu élégant de traiter des joueurs qui , s'ils sont très loin au classement individuel, n'en sont pas moins des professionnels méritants, comme la cinquième roue du carosse.
Episode 8: Le retour
Il est déjà presque 22h lorsque nous sortons avec LeDave par l'ascenceur, longeons les cuisines, passons à côté d'une grande salle où se déroule un dîner, passons à côté de la voiture qui sera remise au vainqueur et atteignons enfin l'air libre.
La pluie a cessé, c 'est déjà ça. Nous nous tâtons: mangeons-nous sur Paris ou rentrons-nous directement? La majorité tranche pour le retour immédiat, et nous nous élançons dans la nuit en direction de nos véhicules. Enfin presque. Voulant couper au plus court notre équipage finit par faire un détour de plusieurs blocs avant de retomber sur ses traces. Cette fois nous ne nous embarrassons pas d'entrée ou de sortie de secours et entrons à pied par l'entrée voitures.
La circulation à cette heure de la soirée est assez fluide et nous sortons vite de la capitale. Il nous reste deux bonnes heures et demi avant de retrouver Lille, et tout le monde est fatigué. Les passagers à l'arrière se font vite silencieux. Smoky et moi parlons de tout et de rien afin de tromper l'ennui et surtout d'éviter qu'il ne s'endorme.
A l'approche de Lille, un message de Larobase m'informe que l'autre équipage s 'est arrêté à un Kebab où nous les rejoignons quelques minutes plus tard.
Nous faisons emballer les victuailles que nous emmenons chez LeJay où nous partageons un dernier repas avant de regagner nos pénates vers une heure du matin.